Industrie automobile : les enjeux du taux d’intégration

Industrie automobile : les enjeux du taux d’intégration

La filière automobile est devenue le fleuron du secteur industriel marocain. L’un de ses principaux objectifs est de développer le taux d’intégration.

La branche automobile affiche actuellement un taux d’intégration de 69% et vise à l’horizon 2030 les 80%. De nombreux équipementiers nationaux et étrangers intéressés par les opportunités d’investissements ont lancé des projets importants. Certaines filières inexistantes auparavant au Royaume ont vu le jour. Alors que d’autres nécessitant un niveau technologique très élevé ou des investissements lourds ne peuvent être lancées sans la présence d’une certaine taille de production. Parmi les filières à développer pour augmenter le taux d’intégration, figurent l’industrie de la peinture automobile, les pneumatiques, les produits plastiques, la tôle nue ou galvanisée et les parechocs. Concernant l’intérieur des véhicules, il y a les ceintures de sécurité, le cuir, le textile, le moussage ou les pièces en chrome. Pour les freins, on note les étires et les disques.

Au niveau des composants moteur, il y a par exemple les carters d’huile, les soupapes ou les segments. L’activité des semi-conducteurs est l’une des filières les plus intéressantes pour l’industrie automobile nationale. Son développement devrait donner une forte impulsion au secteur. La rareté des pièces enregistrée lors de la guerre en Ukraine a montré son intérêt. Au Maroc, la filière est en train de changer de physionomie. La logique industrielle de l’activité était basée sur le principe du low-cost. Elle était plus concentrée dans l’assemblage et la construction de certains éléments basiques pour la voiture. Mais depuis un certain temps, la stratégie a été orientée vers le «bestcost», pour atteindre un certain niveau de maturité qui lui permet d’aller encore plus loin et de se projeter vers de nouveaux horizons. «Le développement d’un écosystème bien structuré est le garant d’un essor pérenne de l’industrie automobile.

L’Etat n’a ménagé aucun effort pour accompagner le secteur à travers l’installation de plateformes dédiées disposant de tous les éléments nécessaires, surtout au niveau logistique. Le lancement du port de Tanger Med, doté d’un terminal spécialisé, a permis de faciliter les exportations. Le gouvernement a également initié une politique volontariste pour former, en partenariat avec les opérateurs, des ressources humaines qualifiées. Pratiquement, le Maroc dispose de la quasi-totalité des profils nécessaires dont ont besoin les constructeurs, les équipementiers et les sous-traitants dans le secteur automobile. Avec la production de nouveaux types de voitures, notamment les véhicules électriques, hybrides ou à hydrogène, la filière a besoin d’investir d’autres niches qui devront à coup sûr augmenter le niveau d’intégration de l’activité», affirme Youssef Idrissi, professeur d’économie industrielle à l’université Hassan II de Casablanca.

«Pour consolider sa position actuelle dans l’industrie automobile, le Royaume doit capitaliser sur les éléments qui ont fait son succès, dont notamment sa stabilité politique et économique, la disponibilité d’une main-d’œuvre compétitive et à bon marché et un environnement des affaires favorable. La proximité géographique avec les marchés et les donneurs d’ordre est aussi un avantage important. Il ne faut pas oublier que les investisseurs ont besoin de visibilité pour leurs projets, car ces derniers nécessitent des capitaux importants à mobiliser. La plupart des équipementiers sont des filiales d’entreprise de renom mondial, qui approvisionnent non seulement le marché local, mais aussi international», ajoute Idrissi. Dans un autre registre, les véhicules dits «verts» sont les plus sollicités sur les marchés mondiaux de l’automobile. Et pour satisfaire la demande, ce segment bénéficie de soutien et de subventions aussi bien à la production qu’à la consommation. Des régions comme l’Union européenne, la Chine et le Japon se sont fixé des dates limites pour mettre fin à la production de voitures à motorisation thermique. Le Maroc, quant à lui, a la possibilité d’investir les opportunités qu’offre ce segment.

 

 

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