Selon la Banque mondiale, qui vient de publier son dernier rapport de suivi de la situation économique de la région MENA, la croissance économique marocaine reste tributaire des aléas de la météo. Après une production céréalière record en 2015, le Maroc a connu une grave sécheresse en 2016. La production agricole, qui représente encore près de 15% du PIB du pays, a diminué d’environ 10 %, ramenant le taux de croissance du PIB global à 1,1% en 2016.
En dépit des gros investissements publics consentis ces dernières années, le secteur non agricole reste morose, avec un taux de croissance de l’ordre de 3%, note la BM.
Le chômage a légèrement décliné à 9,4%, mais cette évolution masque un recul prolongé du taux de participation au marché du travail qui, aujourd’hui, est largement inférieur à 50%. La BM estime à 1,7 million le nombre de jeunes de 15 à 24 ans qui n’étaient pas scolarisés, n’avaient pas d’emploi ou n’étaient pas en formation en 2016.
Toujours selon l’institution de Bretton Woods, les précipitations abondantes depuis l’automne 2016 donnent à penser que la croissance du PIB devrait rebondir à 3,8% en 2017. «On s’attend à une production céréalière supérieure à sa moyenne historique et le PIB agricole devrait augmenter de près de 10 %. On prévoit également un accroissement du PIB non agricole qui, bénéficiant de l’embellie du secteur agricole et de la confiance grandissante à la fois des consommateurs et des producteurs, serait légèrement supérieur aux tendances récentes».
Cela dit, il est peu probable que cette conjoncture positive se traduise par d’importantes améliorations dans la structure du marché du travail, prévient la BM.
Sur le plan de la dynamique de réformes, celle-ci marque le pas à cause des retards accusés dans la formation du nouveau gouvernement après les élections législatives d’octobre 2016.
À moyen terme, les perspectives de l’économie marocaine devraient s’améliorer, souligne la Banque mondiale, à condition que le prochain gouvernement soit disposé à mener des politiques macroéconomiques prudentes et appliquer des réformes structurelles de façon à renforcer le cadre des affaires, moderniser l’administration publique et améliorer l’accès à des services publics de qualité, entre autres.
Le passage progressif à un régime de change plus flexible annoncé par la Banque Al-Maghrib devrait aussi contribuer à renforcer la compétitivité du Maroc.
La mise en œuvre programmée de la loi de finances organique et du processus de décentralisation devrait permettre de renforcer la gouvernance et l’efficacité du secteur public et, globalement, la croissance du PIB annuel devrait atteindre son potentiel actuel de 4 % en moyenne.
Toutefois, «au regard de la volatilité de la production agricole marocaine, des perspectives économiques peu optimistes dans la zone euro et du risque persistant d’une dégradation de la situation géopolitique dans la région, les prévisions pour le pays sont orientées à la baisse», indique le rapport.
La modernisation du secteur agricole, la diversification du tissu industriel et le développement du secteur des services devraient contribuer à atténuer les risques dont la gestion relève des pouvoirs publics.
Pour ce faire, explique la BM, il faudra s’employer vivement à renforcer les autorités responsables des marchés au Maroc, particulièrement celles qui sont chargées de veiller à une répartition efficace de la main-d’œuvre et du capital, et de promouvoir l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
Enfin jugent les experts de Bretton Woods, le Maroc reste confronté au défi d’une transformation structurelle relativement lente. Parce que structurellement, il s’appuie encore sur les activités non marchandes (comme la construction), ses gains de productivité ont été limités durant les deux dernières décennies, en dépit d’investissements considérables. Et ces investissements (principalement de grands projets d’infrastructure financés par l’État) ne sont pas encore parvenus à stimuler la croissance.
D’après la Banque mondiale, «pour accroître ses gains de productivité et sa compétitivité à moyen terme, le Maroc doit s’atteler à renforcer la gouvernance dans le secteur public, moderniser l’administration publique, renforcer les liaisons entre les régions et améliorer les résultats du système éducatif. Au bout du compte, sa prospérité dépend fondamentalement de sa capacité à densifier son capital humain».
Enfin, les faibles taux de participation des femmes et des jeunes au marché du travail appellent aussi l’attention sur la nécessité de faire une plus grande place à ces deux segments de la population.