La politique de recrutement de ces entités territoriales nécessite une profonde refonte.
Le département de tutelle est conscient de cette problématique et s’active pour trouver des solutions.
Par C. Jaidani
Les collectivités territoriales (CT) jouent un rôle important en matière de développement. Ces entités bénéficient d’une attention particulière de la part du gouvernement. De nombreuses réformes ont été lancées, dont certaines ont donné des effets positifs mais d’autres ont eu des portées limitées, particulièrement celles portant sur les ressources humaines. De nombreuses CT n’arrivent pas à s’acquitter de leur mission convenablement à cause de l’absence de certains profils.
«Les CT sont les entités les moins attractives pour le recrutement, surtout pour certaines compétences. Ces dernières optent pour le secteur privé et le semi public où les rémunérations sont plus motivantes et les conditions de travail plus confortables. Pour combler ce manque de compétences, elles sont obligées parfois de sous-traiter certaines fonctions à un coût élevé», souligne Adil Fouad, militant associatif et ancien conseiller de la ville de Casablanca.
Et de poursuivre : «les CT, notamment les communes, sont, dans l’ensemble, en sureffectif, avec des agents administratifs qui, pour la plupart, n’ont pas le bac. Même pour les diplômés, ils sont recrutés pour des fonctions qui ne correspondent pas à leurs compétences. Non motivés et avec un plan de carrière peu intéressant, ils ne peuvent pas donner le meilleur d’eux-mêmes».
Dans le monde rural, plusieurs communes n’arrivent pas à traiter les autorisations de construire dans les délais, car elles ne disposent pas de techniciens qualifiés dans le domaine de l’urbanisme et de l’habitat pour instruire les dossiers. A cause de l’emplacement des communes concernées dans des zones enclavées ou éloignées, les avis de recrutement n’aboutissent pas. Seuls les débutants qui sont à la recherche d’une première expérience, sont tentés par ce genre d’emploi.
Aussi, les pères de famille évitent ces postes car ces zones n’assurent pas un cadre de vie adéquat. Ils trouvent beaucoup de difficultés pour la scolarisation de leurs enfants. Conscient de ce constat, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a annoncé une série de mesures pour installer une gestion moderne et judicieuse des ressources humaines des CT. Il s’est engagé à trouver une solution qualitative aux CT afin de leur permettre de mieux recruter les cadres dont elles ont besoin.
Il a proposé une réforme du statut de cette catégorie de personnel. Ainsi, son département a créé un observatoire chargé de la planification du traitement et du suivi des ressources humaines relevant des CT. Salahdine Zghari, enseignant-chercheur à l’Université Hassan II de Casablanca, spécialisé dans les collectivités territoriales, estime qu’«il existe de nombreux éléments qui impactent le rendement des fonctionnaires des CT. Tout d’abord, leur statut qui a été créé à la suite du décret du 27 septembre 1977.
Caduc, ce cadre législatif ne répond plus aux aspirations des citoyens, ni de la communauté et de l’Etat. Contrairement à la fonction publique, il n’encourage pas la promotion des cadres et nécessite donc une profonde refonte. Il faut dire aussi que la politique de recrutement adoptée a montré ses limites. Elle n’arrive pas à déterminer les besoins réels et prévoir les compétences nécessaires. Sans oublier que les CT ne disposent pas de critères d’évaluation de leurs RH». Par ailleurs, Zghrari explique que «les CT sont dirigées par des élus dont certains n’ont ni la formation ni les compétences nécessaires. Et les luttes partisanes constituant le bureau élu ont un impact sur leur fonctionnement».