Hausse des prix: l’inflation fait des ravages parmi les plus pauvres

Hausse des prix: l’inflation fait des ravages parmi les plus pauvres

L’inflation est un impôt pour les pauvres et une prime pour les riches. Cette célèbre citation, souvent attribuée à François Mitterrand, sous-entend que la hausse des prix touche davantage les revenus modestes.

Des travaux du FMI confirment le caractère progressif de l’inflation au Maroc. Elle peut atteindre et dépasser les 10% pour les plus pauvres.

 

Par A. Hlimi

Le FMI confirme ce constat pour le Maroc dans son dernier rapport relatif aux travaux du livre IV publié cette semaine : «l'inflation annuelle effective moyenne pour les cinq quintiles de revenu inférieurs était d'environ 10,4% par rapport à l'augmentation de 8,3% de l'indice global des prix à la consommation». Pour arriver à ce constat inédit, les économistes du Fonds ont analysé l'impact de l'inflation sur les ménages marocains à l'aide de l'enquête auprès des ménages du Maroc de 2019 - élaborée par l'Observatoire national du développement humain (ONDH) du Maroc - et des indices détaillés des prix à la consommation à 4 chiffres construits par le HCP.

Les résultats montrent, en plus du chiffre de l’inflation annuelle à plus de 10% pour les plus pauvres, qu'en septembre 2022, le taux d'inflation annuel effectif pour les trois quintiles de revenu inférieurs était d'environ 2 à 3% supérieur à celui du quintile supérieur. Par ailleurs, la différenciation des catégories entre alimentaire et non-alimentaire révèle des hétérogénéités importantes : le taux effectif d'inflation alimentaire décroît de manière linéaire avec le revenu, reflétant la part relativement plus élevée des aliments (en particulier les légumes) dans le panier de consommation des ménages à faible revenu.

En moyenne, l'inflation alimentaire effective pour les trois quintiles inférieurs était supérieure d'environ 5% à celle du quintile supérieur. En revanche, le taux d'inflation effectif non alimentaire augmente de manière linéaire avec le revenu. Cela reflète principalement la part relativement plus élevée des dépenses liées à «l'utilisation de véhicules personnels» dans le panier de consommation des ménages à revenu élevé, dont le prix intérieur a reflété les effets de transmission de la hausse des prix internationaux du pétrole.

 

Inflation et inflation ressentie

Cette étude vient nous rappeler que l'augmentation de l'indice global des prix à la consommation peut ne pas refléter avec précision les effets de l'inflation sur tous les ménages marocains. Les paniers de consommation varient d'un pays à l'autre, en grande partie en fonction de leurs revenus. Étant donné que les taux d'inflation varient considérablement d'un élément à l'autre des paniers, différents ménages peuvent être touchés très différemment.

C’est d’ailleurs pour cela que les chiffres de l’inflation provoquent souvent des frustrations chez les citoyens, qui vont rapidement rechercher des explications dans des théories à la marge. En réalité, c’est la notion même de panier qui cause cette asymétrie d’interprétations. Au-delà des interprétations, cette étude vient confirmer le constat de propagation de l’inflation aux biens non importés que redoute Bank Al-Maghrib. Tout comme la Banque centrale, l’institution de Bretton Woods estime qu’il faudra rester sévère en matière de politique monétaire. Selon les services du FMI, «ramener l'inflation à environ 2% d'ici fin 2024 (comme prévu actuellement dans le scénario central) nécessitera de nouvelles augmentations du taux directeur, rapprochant ainsi le taux directeur réel ex-ante (actuellement à des valeurs négatives) du taux d'intérêt réel neutre (estimé entre 1 et 2%)».

 

Méthodologie
Pour mener son étude, le FMI a procédé en trois étapes. Premièrement, les données sur le revenu de l'enquête du HCP sont utilisées pour classer chaque ménage dans différents quintiles selon leurs revenus. Deuxièmement, les données détaillées de l'enquête sur les dépenses d'environ 1.300 articles de consommation, regroupées en 27 catégories de dépenses, 11 aliments et 16 non alimentaires, sont utilisées pour calculer les parts des dépenses sur différents articles de consommation par quintile de revenus. Troisièmement, les 27 catégories de dépenses sont mises en correspondance avec les indices des prix à la consommation à 4 chiffres.

 

 

 

 

 

 

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