Les professionnels du secteur franchise et commerces sollicitent le soutien du gouvernement pour s’en sortir et éviter des faillites en chaîne pour la période d’après-confinement.
Par A.H
La Fédération marocaine de la franchise (FMF) monte au créneau pour solliciter l’aide du gouvernement. Contacté par Finances News hebdo, son président, Mohamed El Fane, dresse un panorama lugubre du secteur. «La grande majorité des enseignes de commerce en réseau qui sont concernées par la fermeture administrative liée à l’état d’urgence sanitaire agonisent à cause de l’absence de chiffre d’affaires et le maintien de certaines charges», déplore-t-il. Ces dernières sont soit décaissées immédiatement (salaires, loyers, frais de services...), malgré la période de confinement, soit reportées pour des échéances à venir (impôts, taxes...).
«Les différentes mesures prises tant au niveau social que financier au profit des entreprises sont louables et appréciables. Elles incarnent une prise de position irréprochable, présentée comme un exemple au niveau international, mais elles doivent être renforcées, surtout face à l’étendue des dégâts matériels et immatériels qui ont touché le secteur», affirme la FMF.
La baisse d’activité des franchises et commerces est évaluée à près de 90% du chiffre d’affaires, voire l’arrêt total de toute activité. «Cette tension quotidienne que vivent certaines enseignes, a déjà conduit plusieurs d’entre elles à déclarer l’arrêt d’activité et mettre leur personnel en chômage partiel», déclare El Fane.
Demande de soutien
Face à ce contexte de grande crise, le comité exécutif de la FMF, porte-parole des acteurs du secteur, en appelle aux instances gouvernementales, sollicitant leur appui face aux problématiques et enjeux auxquels font face les acteurs privés d’un secteur des plus pourvoyeurs d’emploi au Maroc.
Un secteur qui subit aujourd’hui de plein fouet les effets et répercussions de cette conjoncture. «Nous estimons que de nouvelles mesures financières doivent être prises ou adaptées à notre secteur pour éviter les fermetures définitives et des faillites en chaîne pour la période d’après-confinement», précise EL Fane. «Nous préconisons en ce sens des mesures économiques solides et efficaces et sollicitons les départements concernés pour plus d’actions solidaires avec les acteurs privés, en vue de surmonter ensemble ce cas de force majeure».
Pour rappel, le secteur de la franchise compte 75 marques au Maroc adhérentes à l'association avec 650 points de vente, employant 15.000 salariés. Le chiffre d'affaires annuel global réalisé par ces entreprises tourne autour de 4 Mds de dirhams. ◆
10 mesures pour s’en sortir
La FMF qui suit de très près l’évolution de la situation, propose quelques recommandations qui pourraient contribuer à la survie de ses entreprises et au maintien de leur activité et de leur valeur ajoutée :
1- Exonération des engagements fiscaux IS, IR, taxe professionnelle… pour 6 mois à partir du mois de mars, sous réserve que l’activité des enseignes reprenne après la fin du confinement (à la date appliquée par le gouvernement).
2- Mise en place d’une commission qui aura pour rôle de contrôler l’inflation des prix des matières premières (PostCovid-19) et l’implication de la FMF dans cette commission afin de lui permettre de suivre de près l’évolution des prix pour le secteur. Cette commission pourrait être renforcée à travers la création d’une solution digitale, accessible à tous les professionnels.
3- Mise en place d’un programme d’aides et de subventions pour les secteurs les plus touchés à hauteur du chiffre d’affaires déclaré.
4- Suspension des décisions exécutoires en cours, prononcées par les tribunaux du Maroc envers les PME concernées, jusqu’à reprise et stabilité de l’économie nationale.
5- Annulation des paiements des loyers (centre commerciaux, commerces de proximité) et procédures de recouvrement.
6- Reconsidération du taux du crédit Damane Oxygène (fixé à 4%) et la mise en place d’un taux situé entre 0 et 1% (comme fixé dans d’autres pays).
7- Prévoir une indemnité pour les entrepreneurs actuellement en cessation d’activité ou l’octroi de crédits à la consommation à 0%.
8- Coordination avec l’OFPPT pour la nécessité de prise en charge des formations digitalisées online ou offline.
9- Mise en place et financement d’un programme dédié à la promotion et l’accompagnement des projets de digitalisation, pour une meilleure adaptation aux tendances nationales et internationales.
10- Mise en place d’un plan de communication, de médiation et de sensibilisation «employé / employeur» afin d’installer une atmosphère de confiance et permettre aux structures et aux employés de traverser cette crise, dans l’union, l’entraide et la compréhension.