Propos recueillis par F. Ouriaghli & D. William
Finances News Hebdo : Vous avez été nommé chef du gouvernement depuis avril 2017. Un peu plus de quatre ans plus tard, quelle lecture personnelle faites-vous de l’exercice du pouvoir et qu’en avez-vous tiré comme principaux enseignements ?
Saad Eddine El Otmani : L’exercice de pouvoir a besoin de sérieux, de compétence, de courage et d’efficacité. J’ai eu l’honneur et la chance de diriger ce gouvernement avec des membres compétents et ayant travaillé en équipe, ce qui nous a permis de présenter un bilan globalement positif, et ce malgré les conditions très particulières qu’a connues cette législature. Il est utile de rappeler, que mon rôle en tant que chef de gouvernement consiste notamment à coordonner, arbitrer et superviser l’action gouvernementale. En effet, et comme vous le savez, chaque membre du gouvernement est nommé par Sa Majesté, que Dieu le préserve, et est investi de prérogatives, réglementées par décret. A ce titre, les ministres ne sont pas mes subordonnés comme pourraient le penser certains; ils ont la pleine responsabilité de gestion des secteurs et départements à leurs charges.
Par contre, l’équipe gouvernementale a besoin de mon appui pour initier et coordonner les chantiers et les textes de loi impliquant plus d’un secteur, arbitrer entre deux ou plusieurs secteurs lorsqu’il y a des enjeux non alignés, et superviser les grands chantiers initiés sur orientation éclairée de Sa Majesté, ou ceux inscrits au programme gouvernemental. Pour rappel, il s’agit du gouvernement de la deuxième législature après l’adoption de la Constitution de 2011, qui fut un point d’inflexion important dans l’histoire de l’évolution démocratique au Maroc. La nomination d’un Chef de gouvernement issu du parti ayant obtenu la majorité des voix et investi d’une mission noble, procure le courage nécessaire pour prendre les grandes décisions, même si elles peuvent être impopulaires par moment. L’essentiel, c’est d’assumer ses choix et ses décisions, de se soumettre au principe de réédition des comptes, et de respecter la légitimité des urnes, qui est un gage de stabilité et de confiance supplémentaire dans notre démocratie évolutive.
F.N.H. : Plus globalement, quel bilan faites-vous de votre mandat ? Y a-t-il des chantiers que vous auriez aimé boucler et qui, malheureusement, n’ont pu être menés à terme ?
S. E. E. O. : Un bilan positif, chiffres à l’appui (sourire, ndlr). On me reproche des fois d’avoir une fibre exagérée aux chiffres, que je tiens à rappeler fréquemment. Mais, comme vous le savez, les chiffres sont têtus par nature. Et c’est le meilleur moyen, à mon sens, de mesurer de façon objective l’efficacité et la véracité des réalisations. Il est bien connu dans le monde du management moderne, que tout ce qui ne se mesure pas ne se gère pas. Et de par ma nature, je n’aime pas les discours populistes; je préfère la factualité, les données du terrain et les réalisations tangibles, même si je suis conscient que cela ne soit pas suffisant pour tous, et que la perception de l’opinion publique des réalisations peut présenter un écart avec la réalité, et que le discours de l’émotion a sa part dans cette perception.
Sur le plan de la manière, dès l’investiture de mon gouvernement, j’ai arrêté la démarche de suivi et d’exécution du programme gouvernemental par circulaire, avec l’instauration d’une commission ministérielle regroupant l’ensemble des membres du gouvernement et qui s’est réunie annuellement. Il s’agit d’une démarche inédite, et qui a été d’ailleurs désignée comme expérience probante par la Commission royale pour le nouveau modèle de développement, avec recommandation de la hisser sur le plan juridique pour en faire un instrument ancré dans la pratique du suivi et de l’exécution du programme gouvernemental pour les futurs gouvernements. Après avoir parlé de la démarche, et avant de parler des chantiers non bouclés, permettez-moi de rappeler les 4 caractéristiques phares de ce gouvernement :
• Un gouvernement social par excellence, de par les grandes et nombreuses réalisations à caractère social et dans les secteurs sociaux, avec une excellente consécration à travers le lancement effectif de la généralisation de la couverture sociale, projet initié par Sa Majesté.
• Un gouvernement soutenant l'investissement et l'emploi, notamment en améliorant le climat des affaires, et qui veille à ce que l'économie nationale produise de la richesse et crée des opportunités d'emploi.
• Un gouvernement des grandes réformes, en initiant quelques-unes structurantes avec audace et courage, dont la réforme du système d’éducation, de formation professionnelle et de la recherche scientifique, la réforme et la modernisation de l'Administration, la déconcentration, la fiscalité, les entreprises publiques, les centres régionaux d’investissement, avec au total 4 lois cadres.
• Un gouvernement responsable et de résilience, qui a réussi à améliorer les indicateurs macro-économiques au cours des trois premières années, ce qui a contribué à épargner le pire à notre pays et favorisé sa résilience face à la pandémie, dont la lutte a été une réussite nationale et un honneur pour notre équipe gouvernementale.
Pour les chantiers que j’aurais aimé boucler avant la fin de mon mandat, il faut tout d’abord rappeler que la pandémie du Covid-19 a eu forcément ses impacts sur la réalisation du programme gouvernemental, en générant de nouveaux chantiers et de nouvelles priorités. Ainsi, et même si nous n’avons abandonné ou non entamé que 5% des mesures du programme, il est clair que sans la pandémie, nous aurions pu faire plus, et surtout parachever davantage de réformes initiées. Je pense notamment au grand chantier de ciblage, avec l’instauration d’un registre social unifié des personnes concernées, avec une agence dédiée à cet effet. Le projet a tout de même bien avancé et j’espère qu’il aboutira dès l’année prochaine.
F.N.H. : Sans aucun doute, 2020 aura été l’année la plus difficile pour vous depuis que vous êtes chef de gouvernement. Dans la gestion de cette crise économique et sanitaire, qui continue d’ailleurs jusqu’à présent, estimezvous, avec le recul, avoir toujours fait les bons choix ? Avez-vous des regrets ?
S. E. E. O. : A l’origine, la pandémie de la Covid-19 est une crise d’abord sanitaire, mais avec des répercussions économiques et sociales importantes. Dès l’avènement de cette crise, début de l’année 2020, le choix du Maroc, sous les instructions clairvoyantes de Sa Majesté le Roi, que Dieu le glorifie, s’est porté en priorité sur la préservation de la vie humaine. Car la valeur humaine du citoyen n’a aucun prix. Nous sommes passés par quatre grandes phases. Un confinement général avec un appui financier concomitant, aussi bien aux couches les plus démunies qu’aux entreprises en difficulté, dans le cadre d’une saga nationale de solidarité sans précédent. Cette phase a été suivie par une levée progressive des mesures de restriction et l’atteinte d’une autosuffisance nationale des moyens de défense de première ligne (masques et gels hydroalcooliques).
Puis est venue une relance de l’économie, avec le plan de relance de plus de 45 milliards de DH grâce au Fonds Mohammed VI; et enfin le lancement de la campagne de vaccination, avec la gratuité des vaccins pour tous les résidents au Maroc, et la fierté que les deux tiers des personnes vaccinées dans tout le continent africain sont des Marocains. Nous avons été tous confrontés, tout au long de la gestion de cette crise, à faire des choix difficiles, qui consistaient dans la plupart du temps à minimiser les dégâts plutôt que de maximiser les bénéfices, ce qui explique que nos décisions occasionnent des difficultés, plus ou moins graves, à une partie de la population et du tissu économique. Cela nous préoccupe; nous lui trouvons des remèdes par moments, mais pas toujours. Personnellement, je pense que nous devons être humbles face à cette pandémie qui surprend, et qui continue d’ailleurs à le faire, et je suis convaincu que notre salut réside dans notre cohésion nationale, nos valeurs et notre courage.
F.N.H. : Actuellement, même si les indicateurs économiques se redressent, la reprise, telle qu’attendue, n’a pas encore eu lieu à cause des restrictions en vigueur et l’apparition des variants du coronavirus. Comment concilier cette volonté d’oxygéner l’économie nationale avec celle de maîtriser une situation épidémiologique qui se détériore ?
S. E. E. O. : Comme vous l’avez vu, nous avons enregistré le 28 juillet presque 9.500 cas, soit le nombre de cas le plus élevé depuis le début de la pandémie. Certes, nous avons testé plus de 43.000, mais le taux de positivité augmente et nous sommes assurément face à une nouvelle vague de la pandémie. Les acquis de la politique de vaccination, qui est de loin la plus ambitieuse en Afrique, nous permettent d’avoir malgré tout un taux de létalité relativement faible, et proportionnellement beaucoup moins de cas graves et de décès que l’année dernière. Néanmoins, nous devons être vigilants tant que nous n’avons pas atteint l’immunité collective et nos objectifs de vaccination. C’est pour cela que nous avons dû prendre certaines mesures, en veillant à ce qu’elles restent relativement compatibles avec la vie normale de la quasitotalité des secteurs économiques. Ces mesures sont nécessaires pour préserver nos acquis, à condition d’un engagement collectif et citoyen, et sous réserve de l’évolution de la situation pandémique. D’autre part, nous avons, comme vous l’avez vu, accéléré la campagne de vaccination avec près de 900.000 vaccinés en deux jours. Et à ce rythme, nous pourrons aller plus vite vers nos objectifs et, incha’Allah, assouplir les restrictions, ou du moins ne pas être obligé de les renforcer.
F.N.H. : Plusieurs secteurs sont actuellement en souffrance, dont notamment tout l’écosystème touristique. Est-il envisageable de continuer à aider cet écosystème, vu que la situation ne se décante pas vraiment ? Et les contraintes budgétaires actuelles permettentelles à l’Etat de continuer cet effort financier ?
S. E. E. O. : Ceci n’est pas tout à fait juste, et il faut largement relativiser. Contrairement à tous les pays voisins, nous accueillons les touristes de tous les pays avec des conditions avantageuses pour l’aérien suite à initiative royale. Le Royaume accueille tous les vaccinés sans restrictions et la plupart des activités sont possibles avec le respect des mesures barrières. La reprise est assez vigoureuse sur les principales destinations, comme en témoigne la reprise des réservations. Cependant, nous sommes conscients que la situation ne va revenir comme avant en un clin d’œil, et il faudra faire un effort supplémentaire de promotion et d’adaptation dans les mois à venir. Là encore, la vaccination sera, incha’Allah, un atout pour faire de la destination Maroc une destination fiable et sûre dans la région, dans le contexte de l’incertitude pandémique.
F.N.H. : Durant cette législature, vous avez été contraints de composer avec une majorité au sein de laquelle les dissensions ont été parfois criantes. Quel bilan faites-vous de ce compagnonnage ? Et, selon vous, une coalition gouvernementale est-ce vraiment la formule idéale pour bien gouverner et, surtout, respecter le programme électoral sur la base duquel les électeurs vous ont donné leurs suffrages ?
S. E. E. O. : Il est utile à ce niveau de rappeler la différence fondamentale entre majorité gouvernementale et équipe gouvernementale. La première est fortement politique et peut connaitre des divergences de points de vues, ce qui est tout à fait naturel, sinon nous aurions été un seul parti. D’ailleurs, même au sein d’un même parti, il n’est pas rare de constater des divergences d’opinion sur des sujets précis. La deuxième, par contre, a un référentiel structurant, qui n’est autre que le programme gouvernemental, qui a permis son investiture devant le Parlement, et qui devient de ce fait la référence pour tous les membres du gouvernement. Sur cette base, la coordination et le travail en harmonie coulent de source et ne sont plus un luxe. Concernant, le programme électoral, je rappelle que notre démocratie consacre le multipartisme, et les électeurs savent très bien que c’est toute une coalition qui est à l’exécutif, et non pas uniquement le premier parti. Cependant, de par les prérogatives des uns et des autres, et la prise en compte du poids de chaque parti, nous essayons de respecter la volonté des électeurs. C’est le principe même de la démocratie représentative que nous avons adoptée dans notre Constitution, et qui demeure le meilleur moyen de gouverner avec la légitimité des urnes.
F.N.H. : Vous avez eu à faire des compromis difficiles et des réformes qui ont suscité beaucoup de remous au sein du PJD, dont notamment la loi relative aux usages licites du cannabis ou encore celle relative à l’enseignement des matières scientifiques en langues étrangères. Que répondez-vous à vos détracteurs qui estiment que ces lois trahissent les principes de votre formation politique ?
S. E. E. O. : D’abord, il n’y a aucun principe au sein du PJD qui serait à l’encontre de l’enseignement des matières scientifiques dans une langue étrangère. Ce sujet a été un peu déformé par quelques médias et sur les réseaux sociaux, en accusant la loi-cadre sur l’éducation et l’enseignement de vouloir «franciser» l’enseignement. Or, la loi-cadre en ellemême est une réussite nationale collective, ayant fourni à notre pays une feuille de route claire et engageante pour tous les gouvernements à venir d’ici l’an 2030. Ce qui permettra à ce secteur important de connaitre la stabilité nécessaire pour capitaliser sur les réformes engagées, au lieu d’opérer des changements, parfois contradictoires, à chaque nouveau gouvernement. Concernant l’arabe, je tiens à préciser que sa place a été renforcée avec cette loi cadre.
Mais sur ce sujet, et au sein même de notre parti, je reconnais que la voix de l’émotion a été, me semble-t-il, plus audible pour certains de nos militants, que celle de la raison. Concernant la loi relative aux usages licites du cannabis, je pense qu’elle pourra répondre à des attentes sociales et économiques, sans contradiction aucune avec un quelconque principe de mon parti. Toutefois, j’estime que le temps relativement court dans lequel a été présentée et votée cette loi n’a pas aidé à élucider les différences fondamentales entre la lutte que nous devons tous mener contre la consommation du cannabis récréatif, qui est destructeur, notamment pour notre jeunesse, et la réglementation pour les utilisations licites du cannabis.
F.N.H. : A un peu plus d’un mois des législatives, dans quel état d’esprit êtes-vous ? Compte tenu des nombreuses critiques dont vous avez fait l’objet au sein du parti, avez-vous le sentiment d’avoir le soutien de tout l’appareil politique du PJD et de la base ?
S. E. E. O. : Je peux vous assurer que dans tous les meetings que nous organisons dernièrement, et dans lesquels j’assiste personnellement, la mobilisation de nos militants, responsables, et même les sympathisants est à un bon niveau, et que la volonté d’arracher une victoire est bien réelle. Par ailleurs, les dizaines de congrès locaux organisés à travers tout le Royaume pour la proposition de candidats aux prochaines élections témoignent d’une grande organisation, mobilisation et préparation. Je suis très serein sur ce volet.
F.N.H. : La force du PJD lors des deux dernières législatives aura été son unité, laquelle semble s’être aujourd’hui effritée. A cela, s’ajoute la problématique du nouveau quotient électoral. Avec ces deux handicaps, le PJD a-t-il vraiment ses chances et êtes-vous confiants ?
S. E. E. O. : Le tableau n’est pas si noir comme vous le présentez, et je vous rassure qu’à ce jour, il n’y a absolument aucun risque d’effritement. Au sein du PJD, nous savons comment gérer nos divergences, et je rappelle que nous avons organisé un dialogue national ayant duré plusieurs mois, auquel ont participé plusieurs centaines de nos militants et qui a abouti à l’élaboration d’une position générale partagée, qui a été renseignée dans le rapport de ce dialogue, rendu public dans une optique d’ouverture et de partage. Concernant le nouveau quotient électoral et le retrait du seuil au niveau local, je suis convaincu que c’est une erreur législative dont nous aurions bien pu nous passer.
Non seulement elle ternit l’image du Maroc en tant que pays démocratique, mais risque de porter préjudice au bon fonctionnement de nos institutions représentatives, et pourrait également inciter les citoyens à renoncer à l’exercice de leur droit de vote au moment où nous avons besoin de renforcer la confiance des Marocains et où le risque d’une forte abstention est réel. Je trouve dommage que, pour essayer d’empêcher le PJD d’arriver en tête des élections, l’ensemble des partis représentés au Parlement, soit 7 au total, se soient accordés pour aller à l’encontre de l’élan démocratique dans lequel s’était inscrit le Maroc suite à l’adoption de la Constitution de 2011, et en totale contradiction avec leurs propres mémorandums relatifs aux élections. Je pense que les Marocains en feront bonne lecture, et agiront le 8 septembre de la manière la plus appropriée. Nos chances de remporter ces élections sont bien réelles et j’en suis confiant.
F.N.H. : Dans cette perspective, pouvez-vous nous donner les grandes lignes de votre programme électoral et vos priorités si toutefois le PJD est porté au pouvoir ?
S. E. E. O. : Nous avons bâti notre programme électoral autour de trois valeurs fondatrices :
• La crédibilité : pour renforcer la confiance entre les différents acteurs et dans les institutions;
• La démocratie : afin de réaliser un contrat social basé sur la constante constitutionnelle, représentée par le choix démocratique;
• Le développement : un développement global et inclusif, puisqu’il est central dans tout effort partisan ou gouvernemental.
Maintenant, si nous sommes portés vainqueurs, nous nous engageons à parachever les réformes fondatrices que nous avons entamées, et dont nous pouvons être fiers. Et c’est d’ailleurs pour cela que j’ai commencé par le bilan; et le futur gouvernement, quelle que soit sa composition, sera dans l’obligation de les mener à terme.
Ainsi, en plus de capitaliser sur nos deux mandats à la tête du gouvernement, afin de consolider les acquis, rattraper les retards et éviter les écueils, un point fondamental demeurera la continuité et l’accélération des chantiers structurants initiés. Les indicateurs et objectifs chiffrés que nous nous sommes fixés sont encore plus ambitieux, comme celui d’atteindre 95% d’enfants scolarisés au niveau du préscolaire, ou la mise en œuvre effective de la généralisation de la couverture sociale selon le calendrier strict qui a été fixé conformément aux orientations royales, avec l’objectif de faire bénéficier 95% des Marocains de cette couverture. Notre programme sur le volet social, en particulier pour l’éducation et la santé, est encore plus ambitieux et aborde les problèmes de fond, tels que les ressources humaines en termes de qualité et de disponibilité, mais aussi les inégalités d’accès. Aussi, nous nous engageons à œuvrer pour que l’Etat se donne les moyens d’une politique publique éducative et sanitaire, efficace et efficiente, avec des augmentations du budget annuel d’au moins 5 et 7%.
La qualité pour l’éducation devra être la priorité et le chantier du préscolaire, comme celui de la réforme pédagogique, de l’autonomie des établissements, de la formation continue des enseignants. Ces chantiers devront nous permettre notamment d’améliorer les résultats des apprentissages, de faire passer le taux de scolarisation au supérieur à 45% de la classe d’âge 18 à 22 ans, et de mieux préparer nos jeunes à une intégration réussie. Au niveau des politiques sociales, le registre social unifié devra être opérationnalisé dès le début du mandat, afin de respecter le calendrier de la généralisation de la protection sociale, notamment les échéances de 2022 pour la couverture médicale, puis les autres échéances jusqu’en 2025 pour l’indemnité pour perte d’emploi, les allocations familiales et les retraites. Les programmes pour le monde rural seront une priorité, et une deuxième phase du programme de réduction des disparités devra être lancée, donnant une plus grande importance à l’autonomisation économique des jeunes dans le monde rural, tout en ayant pour objectif la généralisation quasi-totale de l’accès aux routes, eau potable et électricité d’ici 2026, et tout en utilisant des méthodes adaptées aux régions à forte spécificité.
Au niveau économique, nous procéderons à la mise en place, avec les différents opérateurs et partenaires concernés, de la nouvelle politique nationale d’environnement des affaires, avec l’objectif de se hisser parmi les 40 premiers du classement mondial, avec une volonté pour renforcer la réforme des CRI. Aussi, nous souhaitons mettre en œuvre une politique de transformation économique complémentaire, qui permettra au Maroc de changer sa structure économique, en l’orientant davantage vers les secteurs clés tels que les industries de pointe, l’intelligence artificielle, le numérique, les bio et la nanotechnologie, portés notamment par les startups et les PME marocaines.
De nombreux mécanismes sont prévus pour favoriser cela, notamment à travers un système volontaire d’incitations ciblées, qui privilégie les projets porteurs de transfert de savoir-faire, de durabilité et de création d’emplois. De manière générale, le système incitatif sera simplifié. Nous avons érigé comme priorité les jeunes en termes de création d’emplois durables et adaptés à leur qualification, et nous consoliderons l’expérience du mandat actuel dans la Politique nationale pour l’emploi (PNPE) à travers des programmes de création d’emploi encore plus ambitieux et permettant de faire baisser le chômage à moins de 9%, avec une priorité pour le monde rural, l’autoemploi et l’entreprenariat. Nous sommes enfin un des rares partis à proposer dans notre programme un axe dédié à transformation numérique, qui nous parait fondamentale à tous les niveaux. Et dans ce volet, nous voulons notamment faire du mandat, celui de la numérisation de toutes les procédures administratives.
Enfin, le programme électoral du PJD érige la gouvernance en tant qu’axe fondamental et transverse, de même qu’il préconise d’œuvrer pour parachever la mise en œuvre de la Constitution, en responsabilisant le Parlement et le Gouvernement à élaborer une feuille de route conjointe en ce sens.