Pour Ahmed Kadiri, président de l'arrondissement du Maârif à Casablanca, la grève est un droit qu’il respecte mais qui coûte très cher à l’Etat, d’où la nécessité de trouver rapidement des solutions au conflit.
* Finances News Hebdo : Vous êtes président de l’arrondissement du Maârif. Quel bilan faites-vous de l’année 2011 ?
* Ahmed Kadiri : Tout d’abord, l’année 2011 a été marquée par un gel du Conseil de la ville qui a impacté, bien entendu, le fonctionnement des arrondissements. Parmi les causes de cette situation, le retard enregistré pour le budget des arrondissements qui normalement doit être versé en septembre. Or, les collectivités locales de Casablanca n’ont perçu cette somme qu’en janvier 2012, ce qui n’est pas sans conséquences.
Ceci prouve de façon claire qu’il faut revoir la loi sur la charte collective qui parle de l’unité de la ville. Après 10 ans de mise en œuvre de l’unité de la ville, les objectifs escomptés de cette réforme n’ont pas été atteints.
Cette démarche ne permet pas une politique de proximité puisque nous avons centralisé une seule entité, dans une seule administration qui est le Conseil de la ville. On se demande alors si cette administration est apte à gérer toutes les affaires d’une ville comme Casablanca avec 5 millions d’habitants ?
Certes, nous avons longtemps milité pour l’unité de la ville dans un objectif de distribuer les budgets de façon équitable et équilibrée, non seulement pour les collectivités du centre ville, mais également celles situées dans les environs de la ville et qui souffrent énormément de manque d’équipements. Mais sans pour autant dénier la personnalité morale de chaque collectivité et sa liberté d’équipement. Cette initiative de l’unité de la ville n’a pas enrichi les collectivités pauvres et a appauvri les collectivités riches.
* F.N.H. : Pour mieux cerner la responsabilité de chacun, qui est responsable de quoi ?
* A. K. : Les grands axes de la ville sont sous la responsabilité du Conseil de la ville. Tandis que les rues et les ruelles sont sous la juridiction des collectivités locales. Par exemple, pour l’entretien des rues à l’intérieur du périmètre de la collectivité, pour l’arrondissement de Maârif nous avons un budget de 60 MDH, ce qui n’est pas normal.
Aujourd’hui, nous sommes face à une problématique qui touche sérieusement la politique de proximité.
* F.N.H. : Les arrondissements mènent depuis plusieurs années des mouvements de grèves. Quelles en sont les causes exactes ?
Il est important, de notre point de vue, de prendre en considération les revendications qui se résument à l’amélioration des conditions de travail.
* F.N.H. : Combien coûtent ces grèves au budget de l’Etat ?
* A. K. : Nous n’avons pas de chiffres, mais ce qui est sur c’est qu’elles coûtent très cher.
* F.N.H. : Quelles en sont les conséquences sur les investissements et l’économie du pays en général?
* A. K. : Il est vrai qu’elles impactent les investissements nationaux et internationaux, quoique ces derniers ont recours à d’autres services pour faire authentifier des documents, tels que les notaires. Là aussi ces grèves impactent la politique de proximité en général avec le citoyen. Pendant une journée de grève, obtenir une ambulance en cas de décès pour les plus démunis n’est pas possible.
Le Maroc est un pays en voie de développement avec de grandes ambitions et des perspectives de croissance qu’on ne peut atteindre sans résoudre ce genre de conflits.
Il faut également organiser ces grèves afin de ne pas perturber le fonctionnement des arrondissements.
Personnellement, je respecte le droit syndical et considère que les syndicats sont des acteurs indispensables.
* F.N.H. : On reproche aux arrondissements un sureffectif en fonctionnaires, mais un déficit en cadres, notamment sur le plan technique ; comment peut-on y remédier ?
* A. K. : En ouvrant la porte à la formation avec des programmes accentués, notamment pour les personnes ayant une volonté d’évoluer, ça d’une part.
D’autre part, lorsque le Conseil de la ville a pris les spécialités des agents des communes, à savoir l'éclairage public, le ramassage et le traitement des déchets solides…, ces derniers ont dû être redéployés vers d'autres fonctions qui ne sont pas forcément adaptées à leur profil.
Donc, il faut une redistribution des rôles de chacun.
* F.N.H. : Quelles sont vos perspectives pour 2012 ?
* A. K. : Nous envisagions la finalisation du projet de recasement du bidonville Bachkou. Nous espérons également pour 2012 éliminer tous les bidonvilles situés dans l’arrondissement du Maârif.
Nous attendons la sortie du plan d’aménagement qui permet l’investissement et la restructuration.
Sans oublier le culturel et la social qui sont aussi importants pour nous.
Propos recueillis par Lamiae Boumahrou