Si l’organisation d’une Coupe du monde génère une multitude d’eff ets positifs sur le football et l’économie locale, son coût reste un défi majeur. Une approche stratégique, intégrant une vision à long terme et une diversifi cation des usages des infrastructures, pourrait permettre d’optimiser les bénéfi ces tout en limitant les «éléphants blancs».
Une récente étude réalisée en 2022 s’est penchée sur les effets des grands événements de football (Coupes du monde et Championnats d’Europe) sur l’affluence dans les stades des clubs professionnels des pays hôtes. En analysant les données depuis la Coupe du monde 1966 et en comparant la fréquentation des stades sur une période de cinq ans avant et après ces événements, l’étude révèle une augmentation moyenne de 15 à 25% pour les clubs de première et deuxième divisions, indépendamment du fait que les villes aient accueilli les matchs ou non.
Cette croissance est attribuée à plusieurs facteurs, indique la banque d’affaires Atlas Capital qui s’est penchée sur cette étude dans un brief à ses clients sur les impacts du Mondial : Il s’agit de la forte médiatisation de ces compétitions, les investissements massifs en marketing et merchandising, l’agrandissement et la modernisation des stades, ainsi que l’amélioration des moyens de transport. En conséquence, les acteurs économiques du football ont tout intérêt à obtenir l’organisation de tels événements.
Une balance coût-avantage incertaine
Cependant, il reste à évaluer si cette hausse de fréquentation compense les coûts d’organisation d’une Coupe du monde. Prenons l’exemple de l’édition de 2014 au Brésil : avec un prix moyen du billet fixé à 7 dollars, les recettes des clubs, qu’ils soient hôtes ou non, ont été estimées sur cinq ans. Malgré une amélioration notable de l’affluence, les revenus générés, estimés à 134 millions d’euros, sont loin de couvrir les 2,5 milliards d’euros investis dans l’organisation de l’événement.
Le rapport coût-bénéfice semble donc défavorable, le coût étant 20 fois supérieur aux gains. Cependant, ces conclusions méritent d’être nuancées. L’analyse se limite à un horizon de cinq ans, alors que la durée de vie des stades dépasse souvent 50 ans. Par ailleurs, une croissance économique pourrait entraîner une hausse des prix des billets, et les stades modernisés pourraient générer des revenus supplémentaires grâce aux droits de retransmission. Sur le plan sportif, l’organisation de tels événements stimule également la pratique du football au sein de la population. Une étude menée en Allemagne sur la période 1950- 2014 montre que les victoires de l’équipe nationale, la Mannschaft, ont entraîné une augmentation significative du nombre de licenciés dans les clubs amateurs. Cependant, les défis ne manquent pas.
De nombreux stades prestigieux, surnommés «éléphants blancs», deviennent des fardeaux économiques après le tournoi, comme ce fut le cas après les Coupes du monde 2010 en Afrique du Sud et 2014 au Brésil (notamment à Brasilia et Manaus). Une diversification des usages des stades, comme l’accueil de concerts et d’autres événements, pourrait renforcer leur rentabilité, à condition qu’une stratégie efficace soit mise en œuvre.