Fatourati : la plateforme marocaine qui transforme les encaissements des factures

Fatourati : la plateforme marocaine qui transforme les encaissements des factures

Avec plus de 218 millions d’opérations de paiement multicanal des créances (factures, impôts, taxes, frais, services) traitées en 2024, Fatourati s’illustre d’année en année comme un levier stratégique pour les entreprises et les institutions marocaines. Interopérable, multicanale, évolutive, la plateforme portée par le Centre monétique interbancaire (CMI) incarne une vision concrète de la transformation digitale appliquée aux fl ux d’encaissement des créances. Entretien avec Rachid Saihi, Directeur général du CMI.

Finances News Hebdo : Quel est le rôle du CMI dans la révolution digitale au Maroc ?

Rachid Saihi : Depuis 2004, le CMI joue un rôle structurant dans la digitalisation des paiements au Maroc. Notre mission est claire : démocratiser des solutions de paiement simples, fiables, sécurisées et accessibles à tous. En connectant banques, établissements de paiement, administrations, entreprises, commerçants et usagers, nous avons posé les bases d’un écosystème interopérable, inclusif et durable et profondément modernisé les flux financiers. Aujourd’hui, nous sommes bien plus qu’un opérateur monétique : nous sommes un accélérateur de transformation et une infrastructure qui renforce l’écosystème de paiement de notre pays.

 

F. N. H. : Quelles ont été les principales contributions du CMI au paysage du paiement au Maroc ?

CMI : En 20 ans, le paysage du paiement au Maroc a été totalement transformé. Nous avons mis en place l’interopérabilité des flux monétiques, permettant aux porteurs de cartes de retirer de l’argent sur n’importe quel guichet et aux commerçants d’accepter une large gamme de moyens de paiement dans leur commerce ou en ligne, qu’ils soient locaux ou étrangers. Avec des innovations comme le paiement sans contact, aujourd’hui utilisé pour 70% des transactions, ou le Soft POS, une solution qui démocratise l’acceptation des paiements électroniques, le CMI a prouvé son engagement en faveur de l’inclusion financière, de la modernisation des services publiques de l’efficacité économique.

 

F. N. H. : Quelle est la genèse de Fatourati et son parcours jusqu’à aujourd’hui ?

R. S. : Fatourati est avant tout une plateforme multicanale de paiement des créances 100% marocaine, née d’un besoin terrain bien réel. Fatourati est née d’un constat simple mais bloquant : les créanciers, qu’il s’agisse d’une régie de distribution d’eau et d’électricité, d’un opérateur télécoms ou d’une administration publique, étaient contraints de s’appuyer essentiellement sur leurs agences physiques pour encaisser les factures, impôts ou taxes. Le recours à d’autres canaux, tels que les guichets automatiques ou les réseaux de paiement de proximité, restait limité. Chaque déploiement d’externalisation du recouvrement nécessitait des accords bilatéraux complexes avec chaque institution financière, associés à des processus longs, coûteux, peu évolutifs et à faible impact. Nous avons voulu aller plus loin, en concevant un HUB universel et multicanal qui va profondément transformer cet écosystème. La plateforme a permis aux donneurs d’ordre créanciers de se connecter, via une seule interface technique, à plus de 70 canaux d’encaissement opérés par 32 institutions financières partenaires – banques et établissements de paiement -. Elle s’adresse aujourd’hui à tous les profils de payeurs, qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises, et garantit une disponibilité continue, 24h/24 et 7j/7, à travers une grande diversité de canaux : agences bancaires, guichets, applications mobiles et sites web bancaires, wallets comme Maroc Pay, mais aussi réseaux de proximité tels qu’Al Filahi Cash, Barid Cash, Cash Plus, Damancash, Fawatir, Inwi Money et Wafacash. L’impact est tangible. De 30.000 encaissements en 2013 à plus de 218 millions en 2024, au profit de plus de 100 entreprises et administrations de référence. Parmi elles, des institutions publiques telles que la DGI, la TGR, l’ADII, l’ANCFCC, le ministère de la Justice ou les Sociétés régionales multiservices (SRM), mais aussi des acteurs privés majeurs opérant dans les télécoms, la logistique, l’importexport, l’industrie, le transport, la santé, l’assurance, le secteur pétrolier ou encore l’enseignement. Dans le secteur public, elle a facilité le recouvrement de 166 milliards de dirhams d’impôts, taxes, frais et services, ainsi que 12 milliards de DH de factures d’eau et d’électricité en 2024. Ces chiffres démontrent l’efficacité de Fatourati comme un facilitateur de recouvrement et sa capacité à traiter des volumes massifs tout en garantissant la sécurité et la traçabilité des transactions. C’est une success-story marocaine à haute valeur ajoutée.

 

F. N. H. : Comment Fatourati garantit-elle un accès équitable aux services de paiement ?

R. S.  : Fatourati s’inscrit également dans une logique d’inclusion financière. Grâce à un maillage dense de canaux constitué de réseaux denses de 30.000 points de proximité et 8.000 GAB, 6.000 agences bancaires ainsi que des canaux digitaux accessibles via Mobile et Internet, la plateforme garantit une inclusion territoriale totale, des grandes villes aux zones rurales, contribue à démocratiser l’accès aux services de paiement pour des millions d’usagers, tout en garantissant sécurité, traçabilité et simplicité. Les utilisateurs peuvent choisir entre des paiements par débit de compte bancaire, Wallets, mobile Banking, Carte ou Cash, selon leurs besoins. Fatourati s’assure que chaque citoyen, qu’il soit bancarisé ou non, ainsi que chaque professionnel, puisse bénéficier d’un canal de paiement adapté à ses besoins. Imaginez un agriculteur dans une région reculée réglant ses factures en espèces via un point d’encaissement local ou via son wallet, ou un chef d’entreprise en déplacement à l’étranger traitant des transactions B2B ou payant des impôts de plusieurs millions de dirhams grâce à une application bancaire. Cette flexibilité est la force de Fatourati, qui illustre sa capacité à moderniser les processus d’encaissement d’un donneur d’ordre privé ou public dans des contextes variés (B2C, B2B, G2C ou G2B), tout en renforçant l’efficacité des flux et l’amélioration du recouvrement des créances à l’échelle nationale.

 

F. N. H. : En quoi Fatourati est-elle un outil stratégique pour les entreprises ?

R. S. : Fatourati est bien plus qu’une plateforme d’encaissement multicanal. C’est un véritable levier de performance opérationnelle et financière pour les entreprises marocaines. Elle permet non seulement d’optimiser le cycle de recouvrement et d’assurer une traçabilité totale des flux, mais aussi d’améliorer l’expérience client en offrant des parcours de paiement plus fluides, accessibles 24/7 sur tous les canaux. En parallèle, la digitalisation des encaissements contribue à réduire les coûts liés à la gestion des paiements, à simplifier les processus internes et à améliorer le besoin en fonds de roulement (BFR) en accélérant la disponibilité des règlements.

 

F. N. H. : Quels avantages concrets les entreprises tirent-elles de Fatourati ?

R. S.  : Fatourati permet aux entreprises de repenser en profondeur leur gestion des encaissements. En centralisant les flux via une interface multicanale, elle fluidifie l’expérience client, garantit une visibilité immédiate sur les règlements et simplifie le rapprochement comptable, même en cas de volumes importants ou de paiements fragmentés. Elle offre également une vraie valeur ajoutée en matière d’analyse. Grâce à ses outils de reporting, les entreprises peuvent mieux comprendre les comportements de paiement de leurs clients, anticiper les retards, ajuster leurs actions de recouvrement et optimiser leur trésorerie. Elle contribue ainsi à une meilleure maîtrise des coûts d’encaissement des créances, tout en renforçant le pilotage de la performance financière. Les fonctions comptables, commerciales ou de recouvrements sont déchargées des tâches répétitives à faible valeur ajoutée, et peuvent se concentrer sur des missions plus stratégiques. L’un des apports les plus concrets concerne la gestion du cash, historiquement complexe, coûteuse et risquée. Plutôt que de gérer en interne la collecte et le dépôt des espèces, les entreprises s’appuient sur l’écosystème de partenaires Fatourati – banques et réseaux de proximité – pour externaliser cette fonction dans un cadre sécurisé. Cela réduit les risques de fraude, de vols, les coûts logistiques et assure une traçabilité complète des flux. Un autre avantage majeur : la consolidation. Quelle que soit la diversité des canaux utilisés, l’entreprise reçoit un seul virement identifié, accompagné de tous les détails, directement exploitables dans son système d’information.

 

F. N. H. : Comment la plateforme s’intègre-t-elle dans les systèmes existants ?

R. S.  : Nous proposons une intégration fluide via API ou webservices aux systèmes d’information, ERP ou CRM, avec un traitement en temps réel des encaissements. Pour les entreprises qui ne disposent pas des ressources pour engager des projets d’intégration lourds, nous avons conçu une solution plug & play permettant de générer des demandes de paiement sans aucun développement, avec des notifications automatiques par SMS ou email. Simplicité et efficacité, sans compromis. Conscients que chaque entreprise est unique, nous avons conçu Fatourati pour qu’elle s’adapte aux besoins spécifiques de chaque partenaire, en offrant une réponse concrète, moderne et efficace à ses enjeux business, de digitalisation, de productivité, de sécurité et de maîtrise financière.

 

F. N. H. : Quels sont vos objectifs pour l’avenir de Fatourati ?

R. S. : L’avenir de Fatourati est prometteur. Plébiscitée initialement par les administrations et les grands facturiers, le service a été progressivement élargi pour répondre également aux besoins des PME dans la gestion de leurs créances. Nous travaillons à élargir notre écosystème en intégrant de nouveaux partenaires et en développant des fonctionnalités innovantes, tout en enrichissant les parcours utilisateurs. Notre ambition est claire : rendre les paiements encore plus simples, sécurisés et accessibles, tout en continuant à soutenir la transformation digitale des entreprises marocaines.

 

F. N. H. : Pour conclure, que représente Fatourati pour le Maroc, ses entreprises et ses administrations publiques ?

R. S.  : Fatourati incarne la convergence entre technologie et vision. En alliant inclusion, innovation et performance, nous avons conçu une plateforme qui redéfinit la gestion des paiements des factures au Maroc. Elle permet aux entreprises comme aux administrations publiques d’améliorer à la fois leur efficacité opérationnelle et leur performance financière. Nous invitons l’ensemble des acteurs économiques à rejoindre cette dynamique et à transformer leur manière de gérer le recouvrement de leurs créances.

 

 

 

 

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