Dans son ensemble, l’industrie alimentaire au Maroc demeure un système productif fragile à faible valeur ajoutée. Les faibles taux d’investissement et le retard technologique, la sous-qualification du capital humain et la mauvaise organisation, le manque d’innovation et la faiblesse de la qualité, continuent à caractériser l’évolution de cette industrie qui est censée tirer l’économie vers le haut.
«En effet, si au niveau de plusieurs branches quelques entreprises généralement mieux intégrées, ou filiales de multinationales, affichent de bons résultats, les performances du secteur demeurent limitées», explique un responsable de la FICOPAM.
Et pour cause : les pratiques protectionnistes de l’Union européenne, qui constitue notre principal marché extérieur, ajoutées à la faiblesse de la qualité de nos produits et au niveau élevé de nos coûts de production. L’ensemble de ces éléments est responsable du recul de la compétitivité externe des entreprises nationales.
Les barrières non tarifaires : un véritable écueil
Afin de consolider son intégration dans l’économie mondiale, le Maroc a poursuivi, au cours de la dernière décennie, un ensemble de réformes qui ont pour principal dessein l’amélioration de la compétitivité nationale. Mieux encore, le Maroc a continué à libéraliser son régime commercial avec la conclusion de nouveaux accords commerciaux et des réductions tarifaires unilatérales. En 2008, 65% des importations et 79% des exportations marocaines ont été effectués avec les pays avec lesquels le Maroc a conclu des accords de libre-échange.
L’accord de libre-échange entre le Maroc et l’UE, entré en vigueur depuis le 1er mars 2000, a été conclu dans le cadre du partenariat euro-méditérranéen lancé en novembre 1995. Bien qu’il soit porteur d’opportunités, l’évolution des exportations agricoles vers l’Union européenne est restée bloquée pendant plusieurs années par les obstacles tarifaires et non tarifaires liés aux mécanismes de la Politique Agricole Commune. Actuellement, les importations de produits agricoles marocains par l’UE sont soumises à un contingent tarifaire, à droits de douane nul ou réduit, avec ou sans calendrier d’exportation et prix d’entrée. L’accord prévoit également l’amélioration des préférences en faveur du Maroc pour un certain nombre de produits agricoles. A l’horizon 2012, l’accord Maroc-UE prévoit l’élimination progressive de tous les droits de douane et taxes d’effet équivalent pour les produits originaires de l’UE.
En dépit de l’absence d’une libéralisation totale, on remarque que les conditions d’accès au marché marocain pour le blé, l’huile d’olive, les pommes et le concentré de tomate de l’UE, ont été améliorées. Le solde commercial de l’UE par rapport au Maroc est excédentaire en faveur des Européens, avec
14 milliards d’euros d’exportations, contre 8 Mds d’importations en moyenne sur les trois dernières années. Pour un accord comme celui de l’Oncle Sam, on remarque que depuis son entrée en vigueur en janvier 2006, les échanges commerciaux bilatéraux entre le Maroc et les USA ont doublé entre 2006 et 2008. Ils sont passés de 11,7 à 22,7 Mds de DH. Toutefois, il est à noter que l’élimination des droits de douane n’a que peu favorisé les exportations marocaines vers l’Amérique eu égard aux obstacles sanitaires et phytosanitaires imposées par ce pays. Face à cette situation, les opérateurs sont exhortés à mettre en place les mesures nécessaires pour répondre aux exigences sanitaires du marché américain. Ils sont même appelés à adapter la qualité des produits aux spécificités du marché américain. Aussi, les frais de prospection et l’importance du coût de fret aérien ne font que grever la compétitivité des produits marocains sur le marché américain. Contrairement aux accords négociés avec l’Union européenne et les Etats-Unis, celui d’Agadir n’a pas clairement approfondi le volet agricole. Et pourtant, ces pays possèdent un niveau concurrentiel considérable dans la filière agroalimentaire.
Signé le 7 avril 2004 à Ankara et entré en vigueur le 1er janvier 2006, l’accord de libre-échange avec la Turquie a été conclu dans le cadre du renforcement du processus euro-méditerranéen d’intégration régionale. La situation actuelle fait montre que les échanges des produits agricoles transformés sont loin d’atteindre les effets escomptés. En effet, les concessions tarifaires concernent un nombre limité de produits et consistent essentiellement en des réductions des droits de douane dans le cadre des contingents.
Enfin, l’accord de libre-échange avec les Emirats Arabes Unis a prévu l’exonération totale des droits de douane pour tous les produits échangés entre le Maroc et les EAU, et ce à partir de janvier 2005.
Pris globalement, on remarque que les accords de libre-échange signés par le Maroc en vue d’une meilleure intégration de l’économie marocaine sont loin d’atteindre les objectifs arrêtés.
Ils sont loin de réduire notre dépendance du marché européen qui continue à être notre principal débouché et qui absorbe 70% de nos exportations.
Aujourd’hui, une ouverture progressive sur le marché africain se profile à l’horizon. Elle constitue l’une des priorités majeures de la nouvelle stratégie de promotion des exportations. Le Maroc doit jouer le tout pour le tout afin de réussir un tel pari en vue de saisir convenablement les opportunités qui s’offrent aussi bien sur le plan régional qu’international.
Aussi, la concurrence acharnée que subit le Maroc de la part d’autres pays tels que l’Espagne, la Turquie, la Tunisie… le pousse à faire preuve d’innovation et à faire de l’amélioration de la qualité son principal credo.
S. E.