Industrie aéronautique : Le Maroc se prépare pour les nouvelles chaînes de valeur

Industrie aéronautique: le Maroc se prépare pour les nouvelles chaînes de valeur


◆ Capter les activités que les multinationales de l’aéronautique souhaitent délocaliser suggère un renforcement des compétences humaines.


Par B. Chaou


La crise actuelle a poussé les multinationales à entamer la réflexion sur les opportunités de délocalisation d’une partie de leurs activités des pays d’Asie notamment vers d’autres pays plus accessibles stratégiquement, et dans lesquels le coût de la maind’œuvre demeure «abordable».

Plusieurs secteurs sont concernés par ce chamboulement des chaînes de valeur, dont celui de l’aéronautique où les constructeurs mondiaux, fortement touchés par la crise, ont été contraints de fermer plusieurs de leurs sites à l’échelle internationale. Les experts disent s’attendre à une massive relocalisation ou délocalisation des sites fermés, ou même ceux toujours opérationnels pour de multiples raisons politico-stratégiques. Au milieu de tout cela, le Maroc a exprimé son souhait de vouloir faire partie de la chaîne de valeur industrielle de demain, et espère récupérer certaines de ces activités dans le secteur de l’aéronautique.

Le capital humain d’abord

Fortifier sa présence au niveau international ne repose pas uniquement sur les plateformes nécessaires pour accueillir les entreprises étrangères. En effet, l’industrie aéronautique marocaine se situe dans une chaîne de valeur mondialisée se basant sur les technologies les plus avancées, et qui exige une main-d’œuvre fortement qualifiée. C’est là tout le défi pour le Maroc, car les multinationales issues de divers secteurs qui s’implantent dans le Royaume ont, dans certains cas, du mal à trouver un capital humain assez qualifié et se retrouvent dans l’obligation d’aller recruter des étrangers. Même si pour l’aéronautique au Maroc la majorité des profils convoités par les entreprises concerne en grande partie des techniciens, il ne faudrait pas sous-estimer l’importance de cette catégorie de travailleurs, surtout pour ce secteur très pointu, impliquant le respect de plusieurs normes internationales et dont les procédés technologiques seront amenés à changer dans les prochaines années.

Selon les professionnels, cette nouvelle perspective serait déjà prise en compte par le secteur au Maroc. «Le Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS) inscrit sa stratégie dans le cadre des perspectives d’évolution des métiers pour le secteur aéronautique au Maroc, qui sont identifiées. Dans la définition des parcours d’acquisition de nouvelles compétences axées sur l’emploi, l’IMA a notamment pris en compte cette perspective de transformation des métiers de l’aéronautique pour l’industrie 4.0 et également d’ouverture vers les nouvelles technologies», nous explique Hamid Benbrahim El Andaloussi, président de l’Institut des métiers de l’aéronautique (IMA).

«Nous poursuivons ainsi actuellement un double objectif, qui est de préparer le rebond du secteur aéronautique dans les 2 années à venir et d’habiliter des talents dans des nouvelles technologies que le Maroc devrait capter dans le cadre de la relocalisation en zone européenne de certaines industries, notamment celles du domaine de la santé», ajoute-t-il.

Il faut savoir que l’IMA est issu d’un partenariat entre l’Etat, propriétaire des locaux et des équipements, et les industriels du secteur. Ces derniers ont la charge de la stratégie de formation et le pilotage de l’Institut, via son Conseil d’administration, grâce à une convention de gestion pour compte signée entre l’Etat et le GIMAS. Le modèle de fonctionnement de l’IMA passe donc par la construction d’un cursus de formation «sur-mesure», adapté aux besoins en compétences de chaque industriel du secteur aéronautique, selon les explications de Hamid Benbrahim El Andaloussi. Cette manière de faire aiderait à bénéficier de la confiance des avionneurs et équipementiers, et permettrait de faire «atterrir» plus d’entreprises sur le sol marocain. Il s’agit aussi pour le Maroc d’être attentif aux nouvelles technologies et nouveaux process de fabrication. Si le Maroc accorde de l’importance à la formation du capital humain au sein du secteur aéronautique, il devra néanmoins renforcer ses compétences s’il veut capter davantage d’activités issues de la délocalisation. 

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