Les prix de collecte du lait sont restés inchangés en dépit de la flambée des intrants.
Les éleveurs essaient de vendre des produits dérivés ou sur le circuit parallèle pour préserver leurs marges.
Par C. Jaidani
Le secteur de l’élevage passe par des moments difficiles. En dépit des subventions allouées par l’Etat pour soutenir l’aliment de bétail, le coût de production a atteint des records historiques. Les exploitants essaient de répercuter cette hausse sur les prix de vente des produits. Ainsi, pour les moutons destinés à Aïd Al-Adha, le prix de la race bergui est négocié de 55 à 56 DH/kilo, alors qu’il fluctuait entre 40 et 45 DH/kilo, une année auparavant.
Le Sardi varie de 60 à 62 DH/Kilo, soit une hausse de plus de 20% comparativement à l’année dernière. Tout laisse présager que d’ici l’approche de la fête du sacrifice, ces prix vont augmenter. Les exploitants évoquent le renchérissement des intrants. Un phénomène observé du côté des autres types d’élevage, avec un fort impact sur la filière laitière. Les fellahs estiment que face à la hausse des prix de production, le prix de vente des produits laitiers n’a pas augmenté et leurs marges ont été sérieusement pénalisées.
«Contrairement aux ovins qui sont résistants à la sécheresse et s’adaptent mieux aux aléas climatiques, les bovins, notamment les vaches laitières de races pures ou croisées, sont capricieuses. Elles exigent pratiquement le même apport d’unités fourragères toute l’année pour assurer un rendement équilibré. Nous avons vécu un véritable calvaire avec la hausse de l’aliment de bétail. Les subventions accordées par l’Etat ne concernent que l’aliment composé et une certaine variété de l’orge. Les deux produits sont insuffisants pour subvenir aux besoins des bêtes», souligne Mohamed Taki, président d’une coopérative à Benslimane. Pour avoir des produits de bonne qualité, les éleveurs tentent de diversifier l’alimentation de bétail. Les prix des autres produits ont été multipliés par deux, voire par trois.
Ainsi, le prix de la botte de luzerne est passé de 55 à 100 DH. Celui de la botte de paille était l’année dernière fixé en moyenne à 15 DH/kilo; il est actuellement à 30 DH. Le tarif de la betterave était à 1,40 DH/ kilo, il atteint 3,50 DH. Celui de l’avoine était à 3,60 DH/ kilo, il culmine aujourd’hui à 6,50 DH/kilo. Pour les prix des fèves d’engraissement ou laitières, ils sont actuellement à 8 DH/kilo contre 3,50 DH auparavant. Les exploitants déplorent que les compagnies laitières aient augmenté le prix de certains produits à la consommation sans pour autant les en faire bénéficier.
En effet, le prix du lait UHT entier 1 litre de Copag est passé de 8,40 DH à 9,30 DH (+ 90 centimes), tandis que le lait UHT demi-écrémé 1 L est passé de 8,90 DH à 10,50 (+ 1,60 DH), de même que le lait UHT 0 %. Contacté à ce sujet, Copag a expliqué que «la production de ce genre de produits nécessite des intrants et un emballage spécial importé de l’étranger à des prix qui ont beaucoup augmenté ces derniers temps. Mais le prix du lait normal est resté inchangé». Pour leur part, les éleveurs essaient de s’adapter à ces nouvelles circonstances en essayant de privilégier les produits dérivés. Il est question de diversifier leurs clients en dehors des compagnies laitières et des coopératives.
«Le prix du lait vendu aux coopératives et aux compagnies laitières est de 2,50 DH/litre lors de la période de haute lactation (généralement entre février et juin). Il passe à 3 DH lors de la période de basse lactation. Cette saison, la période de basse lactation a été allongée sous l’effet de la sécheresse. Les exploitants ne pouvaient donc pas trop compter sur les parcours naturels pour diminuer les charges de l’alimentation», indique un éleveur de la région de Médiouna. Et d’expliquer que «pour contourner le diktat des coopératives et des compagnies laitières dont le prix du lait est peu flexible, ils préfèrent vendre les produits dérivés comme le petit lait, le beurre et le lait dans le circuit parallèle, comme les laiteries (mahlaba) où les prix sont plus attractifs».