La filière s’adapte parfaitement au climat semi-aride du Maroc. Elle peut être cultivée en rotation avec d’autres cultures, notamment les céréales. Elle a la particularité de fixer l'azote sur le sol.
Utilisées seules ou en mélange dans l’assolement, les légumineuses représentent une carte maîtresse pour améliorer les bilans environnementaux des systèmes de cultures.
Dans toutes les campagnes agricoles, les cultures d’automne sont l’axe principal de la saison, mais les cultures printanières jouent aussi un rôle important, tant au niveau alimentaire qu’économique. Elles assurent une valeur ajoutée importante pour les fellahs comparativement aux céréales dont l’essentiel des variétés est cultivé à partir du mois d’octobre (les semis précoces) alors que d’autres, dites tardives, sont lancées à partir de janvier, selon les régions.
Il y a différents types de légumineuses cultivées au Maroc, mais les plus connues sont celles de grains. Après leur dessèchement, elles sont transformées en légumes secs comprenant les haricots secs, les lentilles, les pois chiches et les fèves. Il y a aussi les légumineuses fourragères qui servent d’aliment de bétail.
«Les légumineuses ont la particularité de résister à la chaleur et à la sécheresse. Elles ne sont pas gourmandes en eau. Elles correspondent parfaitement au climat semi-aride du Maroc. Mais elles ne supportent pas l'inondation, l'engorgement des sols ou une grande salinité. Elles peuvent être cultivées en rotation avec les céréales, comme le blé ou l’orge. Elles ont le don de fixer l'azote sur le sol, élément qui peut ensuite être utilisé par les cultures subséquentes. Elles sont conseillées pour l’entretien du sol», explique Abderrahim Belhaj, ingénieur agronome.
«Les légumineuses sont très demandées sur le marché, et les fellahs ne trouvent pas beaucoup de difficulté à écouler leurs produits car une bonne partie des besoins du Maroc est importée, notamment les lentilles. Leur prix fluctuent très peu assurant de ce fait des revenus stables», ajoute-t-il.
En effet, le rendement à l’hectare de légumineuses peut être multiplié par deux ou trois comparativement aux céréales notamment dans les régions bours qui représentent plus de 80% des terres arables.
La filière peut, par ailleurs, être un palliatif quand il y a peu de pluie pendant l’automne et que les performances des cultures ne sont pas au rendez-vous. Dans le cas contraire, lors des inondations, comme ce fut le cas cette saison dans les régions du Sud, la plupart des exploitants impactés ont attendu le dessèchement de leurs terres pour lancer des cultures printanières.
Outre l’apport agricole et alimentaire, les légumineuses ont aussi des effets favorables au niveau de l’environnement.
Utilisées seules ou en mélange dans l’assolement, elles représentent une carte maîtresse pour améliorer les bilans environnementaux des systèmes de culture.
Tous les experts du domaine affirment que l’intégration de légumineuses dans le système de culture présente de nombreux avantages environnementaux, notamment une nette amélioration des bilans énergie, gaz à effet de serre et polluants atmosphériques, grâce à la réduction des quantités d’azote (pas d’apport d’azote sur la légumineuse, moins sur la culture suivante). La filière permet une réduction des besoins en produits phytosanitaires à l’échelle de la rotation, grâce à la diversification des cultures, des dates de semis et des matières actives.
Grâce aux dates de récolte précoces et aux herbes peu encombrantes, les légumineuses permettent un travail de sol simplifié. Elles assurent par ailleurs une plus grande biodiversité et un choix de cultures dans les assolements.
Dans la décomposition du coût énergétique de la production, la fertilisation minérale, particulièrement la fertilisation azotée, est le poste le plus consommateur d’énergie avec le poste mécanique.
Ainsi, le potentiel de fourniture d’azote pour la culture suivante est estimé de 40 à 45 kg/ha pour une légumineuse pure, et de 30 à 40 kg/ha pour une association d’espèces avec une légumineuse.
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Féculents
Les féculents, graines des légumineuses, sont très demandés au Maroc, surtout l'hiver. La fève est la plus utilisée, car elle sert essentiellement à préparer la «bissara» une soupe traditionnelle très appréciée au Maroc, notamment dans le Nord du pays.
Les autres produits comme les pois chiches ou les lentilles sont sollicitées en particulier pendant le Ramadan pour préparer la fameuse «harira», une autre soupe typiquement marocaine.
La valeur nutritionnelle des légumineuses n’est plus à démonter. Elles servent souvent d'allongeur ou de succédané de viande en raison de leur teneur importante en protéines. C’est la protéine des pauvres. Elles entrent aussi dans la préparation de salades, de soupes, de ragoûts et de mets en cocotte ou végétariens. Bien qu'elles puissent aussi être employées pour l'alimentation du bétail, seules de faibles quantités de graines de qualité inférieure sont utilisées à cette fin.
A l’instar des autres filières, l’activité «légumineuses» est impactée par les mêmes maux. Les cultures sont essentiellement de type vivrier, et sont réalisées au niveau d’exploitations familiales ne dépassant pas les 5 hectares. C’est pratiquement le même type de production… depuis des siècles.
La vulgarisation des nouvelles techniques passe lentement ; l’utilisation des intrants ou des semences certifiées laisse à désirer. L’Etat a fait beaucoup d’efforts dans ce sens pour les céréales et d’autres filières, et le résultat est concluant.
On note ainsi une amélioration du rendement et de la productivité. Le même programme de développement est préconisé pour les légumineuses. Il permettra d’assurer, à terme, les besoins du Maroc et d’améliorer notoirement le revenu des exploitants.
Pour ce faire, il est indispensable de former des ingénieurs et des techniciens spécialisés en la matière en vue d’encadrer adéquatement les exploitants.
Charaf Jaidani