Indépendance thérapeutique, renforcement des droits de la santé et celui de la coopération Sud-Sud ont été les maîtres-mots de la première rencontre internationale Menafrique santé, organisée récemment à Casablanca par les laboratoires pharmaceutiques Galenica. Cette manifestation placée sous le haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, rehaussée par la même occasion par la présence du ministre de la Santé du Maroc, El Houssaine Louardi, et ses homologues de plusieurs pays africains pour ne citer que le Gabon et la République Centrafricaine, était l’occasion pour les intervenants de conscientiser sur le retard du continent en matière d’accès aux soins et aux médicaments.
Il était aussi question d’exposer le savoir-faire national en matière de fabrication de médicaments, notamment pour l’hépatite C qui constitue un réel problème de santé publique à l’échelle mondiale et africaine. Devant un auditoire composé de professionnels de la santé et de politiques, Abdelghani El Guermai, président-fondateur des laboratoires Galenica, n’a pas usé de la langue de bois pour épargner l’assistance.
«La situation dans notre continent est désastreuse en matière de santé (...). Le droit à la santé est un droit fondamental qu’il convient de garantir aux citoyens africains», s’offusque-t-il.
Au-delà de l’impératif d’harmoniser les législations, tout en renforçant les transferts de technologie et la coopération industrielle dans le respect de la dignité africaine, Abdelghani El Guermai reste persuadé que la coopération Sud-Sud constitue un vecteur d’amélioration de l’accès et de la qualité des soins sur le continent.
En cela, les pays du Sud, forts d’une expertise en matière de fabrication de médicaments à l’instar du Maroc, au fait des réalités du continent, sont à même de mieux satisfaire les besoins des pays africains confrontés à la hausse des pathologies chroniques et au pouvoir d’achat faible de leurs populations. D’ailleurs, les laboratoires Galenica ont mis au point un médicament contre l’hépatite C avec un taux d’efficacité de plus de 95%. Cette prouesse découle du coût raisonnable du traitement (300 euros contre 80.000 euros en Europe).
Cela dit, Léon N’Zouba et Fernande Ndjengbot, respectivement ministre de la Santé du Gabon et de la République Centrafricaine, ont exprimé l’espoir porté au partenariat Sud-Sud pour le développement de la santé en Afrique. C’est-à-dire trouver des solutions africaines aux problèmes du continent, qui compte près d’un milliard d’habitants. «Dans notre pays, nous traitons avec de puissants laboratoires pharmaceutiques qui poussent les responsables politiques à prendre des décisions n’allant pas toujours dans l’intérêt de nos populations», confie Fernande Ndjengbot.
Même si les professionnels se sont accordés pour dire que les dépenses de santé qui ont une grande portée économique et sociale sont rentables à long terme, force est de reconnaître que du chemin reste encore à faire sur le continent. En comparaison aux pays développés où les dépenses de santé pèsent près de 9,6% du PIB, celles-ci ne représentent que 2% du PIB du continent. Autres chiffres qui interpellent, l’Afrique qui concentre près de 50% de la mortalité infantile, ne regroupe que 1,3% des professionnels de santé à l’échelle mondiale, sachant qu’elle pèse 25% des charges de santé au niveau mondial. Autre comparaison édifiante, le continent africain, avec près d’un milliard d’habitants consomme 2,3% des médicaments produits dans le monde. Ce qui le place au niveau d’un pays comme l’Espagne. Ces quelques données tranchent radicalement avec les taux de croissance à deux chiffres et le boom économique que connaissent les pays africains. D’où le sens de l’appel de Abdelghani El Guermai qui exhorte les politiques à ériger le développement de la santé en priorité. ■
par M. Diao