Par C. Jaidani
Les prémices d’une bonne saison agricole se précisent. Habituellement, le ministère de l’Agriculture annonce les résultats prévisionnels au cours des Assises de l’agriculture organisées au courant du mois d’avril, en marge du SIAM à Meknès. A cause de la crise sanitaire, l’événement a été annulé en 2021, comme ce fut le cas pour 2020.
Le département de tutelle devrait dans les semaines à venir livrer ses prévisions. C’est un chiffre très attendu, car il permettra de bien cadrer les projections de croissance dans le Royaume, d’autant que l’économie nationale table sur l’agriculture pour assurer la relance. Plusieurs indicateurs confortent un bon cru pour cette saison.
L’hypothèse retenue par la Loi des Finances 2021 devrait être nettement dépassée et une récolte de 80 à 90 millions de quintaux est plus que plausible. La campagne a bénéficié de tous les ingrédients nécessaires pour sa réussite, notamment un bon apport en eau. Le cumul pluviométrique est en hausse de 20% comparativement à une saison normale. Il faut rappeler que la campagne a cependant démarré dans de mauvaises conditions.
L’effet de deux années successives de sécheresse a impacté sérieusement la trésorerie des agricultures, qui ont trouvé beaucoup de difficultés pour entamer les différents investissements d’exploitation. Selon les régions, les précipitations ont pris du retard, entre trois à quatre semaines, générant au cours des mois d’octobre et novembre de vives inquiétudes.
Mais l’apport en eau au cours du mois de janvier était si important qu’il a vite comblé le déficit hydrique. Si la campagne agricole s’annonce d’ores et déjà sous de bons auspices, cela n’empêche que des problèmes de logistique et de moyens planent à l’approche des moissons, qui devraient démarrer dans les régions sud du Royaume à partir de la deuxième quinzaine d’avril. Une bonne saison signifie une abondance de l’offre et, par conséquent, une baisse des prix.
Bien que l’Etat fixe un prix plancher pour le blé, les effets sur les produits vendus restent limités, puisque le soutien ne touche que le blé tendre, alors que l’orge, le blé dur et les autres céréales ne sont pas concernés. La paille, autre produit de la moisson, voit son prix chuter vertigineusement, passant de 20 ou 30 DH pour une saison aride à moins de 5 DH lors d’une année humide. En revanche, les coûts de production augmentent sensiblement lors des campagnes favorables.
La faiblesse du parc des engins agricoles crée de la pression au cours de la période des moissons et, bien entendu, les prix des prestations augmentent à leur tour. Ainsi, le nombre de moissonneuses-batteuses du Maroc dépasse à peine 5.000 unités. Ce parc est insuffisant pour répondre aux besoins du territoire national, où la surface dédiée à la céréaliculture dépasse les 5 millions d’hectares. Par ailleurs, une bonne partie de ces engins a une moyenne d’âge dépassant 20 ans, ce qui impacte la qualité des produits. De ce fait, le prix de la moisson par hectare va être également revu à la hausse.