Le phénomène continue de perturber le circuit organisé et la circulation.
Un recensement et des études sur cette population s’imposent pour trouver des solutions.
Par C. Jaidani
Tous les ministres qui se sont succédé à la tête du département de l’Industrie et du Commerce ont réalisé des résultats remarquables dans le premier département et n’ont pas pu atteindre les objectifs escomptés dans le deuxième. Et pour cause, le premier s’active dans un environnement organisé et structuré et le deuxième est plus dominé par l’informel. L’activité des marchands ambulants demeure la plus compliquée et la plus délicate à restructurer. Le phénomène a pris des ampleurs alarmantes, surtout avec l’occupation du domaine public, causant des désagréments pour les riverains et impactant sérieusement le trafic routier et la sécurité des piétons.
Certains quartiers deviennent infréquentables et sont redoutés par les transporteurs et les taxieurs. Le gouvernement a lancé différentes stratégies et programmes pour organiser l’activité, mais les résultats n’ont pas suivi. Le plan Rawaj 2009-2013 a profité essentiellement à la grande distribution et s’est avéré un fiasco pour les autres segments. Pour sa part, le ministère de l’Intérieur, en partenariat avec les collectivités locales, a mis en œuvre un programme pour le regroupement des marchands ambulants dans des marchés pilotes.
«C’est une expérience qui n’a réussi que dans des lieux limités, surtout dans les arrondissements qui ont vu une implication forte du gouverneur, à l’exemple de Bernoussi. Par contre, dans d’autres lieux, de nombreux bénéficiaires ont préféré céder leurs commerces pour revenir à leur activité initiale. Certaines personnes ont bénéficié de ces commerces sans pour autant être éligibles. Pour des considérations électorales, les présidents des communes et les membres du bureau ont favorisé celles qui leur sont fidèles», souligne Ahmed Belghiti de l’Union démocratique des commerçants et artisans (UDCA). Plusieurs partis veulent interpeller le gouvernement à ce sujet pour avoir des explications sur l’échec des stratégies mises en place. Le but étant de dégager les enseignements qui s’imposent et lancer des pistes de réflexion avec les acteurs concernés pour proposer des recommandations.
«Pour résoudre un problème, il faut l’analyser, le diagnostiquer, avoir des données fiables pour pouvoir dégager des solutions. Jusqu’à maintenant, nous ne connaissons pas quel est le nombre exact des marchands ambulants au niveau national, ni leur répartition dans les villes, le genre de commerce qu’ils exercent et encore moins leurs lieux d’activité», souligne Abdessamad Haikar, député PJD.
«Le problème implique plusieurs départements et collectivités locales. Outre celui du Commerce et de l’Intérieur, d’autres administrations ou intervenants sont concernés, comme l’ONSSA ou l’INDH. Il faut une approche intégrée et concertée et minutieusement préparée, selon les conclusions des études menées. L’exécution des programmes doit être supervisée par le wali ou le gouverneur et ne doit pas être temporelle afin d’atteindre les objectifs escomptés. Il faut également s’inspirer des expériences réussies de pays comme la Turquie. Mais avant tout, pour réussir une telle stratégie, il faut une volonté politique», a-t-il ajouté. Les autorités locales de Casablanca veulent relancer un ancien projet conçu en 2016 pour organiser les marchands ambulants. Le programme avait pour objectif d’identifier les marchands ambulants et de les réorienter par la suite vers le circuit formel.
Au départ, il faut donc absolument passer par l’étape du recensement, ensuite exiger une autorisation préalable qui fixe certaines conditions, comme la signature d’un engagement sur l’honneur de ne vendre que les produits conformes aux normes marocaines en matière d’hygiène et sûreté alimentaires, de ne pas perturber la circulation ou les autres commerces. Ils doivent aussi adhérer à l’assurance maladie obligatoire (AMO). Pour les séduire, les autorités devront proposer certains éléments d’intéressement comme leur recasement dans des lieux dédiés, la subvention de leur matériel de mobilité….