E-services: le pari de la digitalisation du monde agricole

E-services: le pari de la digitalisation du monde agricole

2 millions d’agriculteurs et d’usagers des e-services agricoles seront connectés à l’horizon 2030.

Les équipements de dernière génération sont capables d’orienter l’irrigation en fonction des besoins des plantes.

 

Par C. Jaidani

La révolution numérique est en marche. Le digital est fortement sollicité par tous les secteurs, y compris l’agriculture. La technologie offre des outils performants pour le développement de la chaîne de valeur. Elle peut améliorer la productivité, la traçabilité, la qualité, l’accès aux marchés, la gestion efficace des intrants et des ressources. Au niveau mondial, les investissements dans la digitalisation agricole ont représenté, en 2021, 24 milliards de dollars pour les start-up, avec une croissance annuelle de plus de 10%. Il existe une belle opportunité pour les entreprises marocaines de développer des solutions et des projets innovants et se positionner dans ce domaine.

A cet égard, de nombreux projets sont lancés à ce niveau, et ce pour répondre aux besoins des différentes filières agricoles. «Generation Green mise beaucoup sur le digital pour donner une nouvelle impulsion à l’agriculture nationale. Nous voulons connecter 2 millions d’agriculteurs et d’usagers à des e-services agricoles à horizon 2030», a affirmé Mohamed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, à la 3ème édition des «Agro IT Days». Il a mis en exergue «l’importance de la dématérialisation pour tous les acteurs de la chaîne de valeur agricole, notamment les agriculteurs, qui arrivent, grâce à la transformation digitale, à atteindre une meilleure rentabilité des exploitations, à améliorer leurs conditions de travail et de vie et à réduire l'impact des intermédiaires».

Produire plus, dépenser moins et respecter l’environnement, tels sont les défis que veut relever l’agriculture. La technologie est appelée à jouer un rôle clé dans ce domaine, à travers une utilisation rationnelle des ressources hydriques et des intrants afin d’optimiser le rendement des exploitations. Contrôlables à distance, les équipements de dernière génération comme les drones ou les appareils de mesure sont capables de suivre le niveau d’humidité et d’orienter l’irrigation en fonction des besoins des plantes et aussi des données de la météo nationale. Ils permettent aussi de détecter les mauvaises herbes ou les insectes ravageurs et d’intervenir au moment opportun. Ils indiquent par ailleurs avec précision la date idéale pour démarrer les cultures, les travaux de semi, de produits phytosanitaires et aussi les récoltes.

«Numériser l’agriculture apparaît comme une nécessité, vu les conséquences de la crise sanitaire sur la chaîne de valeur agricole. L’adoption accélérée des technologies digitales, combinée à l’amélioration des circuits d’approvisionnement, constituera un tournant pour le secteur. Les exploitations modernes font appel à des appareils hightech, des solutions et des logiciels pour intervenir dans les parcelles, être conformes à la réglementation, faire le suivi de la certification à l’export ou gérer la main-d’œuvre pour les fermes qui disposent d’un effectif important», souligne Mohcine Khomri, conseiller agricole. Il faut noter que plusieurs groupes marocains ayant un lien direct avec les agriculteurs ou le monde rural, à l’image de l’OCP, Crédit Agricole du Maroc, Cosumar et autres ont lancé des solutions ou des offres à destinations des exploitants.

Par exemple, le groupe OCP a lancé l’application @tmar qui permet de fournir aux agriculteurs plusieurs services d’assistance et de conseil, en adaptant l’offre d’engrais aux besoins spécifiques des régions et des cultures. Toutefois, force est de constater que la pénétration du digital dans l’agriculture nationale reste confrontée à de nombreuses contraintes, notamment l’analphabétisme et le coût d’acquisition. «De nombreux agriculteurs marocains sont analphabètes ou ont un niveau d’instruction limité, mais cela n’empêche qu’ils font des efforts pour s’adapter à l’évolution technologique. Pour ce qui est du coût du matériel, les exploitants ont compris qu’ils peuvent rentabiliser leurs investissements et aller de l’avant plus vite. Il faut juste leur montrer la pertinence du budget mobilisé», explique Khomri. 

 

 

 

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