Certaines filières évoluent conformément aux objectifs, d’autres nécessitent des ajustements structurels.
Elles sont impactées par les aléas climatiques et leur rendement en est tributaire.
Atrois ans de la fin de la deuxième étape du Plan Maroc Vert, l’heure est à l’évaluation des contrats-programmes conclus entre l’Etat et certaines filières. Il ressort des réalisations enregistrées que certains secteurs ont réalisé des performances remarquables, à l’instar des branches sucre et lait. La première a pu atteindre les 50% des besoins nationaux, alors que la seconde en assure la quasi-totalité. «Le succès de ces filières s’explique par les efforts déployés dans l’amont agricole et le bon encadrement des exploitants par les agrégateurs», indique Hassan Benmahmoud, consultant agricole. D’autres filières ont pu dépasser leurs objectifs tracés par le PMV, mais se voient impactées par la surproduction. Il s’agit notamment des agrumes et de l’aviculture. A cause de l’effondrement des prix des oranges et de la clémentine qui ne couvrent même pas les coûts de production, certains exploitants, notamment à Berkane, préfèrent transformer leur récolte en aliments de bétail. «Une bonne partie de la production agrumicole est destinée à l’export, notamment vers l’Europe et la Russie. Pour éviter le scénario de surproduction, il faut diversifier les débouchés et aussi investir dans les stations de conditionnement et de stockage pour pouvoir stabiliser les prix», explique Benmahmoud.
S’agissant de l’aviculture, le secteur est sous l’effet de la fluctuation du marché.
Les exploitants sont confrontés à des périodes de hausse de l’offre. Les opérateurs ne cessent de pointer du doigt l’absence d’un circuit de commercialisation répondant aux normes. Les marchés de gros de volailles continuent de fonctionner selon des méthodes archaïques.
Les dysfonctionnements au niveau de cette chaîne de valeur sont accentués par la résistance face aux réformes des tueries traditionnelles, dont la plupart ne respectent pas les moindres conditions d’hygiène et de sécurité. Les autorités évoquent le côté social pour justifier la non-application de la loi concernant la restructuration de l’abattage avicole.
L’abattage est également le point noir de la filière viande rouge. Malgré la croissance de la production, les abattoirs, surtout dans le monde rural, continuent de fonctionner sans respecter les normes en vigueur. Ils sont sous la tutelle des collectivités locales qui n’investissent pas dans leur modernisation, notamment les chaînes de froid. La céréaliculture ainsi que l’oléiculture restent impactées par les aléas climatiques, leurs rendements étant toujours conditionnés par la pluviométrie.
Par C. Jaidani
Des filières dans le pipe
Outre les grandes filières de l’agriculture nationale, le département de tutelle étudie la possibilité de signer des contrats-programmes avec d’autres filières, mais de petite taille. Il s’agit de l’héliciculture ou l’élevage d’escargot. L’idée est de répéter l’expérience avec certains produits de terroir comme l’argan, le safran ou les figues de barbarie. Ces activités ont un effet tangible en matière de lutte contre la pauvreté et l’amélioration des revenus des exploitants. Un contrat-programme est envisagé au profit de la filière fruits rouges comme les grenadines, les cerises, les framboises… Ce sont des produits destinés pour l’essentiel à l’export et ils ont besoin de meilleures conditions en matière de production et de valorisation.
Fellah online : Vulnérabilité
Les pluies bienfaitrices, comme on aime à les appeler au Maroc, sont au rendez-vous. Elles se sont abattues sur tout le territoire national et ont un effet tangible sur les plantes toutes cultures confondues. Depuis le démarrage de la campagne, la saison se déroule sous de bonnes conditions. Certes, il y a eu de la grêle et de la gelée par endroit mais leur impact reste limité et isolé quant au rendement global.
Toutefois, force est de reconnaître que ces mauvaises conditions météorologiques ont montré, une fois encore, la vulnérabilité du monde rural face à ces aléas. Des routes sont coupées du monde extérieur pendant des jours, voire des semaines.
Certaines régions montagneuses, déjà enclavées et démunies, se sont retrouvées isolées du reste du pays. Les écoliers ne peuvent suivre leurs cours, les habitants trouvent toutes les peines à s’approvisionner en bois, denrées… et le service public est aux abonnés absents. Le système D est le dernier recours de la population qui se débrouille comme elle peut pour répondre aux besoins du quotidien.
Certaines femmes enceintes ne peuvent accoucher dans un centre de santé à cause des routes bloquées sans oublier les personnes gravement malades et qui ont besoin de soins de toute urgence.
Malgré l’existence du programme de développement rural, le chemin est encore long. Pour autant, les habitants de ces régions devront encore souffrir le martyre pour pouvoir prétendre à une vie digne. L’accent doit être mis en priorité et en urgence sur les infrastructures de base afin de combler les lacunes et réduire le fossé existant avec les villes.