L’instauration d’une taxe à la première immatriculation d’une voiture de luxe est entrée en vigueur en 2014. La profession estime que le chiffre d’affaires sur ce segment de voitures risque de baisser de 30% à 40%. Le problème est qu’une telle mesure risque d’avoir l’effet inverse par le biais d’une réduction des recettes fiscales. Quoi qu’il en soit, s’offrir une voiture de luxe n’est plus aussi banal qu’auparavant.
On a pris l’habitude dans toutes les villes du Royaume, petites et grandes, de voir les pneus des bolides dernier cri venir s’écraser sur un bitume pas du tout adapté. Même les touristes s’étonnent du nombre de voitures de luxe qui circulent dans nos villes. Peut-être que nos dirigeants ont fait ce même constat visuel pour décider de s’atta-quer à une niche fiscale qui, de l’avis des distributeurs, n’en est pas une. Evidemment. Taxer les riches passa ainsi, lors de l’éla-boration de la Loi de Finances 2014, par une nouvelle taxe concernant ces véhicules. Cette taxe démarre à 5% pour les auto-mobiles dont la valeur est comprise entre 400.000 et 600.000 DH. Elle est de 10% pour les véhicules compris entre 600.000 et 800.000 DH, 15% lorsque la valeur de la voiture est entre 800.000 DH et 1 MDH et elle atteint 20% pour les véhicules dont le prix dépasse 1 MDH. La logique derrière cette taxe paraît imparable : si vous êtes suf-fisamment riche pour acheter une voiture de luxe, vous n’aurez aucun problème à payer une «petite» taxe en supplément, même si ce supplément est de 20%. Quid de l’égalité fiscale ?
Le marché trinque
D’après les professionnels de l’automobile, une telle taxe va porter préjudice à ce segment de voitures. Les importateurs sont quasiment unanimes que le chiffre d’affaires sur ce segment risque de baisser de 30% à 40%. Le comble c’est qu’elle a été intro-duite sans aucune concertation avec les importateurs des voitures de luxe, sachant que ces derniers ont quasiment bouclé leur programme de commandes pour l’année 2014. Pris au dépourvu, ils n’ont pas pris en considération cette nouvelle variable dans la gestion courante des commandes. D’ailleurs, ils n’ont pas eu le temps de réagir parce que la décision a été prise du jour au lendemain et votée le jour suivant. En somme, la profession n’est pas contre une taxation, mais elle insiste fortement sur la révision du taux d’imposition dans une logique plus commerciale et la révision du mode opératoire. Cette mesure, à l’instar des précédentes concernant la vignette, risque de provoquer la défiance d’une profession qui, jusqu’à aujourd’hui, fait preuve d’organi-sation, de développement et de structuration. Au final, plusieurs concessionnaires ont déci-dé de subir cette taxation et garder leurs prix intacts. Cela s’est fait au détriment de leurs marges, mais il faut dire que sur ce segment, l’écart entre les prix à l’import et ceux de vente permet cette souplesse. Impossible toutefois de soulager l’effet psychologique de ces mesures. Le consommateur a main-tenant en tête qu’à chaque creusement de déficit public, par effet de vases communi-quants, il devra payer une rançon de plus pour sa voiture de luxe.
A.H