Crédit-impôt investissement: une carotte fiscale nécessaire pour booster l’investissement

Crédit-impôt investissement: une carotte fiscale nécessaire pour booster l’investissement

Au Maroc, l’encouragement de l’investissement privé par des incitations fiscales est devenu une nécessité.

L’acte d’investir pour une entreprise reste suspendu à plusieurs facteurs.

 

Par M. Diao

 

A quelque chose malheur est bon. Cet adage est conforté par la crise liée à la Covid-19, laquelle a rebattu les précieuses cartes de la localisation des chaînes de valeur mondiales. Cette nouvelle donne pourrait être profitable au Maroc qui jouit de l’avantage de la proximité avec l’Europe et l’Amérique du Nord en comparaison à certains pays asiatiques.

La posture de la CGEM a le mérite d’être sans ambages, puisque le patronat argue que le repositionnement du Maroc dans les nouvelles chaînes de valeur ne sera possible que si le pays se dote d’une offre concurrentielle à même de booster la compétitivité et la croissance des entreprises. Cette condition serait l’argument de taille et le principal motif pour l’investissement dans les secteurs productifs et créateurs d’emplois.

Le sujet de l’offre concurrentielle adéquate suscite le débat portant sur les coûts des facteurs de production. Un enjeu de taille pour le Maroc, destinationphare de l’investissement. C’est à ce titre que pour une transformation en profondeur, la CGEM a suggéré récemment, via son président, la mise en place d’incitations fiscales pour stimuler l’investissement privé. Et ce, notamment à travers la mise en place du crédit-impôt investissement et du crédit-impôt recherche.

D’où la pertinence de s’interroger sur l’opportunité d’instaurer dans l’immédiat un crédit-impôt investissement tel que recommandé par la CGEM. Le timing de la doléance patronale n’est pas fortuit, puisque le PLF 2022 est en cours de discussion au Parlement, notamment à la deuxième Chambre.

Une mesure nécessaire

«Au Maroc, l’encouragement de l’investissement privé par les incitations fiscales devient une nécessité. A ce titre, il est judicieux de mettre en place le crédit-impôt investissement tel que recommandé par la CGEM», assure Amine Diouri, directeur Etudes et Communication chez Inforisk. Et de rappeler l’importance de garder à l’esprit les principaux éléments qui poussent une entreprise à investir. Il s’agit de l’impératif de générer des gains de compétitivité sur le marché local, par exemple par l’acquisition d’un matériel nouveau pour baisser les charges d’exploitation.

L’investissement est également nécessaire pour une entreprise exportatrice, laquelle doit se conformer aux exigences de ses marchés de prédilection. «La visibilité conditionne aussi l’investissement des entreprises. Pour preuve, en 2020 (pic épidémique), l’on remarque que les crédits à l’équipement ont baissé avant de reprendre début 2021», explique Diouri. A l’évidence, la situation financière (trésorerie) est un paramètre-clef susceptible de conditionner l’investissement de l’entreprise. Au Maroc, les problèmes de trésorerie des TPME, dus en grande partie à l’allongement des délais de paiement, constituent un obstacle à l’investissement dans l’appareil productif ou l’innovation.

Diouri assure que les éléments passés en revue ont plus de poids dans la balance et que l’incitation fiscale sous forme de crédit-investissement est certes un plus, mais qu’il ne faut pas négliger. D’autant que la part des crédits à l’équipement octroyés (entreprises non financières privées) par rapport aux autres crédits a enregistré un trend baissier durant la dernière décennie. La part des crédits à l’équipement est passé de 17 à 10% en une décennie.

«Ces données mettent en exergue la problématique du financement bancaire», analyse notre interlocuteur. D’ailleurs, le classement Doing Business de la Banque mondiale en 2020 place le Maroc en 119ème position sur 190 en matière d’accès au crédit, alors que sur l’ensemble des autres indicateurs, le Royaume se classe dans le top 50.

En définitive, dans l’optique de booster l’innovation et l’investissement des entreprises, Amine Diouri demande à l’Etat de mettre en place les mécanismes de créditd’impôt qui ont marché ailleurs, notamment en France. 

 

 

 

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