Immobilier : l’État relance son offensive contre les bidonvilles

Immobilier : l’État relance son offensive contre les bidonvilles

Un vaste programme de relogement, porté par la ministre Fatima Ezzahra El Mansouri, prévoit de subventionner 120.000 familles. Mais derrière les annonces, des obstacles persistent : réticence des promoteurs, foncier rare, faible engagement des bénéficiaires...

 

Par Y. Seddik

Lancé en 2004, le programme national «Villes sans bidonvilles» a permis à des centaines de milliers de familles marocaines d’avoir un logement décent. Toutefois, l'éradication totale des bidonvilles reste toujours un défi de taille. Aujourd'hui, l'État, plus déterminé que jamais, dévoile un nouveau plan d'action pour reloger 120.000 familles. Cette initiative, véritable bouffée d'oxygène pour les populations concernées, suscite également un regain d'intérêt des investisseurs pour le secteur immobilier. Selon les derniers chiffres annoncés par Fatima Ezzahra El Mansouri, ministre de l'Aménagement du territoire national, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la ville, quelque 347.277 familles ont bénéficié du programme national «Villes sans bidonvilles», pour une enveloppe globale de 45,7 milliards de dirhams, à fin juin 2024.

Devant la commission de l'Intérieur au Parlement, la ministre a fait savoir que son département a développé un nouveau plan d'action portant sur un programme quinquennal (2024-2028) pour éliminer les bidonvilles restants et permettre à leurs habitants d'accéder à un logement décent (environ 120.000 familles étant concernées). Ce programme doit connaître une nouvelle dynamique, en profitant de l'apport des aides au logement lancées cette année.

«Les familles seront ainsi relogées dans des appartements dont le coût maximal est fixé à 300.000 dirhams par unité, avec une contribution de 100.000 dirhams de l'État dans le cadre de l'aide au logement, une subvention du ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la ville et une contribution forfaitaire du bénéficiaire de 100.000 DH», a-t-elle révélé.

À noter qu'une première expérience a été mise en place dans la région de Casablanca, ciblant plus de 50.000 logements en début d'année, mais elle a été confrontée à une faiblesse de l'offre, les promoteurs immobiliers n'ayant pas le foncier nécessaire pour répondre à toute la demande exprimée dans l'appel à manifestation d'intérêt. Loger au lieu de reloger Selon la ministre, le programme quinquennal privilégie le logement au relogement, en tant que nouvelle approche d'intervention en raison de la rareté du foncier et de l'existence de lacunes dans la gestion de la phase postrelogement, ainsi que des problèmes et difficultés liés à l'autoconstruction des terrains dédiés au relogement.

Le programme repose également sur l'établissement des modalités nécessaires pour utiliser les unités réalisées par les promoteurs immobiliers publics et privés, en plus de l'adoption du programme d'aide directe au logement comme mécanisme financier pour accélérer le traitement des logements insalubres. Selon nos informations, l'une des raisons qui pousse les promoteurs à ne pas s'engager pleinement dans ce programme, est le faible engouement des acheteurs. Un constat confirmé par la ministre : «il y a un faible engagement des familles bénéficiaires concernant les opérations de logement réalisées, ce qui retarde le processus de relogement».

Elle a également évoqué les différentes lacunes entravant le bon contrôle du programme «Villes sans bidonvilles», à savoir la problématique de l'identification des bénéficiaires, l'absence de critères d'éligibilité unifiés, la problématique de la régularisation du foncier et de son exploitation rationnelle, ainsi que l'absence d'approches intégrées incluant, en plus du logement, la mise en place d'infrastructures publiques et de services publics essentiels.

Les données contenues dans la présentation font aussi ressortir une accélération du rythme d'amélioration des conditions de logement de quelque 44.000 familles au cours de l'actuel mandat gouvernemental, avec un taux de traitement annuel de 290%, passant ainsi de 6.200 familles par an entre 2018 et 2021 à 18.000 familles au cours des deux dernières années et demie. À cet égard, El Mansouri a affirmé que «le ministère œuvre pour réduire la prolifération des bidonvilles», soulignant que «le taux d'augmentation a diminué de 10.400 familles par an entre 2012 et 2021, à 6.500 familles par an durant l'actuel mandat gouvernemental, soit une baisse de 48%».. 

 

 

 

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