Femmes administrateurs des sociétés cotées en Afrique : Un classement décevant

Femmes administrateurs des sociétés cotées en Afrique : Un classement décevant

gouvernance

Avec 5,9% de femmes membres du Conseil d’administration des entreprises cotées en Bourse, le Maroc est avant-dernier de la classe et loin des 14,4%, moyenne de l’Afrique. Le CFA Maroc a organisé une confé­rence-débat pour plancher sur ce triste score.

Il ne faut jamais baisser la garde ! Il faut marteler, lutter, faire du lobbying pour que la femme soit rétablie un tant soit peu dans ses droits les plus élémentaires. Que dire lorsqu’il s’agit de défendre le droit des femmes d’accéder à des postes de responsabilité ? Et le constat est bien alarmant. En effet, l’étude de la Banque africaine de développement (BAD) sur la représentation féminine au sein des Conseils d’administration des sociétés cotées en Afrique, qui analyse les données de 307 entreprises dans 12 pays du continent, place le Royaume au onzième rang avec 5,9% de femmes membres du Conseil d’administration des entreprises cotées en Bourse. Certes, l’étude récemment publiée, a fait l’objet d’une rencontre ini­tiée par le Club des femmes administrateurs Maroc (CFA), pour débattre une énième fois des moyens à mettre en oeuvre pour améliorer les scores du Maroc.

L’étude présentée par Yacine Fal, la Représentante-résidente de la BAD, a le mérite de mettre au devant de la scène une problématique dénoncée depuis des années. Et le para­doxe relevé est que ce sont les entreprises les plus modestes, qui ont tendance à recruter les femmes. Et plus une entreprise prend de l’importance moins on observe des femmes aux postes de responsabilité. Pourtant, cette mixité dans les instances de direction est un indicateur des plus observés par les inves­tisseurs, relève Nezha Hayat, présidente du CFA Maroc, puisque la mixité dans les ins­tances de décisions se traduit par une meilleure performance de l’entreprise.

Pour améliorer cette mixité, des acteurs tels que le Conseil déon­tologique des valeurs mobilières (CDVM), sont sur des pistes de réforme. Comme l’explique, d’ailleurs, Bouchra El Falaki, chef du service contrôle de l’information au sein du CDVM, une mesure sera très prochai­nement appliquée, à savoir rendre obligatoire l’information sur le respect de la bonne gou­vernance de manière générale, et plus particulièrement la mixi­té, pour les entreprises faisant appel public à l’épargne. Ces entreprises auront également droit à une réduction des com­missions si leur Conseil d’admi­nistration présente une mixité telle que souhaitée. Interpellée à ce propos, la concernée a souligné que les quotas de mixi­té n’ont pas encore été arrêtés, mais que cela ne saurait tarder.

Loin de l’optimisme ambiant, Salwa Belkziz Karkri, PDG de GFI Maroc, s’alarme, pour sa part, de voir les indices de parité en baisse depuis la nomination de ce gouvernement, notant au passage que de 15%, nous sommes passés à 10%, puis à 0% femmes nommées à des postes de responsabilité suite aux derniers Conseils de gou­vernement. Elle déplore d’ail­leurs que 15 ans après, l’on se retrouve encore à entretenir le même discours et discuter des mêmes problèmes.

Cela dit, l’espoir d’inverser la tendance est probablement en préparation puisque, contraire­ment à une tendance qui s’est ancrée, les filles investissent de plus en plus les écoles de management et d’ingénierie, ce qui pourrait être les prémices d’un inversement de la courbe. Le rêve est permis !

Imane Bouhrara

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