Le payement de la vignette par les banques a eu droit à une vaste campagne de communication. On a fait appel à tous les moyens disponibles, médias et réseaux sociaux.
Dans le monde rural, dans certains souks hebdomadaires, les autorités locales ont recours au «berrah» (crieur public) pour informer les personnes non initiées, surtout dans les zones où l’analphabétisme bat son plein. Il est sollicité pour plusieurs événements : campagne de vaccination, distribution de produits subventionnés, collecte de dons, informations administratives, élections, etc. Pour plus d’efficacité, le dialecte local est le langage utilisé.
Le crieur public était un personnage capital dans la vie des communautés. C’est une pratique qui existait partout dans le monde surtout à l’époque médiévale. Mais son statut et sa méthode d’opérer diffèrent.
Au Maroc, le tambour était privilégié pour attrouper les badauds alors que dans d’autres contrées, l’on faisait usage des trompettes ou autres. Le berrah annonçait des nouvelles ou des ordres à caractère administratif. Il lui suffisait d’une simple tournée pour que le bouche-à-oreille fasse le reste. Un message clair et net touchait le plus grand nombre et l'information se propageait telle une traînée de poudre. Il était un intermédiaire pour le système makhzanien, un lien en quelque sorte avec la communauté.
Les historiens relatent que certaines notifications annoncées par «berrah» dans la place publique déclenchaient immédiatement des révoltes, comme les taxes ou autres exigences ordonnées par le pouvoir central ou local via les caïds ou pacha dont les méthodes d’exécution privilégient les procédés musclés. A l’image de la transmission orale, qui existe toujours dans la halka, «berrah» est un métier faisant partie de notre patrimoine ancestral qu’il est utile de préserver. A l'image du conteur, du charmeur, de l’acrobate, ou du funambule; ces personnages ont jalonné notre histoire par leurs rôles importants, leurs transmissions et leurs spectacles.
Charaf Jaidani