Le manque d’infrastructures de qualité et la faible connectivité du continent provoquent incontestablement l’inflation des coûts logistiques, avec toutes les conséquences fâcheuses sur la compétitivité des entreprises africaines. Ces coûts sont deux fois plus élevés en Afrique qu’ailleurs, notamment dans les pays développés.
Le premier Congrès africain des transports et de la logistique, qui s’est tenu récemment dans la capitale administrative, a pu susciter des débats francs et constructifs sur la création d’écosystèmes régionaux, de nature à connecter l’Afrique à elle-même et au reste du monde. «Il faut considérer les transports et la logistique dans le tissu économique comme les veines qui irriguent le corps humain», clame Abdelilah Benkirane, Chef de gouvernement, lors de la cérémonie d’ouverture. Cet événement inédit, qui s’est déroulé pendant trois jours au Maroc, avait la particularité de fédérer les différents participants autour de l’urgence de développer des chaînes logistiques intégrées à l’échelle continentale, d’autant plus que le manque d’infrastructures provoque une inflation des coûts logistiques, qui sape la compétitivité des entreprises africaines.
Des coûts prohibitifs
A en croire Miriem Bensalah-Chaqroun, patronne de la CGEM, les coûts logistiques représentent près de 20% du PIB des Etats africains, tandis que ceux-ci tournent autour de 11% du PIB des pays développés. En d’autres termes, ces coûts sont deux fois plus élevés en Afrique. Partant, il est clair que les flux des échanges interafricains seront autrement plus importants avec le développement des projets logistiques régionaux, nécessitant une réelle volonté politique et l’investissement des pays africains. A noter que ce premier Congrès était l’occasion pour les acteurs-clés de la logistique et des transports au Maroc de mettre en lumière les importantes réalisations enregistrées par le pays au cours des dernières années. En effet, d’après l’Indice de performance logistique, le Maroc se situe à la 47ème place à l’échelle mondiale. En l’espace de cinq années, le Royaume a gagné 47 places dans le classement mondial. Dans le domaine maritime, le pays fait partie du top 20 au niveau mondial. Ces quelques chiffres positionnent incontestablement le Maroc comme un modèle à suivre pour les 20 pays africains représentés par des délégations lors de la manifestation. Dans le domaine de la facilicitation des échanges sous-régionaux, il convient de souligner que le Royaume donne déjà l’exemple. Pas moins de 300 camions chargés de marchandises quittent chaque jour le pays en partance pour un certain nombre de pays d’Afrique de l’Ouest (Mali, Sénégal, Côte d’Ivoire, etc.). Par ailleurs, les multiples échanges fructueux ont montré que les réformes et la valorisation du capital humain sont essentielles pour l’essor du secteur des transports et de la logistique des pays africains.
Deux paramètres-clefs
Le Maroc peut se targuer d’avoir l’un des plus performants réseaux d’infrastructures ferroviaire, autoroutière et aéroportuaire à l’échelle continentale. Cette prouesse est quelque part la résultante de plusieurs réformes, avec le développement du partenariat public-privé (PPP) et le renforcement des compétences nationales dans le domaine des transports et de la logistique. En effet, grâce à la réforme portuaire initiée par la loi 15/02 relative aux ports, le rendement du port de Casablanca a été multiplié par deux. Dans le même temps, les investissements y ont triplé. C’est dire l’importance des réformes pour mieux adapter le secteur de la logistique aux nouveaux défis. Cette prise de conscience est de plus en plus perceptible dans les pays africains, qui recourent de plus en plus au PPP pour améliorer la qualité et la gestion de leurs infrastructures logistiques. Cela dit, lors du Congrès, les pays africains ont exprimé un grand besoin en termes de formation dans les métiers de la logistique. Sur ce point, le Maroc est un partenaire de choix en raison de son expertise engrangée depuis des décennies. D’ailleurs, Larbi Bencheikh, Directeur général de l’OFPPT, et Mohamed Rabie Khlie, Directeur général de l’ONCF, ont exprimé leur constante volonté d’accompagner les pays africains dans le domaine de la formation et du renforcement des compétences.
5 milliards d’euros investis par l’ONCF
Lors de son intervention, Mohamed Rabie Khlie est revenu sur les multiples efforts déployés pour améliorer le réseau ferroviaire national. En effet, dans l’optique de réaliser les projets structurants (LGV, multiplication des voies, etc.), l’ONCF, qui compte actuellement un réseau ferroviaire de 2.200 km, a déjà investi près de 5 milliards d’euros en l’espace de 10 ans. En 2014, l’Office a transporté près de 44 millions de voyageurs et 36 millions de tonnes de fret. De plus, Mohamed Rabie Khlie a mis en évidence l’importance de la composante ferroviaire du port de Tanger Med. En effet, près de 230.000 véhicules de l’Usine Renault de Tanger ont été transportés par voie ferroviaire, l’année dernière.
Momar Diao