Le financement des incubateurs est un sujet épineux à maints égards.
Des voix s’élèvent afin de proposer des mécanismes adaptés à leur business model.
Par M. D
Le nombre d’incubateurs à l’échelle nationale a augmenté, mais pas au niveau souhaité par certains, notamment dans les autres régions du Maroc qui voient émerger de nouveaux porteurs de projets et des start-up prometteuses. Les structures spécialisées dans l’accompagnement des porteurs de projets et des start-up constituent un maillon essentiel de l’écosystème entrepreneurial.
Les incubateurs sont outillés pour multiplier les chances de succès d’une start-up ou d’un porteur de projet ambitionnant de créer une entreprise pérenne. Et pourtant, la question de leur financement se pose avec acuité au Maroc. Bon nombre d’incubateurs sont constitués sous la forme d’association à but non lucratif. En revanche, d’autres structures fonctionnent comme des entreprises privées qui, à l’évidence, font du profit un objectif principal. Ces dernières prévoient un ensemble de mécanismes leur permettant de se faire rémunérer ou d’obtenir un retour sur investissement (facturation des services, prise de participation au capital d’une start-up, etc.).
«Le manque de financement dédié à l’échelle nationale pousse beaucoup d’incubateurs à chercher des fonds auprès des bailleurs internationaux, lesquels procèdent parfois au lancement d’appels à candidature. Ce qui nécessite de la part des structures d’accompagnement des efforts considérables en termes de constitution de dossiers solides pour décrocher le financement crucial», explique Soukaina Hatramsi, responsable de l’incubateur du cluster solaire. Et de préciser que «le financement précité astreint la structure bénéficiaire à mettre en place un système de reporting et à atteindre un ensemble d’objectifs fixés par le bailleur de fonds étranger».
Faudrait-il le rappeler, les incubateurs qui emploient du personnel doivent faire face aux multiples charges en lien avec leurs activités. Certains d’entre eux font également appel à des prestataires externes (consultants, spécialistes, etc.) afin de renforcer la formation des porteurs de projets dans des domaines techniques ou de gestion d’entreprise. C’est dire le besoin de financement criard, même si les structures d’accompagnement sont constituées sous la forme d’association à but non lucratif.
La ligne rouge à ne pas franchir
Le cluster solaire, qui fait de l’accompagnement des startup et des porteurs de projets verts une priorité de premier ordre, est une association à but non lucratif. «Nous avons mis en place un système et des normes qui ont permis de pérenniser le financement du cluster obtenu auprès du ministère de l’Industrie et du Commerce», soutient Soukaina Hatramsi. Masi ce financement n’a pas empêché au cluster de créer des services générateurs de revenus au profit de partenaires autres que les porteurs de projets et les startup accompagnés. «Il est hors de question pour nous de facturer des prestations ou de soutirer des fonds aux start-up en phase d’amorçage. Celles-ci sont réputées pour leur fragilité», confie notre interlocutrice.
Hatramsi, qui ne nie pas l’existence de pratiques peu recommandables de la part de certains incubateurs au niveau national, estime que l’accompagnement en phase d’amorçage en échange d’une quelconque rémunération est une ligne rouge à ne pas franchir pour les structures d’accompagnement. «Au démarrage, les porteurs de projet et les start-up ont besoin de financement. En conséquence, il faut leur faciliter la vie et ne pas alourdir leurs charges financières», fait-elle observer. En clair, dans l’optique d’assurer des sources de financement durables, les incubateurs doivent faire preuve d’ingéniosité. Et ce, en créant par exemple des services de grande valeur ajoutée, générateurs de revenus au profit d’entités bien implantées.
Plusieurs professionnels plaident également, sur la base d’un cahier des charges, pour la mise en place d’un mécanisme de subvention étatique dédié aux incubateurs. Sachant que leur principale vocation est d’accompagner les porteurs de projets et les startup qui sont de plus en plus nombreux au Maroc.