Espoir mais aussi attentisme prévalent aujourd’hui dans l’immobilier.
La période estivale est propice pour l’investissement dans ce secteur.
Entretien avec Amine Mernissi, expert en immobilier.
Propos recueillis par C. Jaidani
Finances News Hebdo : Comment se présente la situation du secteur immobilier actuellement et quelles sont les perspectives pour le reste de l’année et pour 2024 ?
Amine Mernissi : Vous remarquerez que le secteur de l’immobilier au Maroc est toujours en attente de quelque chose… Si ce n’est pas d’une décision de relance d’un programme gouvernemental, c’est de la crainte d’une nouvelle hausse du taux directeur et de ses conséquences sur le marché. L’attentisme, qui n’est donc pas un phénomène nouveau, est de mise encore une fois. La lueur d’espoir, ce sont les annonces (mi-formelles, mi-informelles) d’aides directes qui seront octroyées aux acquéreurs d’un logement social à 300.000 DH et d’un logement pour la classe moyenne dont le prix n’excède pas 700.000 DH. On parle d’une aide directe à l’acquéreur entre 50.000 DH et 70.000 DH. Ce qui n’est pas négligeable. Reste à communiquer officiellement sur ce dispositif et à en décliner tous les mécanismes, dont l’opérationnalité est prévue pour 2024. On espère toutefois être fixé avant cette date, car l’acquisition et la commercialisation des biens que j’ai mentionnés plus haut pourront se faire dès à présent, même si les aides ne pourront, quant à elles, être débloquées qu’à partir de 2024. Espoir mais aussi attentisme prévalent aujourd’hui.
F.N.H. : En cette période estivale, le retour des MRE peut-il donner une certaine bouffée d’oxygène au secteur ?
A. M. : Tout à fait. La période estivale a depuis toujours été propice à l’investissement immobilier des MRE de retour au pays. Cette bouffée d’oxygène est plus que vitale pour un secteur en proie à un marasme depuis plusieurs mois. Cela dit, les promoteurs immobiliers ont toujours su anticiper cette saison en s’y préparant, notamment à travers la mise sur le marché d’offres spéciales ou de lancement de nouveaux projets, avec un dénominateur commun : «saisir l’opportunité du moment». Rappelons toutefois que cette dynamique intéresse également nos nationaux qui, saison estivale oblige, ont tendance à privilégier un investissement immobilier balnéaire.
F.N.H. : Face à la hausse des prix, les promoteurs privilégient de plus en plus des logements avec de petites superficies comme les studios. Cela laisse présager que le marché immobilier dans les grandes villes a tendance à se rapprocher du modèle européen. Partagez-vous cette idée ?
A. M. : C’est vrai que dans les grandes villes, les studios et les 2 pièces salon sont prisés. Leur prix se situant dans une tranche entre 500.000 DH et 1,2 MDH, ils forment le plus gros de la demande solvable. A noter également que les superficies se sont resserrées pour aller de 80 m2 à 40 m2 . Cette tendance va dans le même sens que ce qui existe déjà dans de grandes métropoles européennes, avec cependant des niveaux de prix beaucoup plus élevés. Mais ce qui est valable pour Casablanca ou une autre grande ville marocaine, n’est qu’une réalité du marché parmi d’autres. Il ne faut pas généraliser.
F.N.H. : Comment jugez-vous l’impact de la hausse des taux d’intérêt sur le secteur ?
A. M. : Une hausse des taux d’intérêt n’est jamais une bonne nouvelle pour le marché. Cela dit, il semble que les autorités monétaires aient marqué une pause après trois relèvements successifs du taux directeur. A ce jour, la hausse des taux d’intérêt pour les crédits emprunteurs a été relativement contenue. On craignait le pire… Cela dit, d’un point de vue socioéconomique, la hausse généralisée des prix conjuguée à la baisse généralisée du pouvoir d’achat ont lourdement impacté l’écosystème immobilier dans sa globalité. La pause actuelle de la hausse des taux d’intérêt est certes salutaire, mais l’épée de Damoclès est toujours là…