Economie de la connaissance : Quel rôle des Etats ?

Economie de la connaissance : Quel rôle des Etats ?

 

altLa révolution technologique et des systèmes d’information a provoqué de grands bouleversements dans nos sociétés. L’économie de la connaissance est de ce fait une réalité que les Etats doivent assimiler et accompagner pour en tirer profit. Si nombre de théories économiques se retrouvent désormais désuètes, une chose est sûre : investir demeure le meilleur choix économique pour les Etats désireux de relever ce défi. Et classique parmi les classiques, le rôle de l’école demeure incontournable. 

 Le Conseil du développement et de la solidarité, CDS, présidé par Mohamed Benamour, a accueilli le 9 mars Luc Chatel, ancien ministre français de l’Education nationale, député et président du Groupe d’amitié France – Maroc à l’Assemblée nationale. 

L’invité du CDS a animé une rencontre autour du thème «Défis et enjeux de la société de la connaissance».

«La thématique propose d’aborder une transformation colossale de notre société, celle de la numérisation de la société par les nouvelles technologies de l’information, qui à leur tour, provoquent une transformation de la connaissance et des savoirs, du monde de l’économie, du marché du travail et une révolution des métiers. L’importance de cette thématique est cruciale, car pour préparer l’avenir, il faut vivre l’aventure scientifique dans l’éducation, et débattre de son rôle dans la construction de nos sociétés», souligne Mohamed Benamour à l’ouverture de cette rencontre. A cette occasion, le président du CDS a tenu à rappeler le rôle important joué par Luc Chatel dans le dénouement de la crise qui a paralysé pendant 11 mois les relations entre le Maroc et la France. 

Déluge informationnel 

«L’économie de la connaissance, ce n’est ni de la prospective, ni un fait qui interviendra dans le futur mais elle est bien réelle. Elle est d’ailleurs le carburant de l’économie réelle». Ces en ces mots que l’actuel conseiller de Nicolas Sarkozy a entamé son intervention. Pour Luc Chatel, la mondialisation aussi n’est pas un modèle ou un choix, c’est un fait. Il l’a défini d’ailleurs comme la contraction du temps et de l’espace. Pour bien planter le décor et donner la pleine mesure du déluge informationnel auquel nous sommes exposés, Luc Chatel a livré quelques données éloquentes : en dix ans, il a été produit plus de connaissance que depuis le début de l’humanité ; en 20 ans le nombre des brevets a été multiplié par 2,5, s’établissant actuellement à 10 millions de brevets en circulation avec 2,2 millions de brevets additionnels chaque année ; 16.000 nouvelles espèces sont découvertes par année et on estime que sur les 15 millions d’espèces que compte l’univers, seules 1,8% ont été identifiées; la capacité de la recherche a été multipliée par 15 en dix ans…

«Aujourd’hui, tout citoyen peut produire et consommer un produit et un service, ce qui bouleverse tous les équilibres économiques tels qu’on les a pensés depuis 200 ans», précise Luc Chatel au micro de Finances News Hebdo. Tout le défi est de savoir comment tirer profit de cette évolution. Pour Luc Chatel, la marge de manoeuvre est très large pourvu qu’on fasse les meilleurs choix économiques : investir !

«Il y a une erreur à ne pas commettre et je le dis d’ailleurs à mes amis français, celle de penser que cette économie de la connaissance, cette mondialisation qui est une économie du temps et de l’espace serait une option, un choix ou une théorie économique ou politique. Il s’agit d’un fait qui s’impose à nous. Toutes les théories, depuis la révolution industrielle et du siècle des lumières ont été battues en brèche. L’économie de la connaissance, avec la mondialisation, est une révolution que le monde n’a jamais connue. Dans un instant T, on est désormais capable d’accéder à toutes les connaissances bousculant ainsi les champs du possible. Evidemment, nous avons une remise à plat des théories économiques et vous avez des économistes qui essayent de théoriser ces changements, ce qui est en soi très intéressant. Et le rôle des Etats est vraiment d’accompagner et de ne pas se cantonner dans le passé. Ce n’est pas avec les recettes du 20ème siècle ou de la révolution industrielle qu’on captera cette économie du savoir», poursuit l’ancien ministre français de l’Education. Il a d’ailleurs donné pour exemple le crédit impôt- recherche pour développer la R&D des entreprises.

Aussi, un cadre juridique est-il également à définir pour accompagner les différentes mutations de la société de la connaissance (Propriété intellectuelle, données personnelles...).

L’école, un maillon crucial

«60% des métiers de demain ne sont pas encore connus», soutient Luc Chatel, ce qui pose la question de quelle formation donner aujourd’hui aux jeunes pour le monde de demain. 

Pour le député UMP, il faut travailler sur les fondamentaux, pour bien préparer les jeunes à une ouverture d’esprit et les rendre capables d’avoir une vision transversale. Leur donner le goût de la culture, des sciences, des mathématiques… et de rappeler que l’école primaire a dans ce sens un rôle incontournable à jouer.

Et Luc Chatel de conclure, «Marcel Proust disait que le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux». 

D’où l’urgence, comme le souligne Mohamed Benamour, de préparer les jeunes et de les former à cette transition qui intéresse toutes les dimensions de la formation, de la pédagogie, des contenus et des enseignants ! 

 

Imane Bouhrara

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