Aucun compromis n’a été trouvé pour le différend les opposant aux autorités concernées.
Ils avancent que les décisions imposées ne sont pas réalistes et réalisables, surtout après la phase du Covid-19.
Par C. Jaidani
Les cafés et les restaurants figurent parmi les activités les plus impactées par la pandémie. Les restrictions sanitaires les ont condamnés à fermer les locaux pendant une longue durée. Cela a réduit sensiblement leurs chiffres d’affaires, en plus d’être à l’origine d’énormes impayés auprès de leurs créanciers et fournisseurs.
La reprise normale de leurs activités après la levée des restrictions devait ainsi leur permettre de combler le manque à gagner enregistré durant la pandémie. Mais, aujourd’hui, ils se retrouvent devant de nouvelles dispositions décidées par les autorités locales de certaines villes, jugées contraignantes et difficiles à exécuter, comme la hausse de la redevance pour l’occupation de l’espace public. L’augmentation a atteint dans des quartiers comme Souissi ou Agdal, dans la capitale du Royaume, 520 DH/m2 , soit un bond de 600%.
Le même phénomène semble toucher d’autres villes, mais à une moindre ampleur, comme Tanger, Marrakech ou Kénitra. Rejetant en bloc ces mesures, un bras de fer a été engagé entre les professionnels et les mairies des villes concernées. A Rabat, les propriétaires ont menacé d’observer une grève qui a été reportée à plusieurs reprises. Les discussions entamées présageaient une issue favorable. Mais lors de la dernière réunion à la wilaya, aucun compromis n’a été trouvé.
«Nous avons présenté nos doléances au Conseil de la ville en expliquant que nous sommes passés par une période de trois ans très compliquée, où n’avions pas de rentrées d’argent alors que nous avions des engagements financiers à honorer. Dans un premier temps, nous avons pensé qu’il était possible de trouver un terrain d’entente. Mais la partie adverse campe toujours sur ses positions, sans faire la moindre concession, adoptant la politique du fait accompli. Nos propositions n’ont pas été prises en considération, y compris l’allégement de cette surtaxation ou le report de la décision à une date ultérieure», explique une source de l’Association des propriétaires de cafés et de débits de boissons de Rabat.
Outre la surtaxation, les professionnels évoquent également «la pression exercée pour le recouvrement des impôts et taxes dus, ainsi que les opérations coups de poing pour libérer l’espace public qui se font parfois arbitrairement». «Notre activité a commencé à tourner à un régime normal il y a à peine quelques mois. Nous n’avons pas encore trouvé le niveau d’équilibre. Nous sommes toujours dans une période de reprise et essayons de colmater les brèches autant que possible. De nombreux professionnels sont lourdement endettés à cause des effets négatifs de la pandémie. Ils arrivent à peine à joindre les deux bouts.
Les dernières décisions imposées par les autorités locales ne peuvent que se répercuter négativement sur notre secteur, voire menacer son existence», souligne Mohamed Chegdani, membre de l’Association des propriétaires de cafés et débits de boissons de Casablanca. Et de poursuivre que «les autorités locales n’ont pas pris en considération les deux circulaires du ministère de l’Intérieur les appelant à exonérer leur secteur des différentes taxes communales commerciales pour les années 2020 et 2021 marquées par l’avènement de la pandémie, où l’activité était quasiment à l’arrêt. Les professionnels ont toujours appelé à instituer un nouveau cadre juridique en adéquation avec l’évolution de leur activité».
Pour ce qui est de l’occupation de l’espace public, il explique que «de nombreux professionnels ont obtenu une autorisation en bonne et due forme et ils respectent scrupuleusement leurs engagements. S’il y a un dépassement, il faut le régler dans le cadre de la loi, et surtout l’appliquer à tout le monde et ne pas être sélectif».