Par C. Jaidani
Les préparatifs bon train pour entamer les moissons. Les opérations ont d’ores et déjà commencé dans les régions chaudes situées au sud du Royaume dont le Souss-Massa, Chiadma, Haha, Chichaoua, El Haouz et Rhamna. Dans les autres régions notamment Abda, Doukkala et Chaouia, les opérations vont commencer.
Contrairement aux deux saisons précédentes marquées par une forte sécheresse, l’actuelle campagne a bénéficié de conditions climatiques favorables.
Selon Bank Al-Maghrib, la récolte prévisionnelle serait de 95 millions de quintaux. Cela a engendré l’euphorie des professionnels du secteur, à leur tête les agriculteurs qui s’attendent à de belles moissons pour renflouer leur trésorerie.
Toutefois, force est de constater que cette période est marquée par la grogne des propriétaires des moissonneuses batteuses. Ils relèvent plusieurs éléments qui ont impacté leur activité. Regroupés autour d’associations ou de syndicats, ils ont observé des mouvements de protestation dans plusieurs régions du Royaume notamment à Chaouia, véritable grenier du Royaume.
«Nous travaillons deux à trois mois seulement par an. Nos machines ont besoin d’entretien et de réparation en plus des autres charges fixes. Nous avons été fortement impactés lors des deux précédentes campagnes. Nous tablons sur l’actuelle saison pour pouvoir redresser la situation. Actuellement, nous sommes confrontés à de nouvelles contraintes dont le renchérissement de certains produits que nous utilisons. S’agissant des fils et des cordes pour enserrer les bottes de paille, les prix ont doublé, passant de 400 à 800 dirhams le rouleau. Le pack de sac en plastique qui affichait 46 DH, est vendu actuellement à 74 DH. Et ce, sans oublier les pièces de rechange dont le prix a nettement flambé», souligne Abdellah Medkouri, secrétaire général des propriétaires de matériel agricole de la région d’El Gara, relevant de la province de Berrechid.
Il appelle le gouvernement notamment le département de l’agriculture à les soutenir en leur offrant de meilleures conditions de travail et surtout de subventionner le carburant comme c’est le cas pour d’autres opérateurs à l’image de la pêche traditionnelle. Ces professionnels relèvent d’autres complications qui entravent leur travail et qui sont cette fois d’ordre administratif. Il s’agit des restrictions sur les déplacements entre les régions et l’obligation de détenir un permis de conduire de type EC dédié à la conduite des remorques.
«Cela fait 50 ans que j’exerce ce métier et on ne m’a jamais exigé un permis de remorque. Mais cette année, les autorités sont intransigeantes à ce sujet. Pour avoir ce permis, il faut débourser 7.000 DH de frais de formation pour les auto-écoles sans compter les autres frais de dossier. Je ne peux pas recruter un chauffeur de remorque, car ces professionnels préfèrent travailler pour le compte des entreprises de transport et de logistique où leur condition sont plus favorables. Ils sont affiliés à la sécurité sociale et bénéficient d’une assurance retraite. Leur salaire varie entre 8.000 et 12.000 DH par mois, susceptible de passer à 15.000 DH pour le transport à l’international. Ils ne peuvent en aucun cas travailler comme chauffeur d’une moissonneuse batteuse pour 200 DH les 12 heures par jour dans des conditions de travail pénibles notamment la poussière, la chaleur et autres désagréments», souligne Mohamed Hachmi, propriétaire d’engins agricoles de la région des Mdakra.
Si la campagne agricole s’annonce d’ores et déjà sous de bons auspices, cela n’empêche que des problèmes récurrents surgissent pour les exploitants. Le nombre de moissonneuses batteuses pour tout le Maroc dépasse à peine les 5.000 engins. Une bonne partie de ces machines ont une moyenne d’âge de plus de 20 ans, ce qui génère des effets indésirables sur les récoltes et la qualité des produits. Aussi, le prix de la moisson par hectare a été revu à la hausse. En saison normale, il est de 150 à 200 DH pour le bour et de 400 à 600 DH pour l’irrigué.
Pour cette année, la fourchette des prix devrait commencer à partir de 300 DH pour le bour et 600 DH pour l’irrigué. Le même constat est à signaler pour les autres engins agricoles. Profitant de la forte demande, les propriétaires exigent des tarifs plus élevés. La main-d’œuvre est également fortement sollicitée. Lors des saisons de sécheresse, le prix journalier oscillait entre 60 et 80 DH. Pour cette saison, les prix varient entre 100 à 150 DH/par jour.