L’agriculture s’accapare 80% des apports en eau.
Vaste programme pour la construction des barrages et déploiement de nouvelles techniques d’irrigation.
Par C. Jaidani
L’agriculture représente un secteur phare de l’économie nationale. Avec le Plan Maroc Vert, puis Generation Green, le Maroc veut donner une nouvelle impulsion à l’activité à travers l’amélioration de la qualité et l’augmentation de la productivité et du rendement. Ces objectifs doivent être atteints en évitant d’avoir un effet négatif sur l’environnement. C’est pour cette raison que le gouvernement préconise l’encouragement d’une agriculture durable.
L’idée est d’opter pour une utilisation rationnelle des intrants, notamment les produits phytosanitaires qui doivent répondre aux normes en vigueur. L’objectif est d’assurer la conservation des sols et de la biodiversité.
Mais le principal défi a trait à la gestion des ressources hydriques. Le Royaume est doté d’un climat semi-aride et se retrouve de ce fait dépendant des aléas climatiques, avec une alternance des saisons pluvieuses et des années de sécheresse. L’exemple de la saison en cours est typique. Les mois de janvier et février 2022 ont été les plus secs des 30 dernières années, accusant un déficit hydrique de plus de 65% par rapport à la normale.
A contrario, le mois de mars et le début avril ont connu de bons niveaux de précipitation. Pour maîtriser ces contraintes, le développement de l’irrigation est un choix stratégique que le Maroc a pris depuis l’indépendance. Mais ce choix a été un peu compromis par la sécheresse. Le Royaume dispose actuellement de 149 barrages d’une capacité de 19,3 milliards de m3. Dans le cadre du programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027, 15 grands barrages sont en cours de construction totalisant des réserves de 4,3 milliards de m3. En dépit des efforts du pays pour mobiliser les ressources hydriques à travers la construction des barrages, les disponibilités en eau demeurent insuffisantes pour répondre aux besoins notamment de l’agriculture, qui monopolise pas moins de 80% des réserves.
A cet égard, l’Etat veut développer les techniques assurant des économies et une utilisation efficiente de cette précieuse denrée, comme l’irrigation localisée. Il est prévu d’augmenter le nombre des superficies utilisant cette technique de 50.000 hectares par an. Les superficies concernées totalisent actuellement 750.000 ha, portant le cumul des terres irriguées à plus de 1,7 million d’hectares. Menés à titre individuel ou collectif, l’Etat soutient les projets utilisant cette technique.
Depuis le forage et le cuvelage des puits, les bassins de stockage d’eau jusqu’aux équipements des exploitations (installation des pompes d’eau, des canalisations et autres conduites), tout un système d’aide est mis en place, qui concerne également les travaux d’aménagement complémentaires. Les subventions publiques peuvent atteindre 80% du coût d’acquisition ou des travaux. Cette forme d’irrigation a permis de reconvertir plusieurs exploitations qui étaient essentiellement dédiées aux céréales vers des filières assurant plus de revenu pour les exploitants. L’idée est aussi d’assurer une bonne gestion de l’eau dans les zones à fort potentiel agricole, mais subissant une forte pression sur les ressources hydriques, comme Souss et Haouz par exemple. Il faut noter également que le secteur agricole consomme 7% de l’énergie nationale, dont une partie est utilisée pour le pompage de l’eau.
Les exploitants se servent essentiellement de gaz butane subventionné pour irriguer leurs terres. Toutefois, le pompage solaire gagne de plus en plus du terrain en raison de la baisse des prix d’acquisition des équipements et du coût de cette énergie. Plus compétitif qu’auparavant, il est estimé en moyenne à 0,44 DH/m3 contre 0,98 DH/ m3 pour l’électricité, 1,67 DH/ m3 pour le gasoil et 0,76 DH/m3 pour le butane. Actuellement, près de 35.000 exploitations sont équipées de cette technique. Il est prévu de porter ce taux à 40% à l’horizon 2030.