Les 5 premiers mois de l’année 2015 confirment la montée en puissance des exportations, tirées essentiel­lement par le dynamisme des phosphates et du secteur automobile. La campagne agricole, qui atteint des sommets avec 110 millions de quintaux, aura des externalités positives sur l’activité.

L’orientation favo­rable de la demande exté­rieure qui bénéfi­cie aux exportations et les pré­mices d’une campagne agricole exceptionnelle sont les princi­paux moteurs du dynamisme de l’économie nationale, constaté depuis le début de l’année.

Ainsi, selon la Direction des études et des prévisions finan­cières (DEPF), qui vient de publier sa dernière note de conjoncture, les exportations marocaines ont particulière­ment brillé lors des premiers mois de l’année. «Les expor­tations de biens, qui ont pro­gressé de 5,8% en valeur à fin mai 2015 à 91 milliards de dirhams, ont profité de l’orien­tation favorable de la demande extérieure, en particulier pour les produits phosphatés, de l’automobile, de l’électronique et de l’agroalimentaire, augu­rant d’une évolution favorable pour les industries chimiques, les industries alimentaires, les industries électroniques et pour l’industrie automobile», peut-on lire dans la note de conjoncture.

Les phosphates cartonnent

Les phosphates se sont parti­culièrement distingués. Au titre des quatre premiers mois de 2015, le chiffre d’affaires à l’export du groupe OCP conti­nue sa bonne performance, affichant une progression de 18,8% à plus de 13,6 milliards de dirhams. Cette hausse est à mettre à l’actif de la bonification de la valeur des exportations des dérivés de phosphates de 21,6% et de celle des phos­phates de roche de 9,2%, tirant profit de l’augmentation de leur prix moyen à l’export de 30,2% et de 29,9%, res­pectivement, comparativement à fin avril 2014. A fin mai 2015, le groupe OCP réalise un chiffre d’affaires à l’export de 18 milliards de dirhams, en pro­gression de 22,3% par rapport à l’an dernier. En 2014, à la même période, les exportations de phosphates reculaient de 11,3%. Conséquence de cette embellie, la part des exporta­tions de phosphates dans les exportations totales s’amé­liorent : elle passe de 17,1% l’année dernière à 19,8% à fin mai 2015. Notons que cette embellie risque de se prolonger durant l’année 2015, le groupe dirigé par Mostafa Terrab bénéficie en effet de perspectives favorables tant au niveau de la demande mondiale en engrais que des prix.

L’automobile en vedette

Mais les phosphates ne sont plus le premier poste des exportations du Maroc dans la mesure où ils sont détrônés, de peu, par un secteur automobile, de plus en plus triomphant. A fin mai 2015, les exportations du secteur automobile ont aug­menté de 11% pour s’établir à 19,9 milliards de dirhams, ce qui représente ainsi le premier poste des exportations avec une part de 21,8% contre 20,8% l’année précédente. Selon la DEPF, «cette évolution a bénéfi­cié, notamment, du raffermisse­ment des exportations de l’acti­vité de construction de 15,4% à 10,1 milliards de dirhams et de celle du segment câblage de 4,8% à 8,1 milliards». Les exportations du secteur de l’agriculture et de l’agroalimen­taire ont également le vent en poupe. Elles ont augmenté de 11,2% par rapport à fin mai 2014 pour atteindre 19,2 mil­liards de dirhams, soit 21,1% des exportations totales. La DEPF attribue cette évolution à la hausse des exportations de l’industrie alimentaire de 22,7%, à 10,4 milliards de dirhams. Petite déception, en revanche, pour les exportations de la branche aéronautique, l’un des métiers mondiaux du Maroc, qui, à fin mai 2015, a reculé de 2,8% à 3,1 milliards de dirhams. Toujours est-il que la hausse des exportations, couplée au recul des importations de l’ordre de 9,6%, a allégé le déficit commercial à fin mai 2015 de 25,3%, en glissement annuel, à 63,1 milliards de dirhams. Le taux de couverture des importations par les expor­tations des biens s’améliore de 8,7% pour s’établir à 59,1% (voir graphe). Un niveau que le Royaume n’avait plus connu depuis des années.

Agriculture : une année record

L’autre excellente nouvelle pour l’économie marocaine est la campagne agricole record pour 2015 et la bonne qualité de la récolte de blé tendre, ce qui devrait réduire les importa­tions en blé tendre. «Les pre­miers échantillons prélevés et analysés de la récolte céréa­lière de la campagne agricole 2014-2015, marquée par un niveau record de 110 millions de quintaux font état d’une bonne qualité du blé tendre», fait-on remarquer à la DEPF, qui cite le ministère de l’Agricul­ture. Ces résultats sont dus aux bonnes conditions climatiques et à l’amélioration des indica­teurs de la filière (+6,5% pour l’utilisation des semences cer­tifiées, +8,3% pour l’utilisation des engrais et +27% pour les superficies emblavées). Cette campagne aura des retombées positives sur la demande inté­rieure, le commerce, le trans­port et l’activité économique en général.

Le tourisme en berne

C’est à coup sûr l’une des déceptions de l’économie nationale en 2015. La destination Maroc subit en effet un coup d’arrêt puisque le nombre des arrivées touristiques a totalisé près de 2,8 millions d’arrivées à fin avril 2015, affichant un recul de 1,5%, comparativement à la même période de l’année précédente, après une hausse de 9,8% un an plus tôt. La DEPF explique cette régression par la baisse des arrivées de touristes étrangers de 5,8%, alimen­tée à raison de 74,7% par le retrait des arrivées de touristes français, dont le volume s’est replié de 7,9% à fin avril 2015. Du côté des arrivées des MRE, elles poursuivent leur orientation favorable, enregistrant une progression de 5,7%, après la hausse de 5,1% à fin avril 2014.

A. Elkadiri