Développement du paiement électronique en Afrique : Les opérateurs marocains affûtent leurs armes

Développement du paiement électronique en Afrique : Les opérateurs marocains affûtent leurs armes

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Généraliser le paiement électronique en Afrique ne sera pas une tâche aisée en raison d’une panoplie de contraintes. Atteindre cet objectif pourtant nécessaire exige davantage d’implication de la part des pouvoirs publics africains. Forts de leur savoir-faire et d’une kyrielle d’avantages comparatifs, les opérateurs marocains oeuvrant dans l’industrie monétique comptent participer activement à l’essor du paiement électronique dans le continent.

L’attractivité et l’engouement des opérateurs-clefs gravitant autour de la monétique (Etats, fournisseurs de solutions, experts, banques) pour Cartes Afrique, haut lieu de la réflexion de l’économie cashless et des moyens de paiement en Afrique francophone, ont été amplement confortés par une forte participation internationale. En effet, la onzième édition, qui s’est tenue récemment dans la ville ocre, avec comme invité d’honneur la Côte d’Ivoire, a enregistré une présence de 600 dirigeants issus de 50 pays. C’est dire l’intérêt de cet événement international devenu incontournable pour la communauté africaine évoluant dans la branche de la monétique. Cette édition était aussi une vitrine de premier plan de l’innovation et des avancées considérables réalisées en matière d’économie cashless. A ce titre, il est utile de souligner que les ténors marocains, pour ne citer que les sociétés Data Protect, S2M, M2M et bien d’autres entités internationales, ont exposé dans leur stand et lors des différentes plénières leur savoir-faire. Cela dit, la manifestation placée sous le signe de la coopération Sud-Sud était l’occasion de mettre sur orbite les contraintes pesant sur l’essor de la monétique en Afrique francophone et les solutions idoines collant aux réalités locales. Pour peu qu’on s’intéresse à l’écosystème de la monétique du continent africain, il est assez aisé de comprendre que les principaux obstacles sont, entre autres, l’importance de l’informel, le faible taux de bancarisation situé à 5% dans certains pays, les coûts d’acquisition de la logistique nécessaire pour les transactions électroniques. Interpellé par nos soins, Abdoul Razak Paraiso, employé de banque au Niger, récompensé par les organisateurs de Cartes Afrique pour l’invention d’un système de retrait de bourses par carte bancaire au profit de 10.000 étudiants nigériens, prône l’engagement accru des gouvernements pour l’essor des transactions électroniques sur le continent.


La responsabilité des Etats
«En dépit des progrès notoires réalisés par nos Etats, l’analphabétisme combiné à la culture ancrée du cash, même au sein des classes instruites, fait que le niveau des transactions électroniques est encore timoré en Afrique de l’Ouest», assure Abdoul Razak Paraiso. Dans le même ordre d’idées, rappelons que l’implication de l’Etat dans le processus de l’économie cashless est d’autant plus opportune que celui-ci est le premier bénéficiaire de la généralisation du paiement électronique, qui favorise la transparence, la traçabilité, mais aussi la lutte contre l’informel. A ce titre, la promotion des transactions électroniques dans les pays africains peut passer entre autres par des dégrèvements fiscaux, des seuils de montants obligatoires et des pénalités. Selon Abdelouahed Elrhassir, Directeur général de la société Cardpro Services, au-delà de la valeur créée, la monétique constitue un puissant levier d’inclusion financière pour l’Afrique. «Avec les nouvelles technologies, il est possible de toucher une grande partie de la population africaine, située parfois dans des zones enclavées», poursuit-il. Notons dans le même ordre d’idées, qu’au regard de la généralisation de l’utilisation du téléphone mobile, force est de constater que le mobile Banking constitue un grand gisement de croissance pour les transactions électroniques en Afrique. D’ailleurs, le Kenya a su relever une partie des défis inhérents à l’inclusion financière de sa population. Pour l’heure, grâce au mobile payment, des millions de Kenyans non-bancarisés arrivent à effectuer des transactions financières, et ce grâce à l’interopérabilité et l’interbancarité. Au-delà de ces enjeux, Abdelouahed Elrhassir reste persuadé que les acteurs marocains ont les épaules assez larges pour s’engager davantage dans le processus de développement du paiement électronique en Afrique.


L’accompagnement des entreprises marocaines
C’est un truisme de rappeler que la monétique requiert une grande capacité d’innovation de la part des entreprises, mais aussi une faculté d’adaptation aux spécificités locales. «Hormis leur savoir-faire, les entreprises marocaines ont un avantage comparatif réel en Afrique comparées aux opérateurs issus d’autres continents, et ce eu égard aux proximités culturelle et géographique», souligne Abdelouahed Elrhassir. L’autre atout indéniable des opérateurs locaux dans le domaine de la monétique est la forte présence des banques marocaines en Afrique subsaharienne.
De plus, le nombre de cartes bancaires en circulation (11 millions), les innovations récentes (contacless), et l’appétence croissante des Marocains pour le paiement en ligne, sont autant de facteurs objectifs confortant le dynamisme de l’écosystème monétique national. En définitive, le chemin reste encore long pour la généralisation du paiement électronique en Afrique. Du reste, certaines expériences permettent d’affirmer que l’espoir doit être de mise. En cela, la Côte d’Ivoire, hub financier de l’Afrique de l’Ouest, utilise d’ores et déjà le paiement électronique pour rapprocher l’Etat et les citoyens.

Momar Diao

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