Développement de l’Afrique : Le Maroc, un cas d’école

Développement de l’Afrique : Le Maroc, un cas d’école

 

Le manque d’accès à l’électricité pour près de 600 millions d’Africains, couplé au choc démographique et au changement climatique, diminue les velléités de développement du continent.

L'exemple du Maroc montre qu’il est possible pour les pays africains de sortir de la trappe de la vulnérabilité.

 

Par : Momar Diao

 

La sécurité et les effets du changement climatique sont des sujets de préoccupations de premier ordre pour les pays du continent dont la plupart fait face au déficit en infrastructures exacerbé par une démographie galopante. En l’espace seulement d’un demi-siècle, la population africaine est passée de 200 millions à près d’1,2 Md de personnes.

L’instabilité du Sahel en proie à l’extrémisme religieux et les tensions autour des Grands lacs (Afrique centrale) confortent le fort degré de conflictualité qui prévaut sur le continent. La rareté de l’eau ainsi que la diminution des ressources alimentaires de plus en plus fréquentes à cause du réchauffement climatique, deviennent des sources de conflits entre communautés. Ce qui constitue des risques de déstabilisation pour bon nombre d’Etats africains. 

Ces grands enjeux légitiment la thématique centrale de la 4ème édition de l’Africa Security Forum (ASF) qui s’est tenue récemment à Rabat et dont l’ouverture a coïncidé avec le démarrage des travaux de la COP25, abritée par la ville de Madrid. 

L’ASF, un espace de réflexion et de convergence des initiatives, afin d’apporter des réponses concrètes et adaptées aux enjeux auxquels le continent fait face, a été placé sous le signe de l’impact du changement climatique sur la sécurité en Afrique.

La quatrième édition de l’événement qui a accueilli les représentants de 35 pays africains et enregistré la participation de 400 experts et personnalités issus des cinq continents, a été rehaussée par la présence de l’ancien ministre français Jean-Louis Borloo, connu pour sa fibre environnementale prononcée ainsi que son engagement pour l’électrification du continent africain dont seulement 35% de la population ont accès à l’électricité. 

 

Une combinaison «fatale»

Le discours de vérité tenu par Jean-Louis Borloo qui a mis en exergue les énormes potentialités du continent a pointé du doigt une combinaison de nature à saper les velléités d’émergence de l’Afrique. 

Il s’agit du manque d’accès à l’électricité pour près de 600 millions d’Africains, couplé au choc démographique et au changement climatique à l’origine de la sécheresse, des inondations et de l’insécurité alimentaire. Sachant que l’Afrique dispose de plus de la moitié des terres arables recensées à l’échelle mondiale. Le continent fait les frais du réchauffement climatique sans pour autant être responsable de ce fléau qui met à l’épreuve les capacités de résilience de plusieurs pays. 

Pour preuve, un Africain émet en moyenne 200 Kg de C02 par an, un Indien une tonne, un Français 5 tonnes et demie et un Américain 20 tonnes. 

«Il est fort probable qu’à l’avenir les grand-messes internationales tournent à l’indécence. La vérité est qu’on a d’un côté les pollueurs qui sont les pays riches, et de l’autre, les Etats vulnérables», concède l’homme politique français, qui a eu le mérite de développer son argumentaire sans langue de bois. 

Le constat de Borloo sonne comme un appel à la prise de responsabilité des puissances afin de sortir de la spirale infernale des effets induits par le changement climatique, notamment pour les pays pauvres. 

 

Trappe de la vulnérabilité

Lors des échanges, les propositions saillantes ont été l’élaboration de peu de mesures avec des objectifs clairs pour l’accès à l’électricité pour tous en Afrique, un plan d’eau et d’assainissement ainsi qu’une stratégie pour le développement des infrastructures. «Il est impératif d’avoir une sorte de Plan Marshall sur ces trois volets», suggère Borloo dont l’intervention a constitué le point de la rencontre rythmée par trois panels, en l’occurrence la sécurité alimentaire et la gestion de l’eau, l’accroissement démographique, le développement agricole et l’anticipation des solutions de demain. 

 

Le Maroc cité en exemple

Lors de la rencontre à laquelle ont pris part des militaires sommés de travailler avec différents acteurs en raison du caractère global de la sécurité, l’exemple marocain a été érigé en exemple afin de montrer qu’il est possible d’améliorer la sécurité alimentaire sur le continent, tout en permettant à tous les Africains d’accéder à l’électricité. 

Le Royaume a su mettre en place des politiques publiques concluantes avec l’association du secteur privé, dans les domaines de l’agriculture (PMV) et de l’électricité et des énergies renouvelables. 

Dans le même ordre d’idées, tout l’enjeu pour la communauté internationale est d’amener les grandes puissances à prendre des mesures concrètes afin de contribuer à la mise en place de solutions à la hauteur des enjeux précités. 

Les relations d’interdépendance ainsi que le destin commun de l’Europe et l’Afrique sont confortés, entre autres par le fait qu’1 point de croissance généré en Afrique provoque une hausse de l’activité économique de l’ordre de 0,3% dans le Vieux continent. 

 

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