Banque mondiale : Les jeunes, priorité des priorités

Banque mondiale : Les jeunes, priorité des priorités

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La Banque mondiale réoriente sa stratégie en direction du Maroc vers davantage de soutien à l’inclusion sociale et à l’emploi des jeunes, conformément au souhait du gouvernement marocain. Le soutien aux PME fait également partie des priorités de l’institution de Bretton Woods. Les détails avec Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale pour la région Mena.

 

La politique de la Banque mondiale (BM) pour la région Mena (Moyen-Orient Afrique du Nord), et plus particulièrement pour le Maroc, est sur le point de connaître une réorientation stratégique. L’action de la banque de développement basée à Washington sera désormais axée sur les politiques favorisant l’inclusion sociale et l’emploi des jeunes. C’est en tout cas l’un des principaux messages qu’a tenu à délivrer Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale pour la région Mena, à l’issue de sa récente visite dans le Royaume. Au cours de ce séjour de 4 jours, il a notamment rencontré le Chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, pour faire le point sur la situation économique et sociale du pays, et pour explorer les pistes de collaboration futures entre le Maroc et la BM.
Ces consultations ont identifié l’inclusion des jeunes dans le circuit économique comme la priorité des priorités. «Pour la stabilité, il est urgent de traiter cela», affirme à juste-titre le vice président de la BM (rappelons qu’un tiers des jeunes agés de 18 à 24 est inactif au Maroc). Les turbulences provoquées par le «Printemps arabe» dans la région justifient une telle réorientation de la politique du bailleur de fonds vers les questions sociales. C’est ce qui explique que l’institution de Bretton Woods change son fusil d’épaule. Après le soutien à la croissance économique, il est temps, désormais, en accord avec le gouvernement marocain, de s’attaquer aux fruits de cette croissance et d’inclure socialement un maximum de groupes vulnérables, à l’image des femmes, des petits agriculteurs et des jeunes.
«Nous avons beaucoup fait pour le développement du secteur privé et pour le soutien à la croissance. Notre action sera désormais axée sur les aspects sociaux, et plus particulièrement sur l’inclusion sociale», a déclaré H. Ghanem, lors d’une rencontre avec des journalistes. Saluant au passage les bons résultats enregistrés par le Maroc dans un contexte mondial et régional pourtant défavorable, il tient à préciser qu’un tel réajustement n’est en rien un aveu d’échec, mais plutôt un signe de flexibilité. «Nous sommes tout le temps en train de réajuster. Il faut être flexible parce que les priorités des gouvernements changent», souligne-t-il.
Les nouvelles priorités identifiées, la tâche s’annonce tout de même difficile, car la pente est raide : il faut créer chaque année près de 250.000 emplois pour absorber tous les jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Ce qui fait dire au vice-président franco-égyptien de la BM que cet objectif représente une formidable opportunité pour le Maroc, mais également un défi qu’il faut surmonter. D’ailleurs, prévient-il, cela prendra du temps.


Réformer le système éducatif
Concrètement, cette nouvelle approche va se traduire par une réorientation des financements vers les programmes en faveur des jeunes. «C’est ce que les autorités marocaines nous ont demandé de faire», confie H. Ghanem, qui n’oublie pas de rappeler que la Banque mondiale ne dicte pas de programme au gouvernement. Elle se contente, selon ses dires, de venir en aide aux programmes développés par les autorités. «Le partenariat avec le Maroc date de plusieurs décennies, et il constitue le 2ème plus grand programme de la BM dans la région Mena. Nous devons approfondir et renforcer ce partenariat», a-t-il rappelé. Rappelons que le portefeuille Maroc de la BM se chiffre à 3,2 milliards de dollars.
Pour relancer l’inclusion sociale des jeunes, la Banque mondiale et le gouvernement se penchent donc sur les solutions à apporter pour sortir de la croissance qui ne crée pas d'emplois que connaît le Maroc. Le premier axe à creuser concerne la révision du système éducatif pour une meilleure adéquation entre l’offre et la demande. «Nous sommes en discussion avec les gouvernements de la région Mena pour préparer un programme de réformes de l’éducation, axé sur la pensée critique, la créativité et l’innovation», nous informe le vice-président de la BM.

Soutenir la PME
Ce programme éducatif ira de pair avec la promotion du développement des petites et moyennes entreprises (PME), qui, aux yeux de la banque mondiale, constitue le véritable vivier de la croissance créatrice d’emplois. «Le Maroc, comme beaucoup de pays de la région, se caractérise par un nombre important de grandes entreprises et de microentreprises évoluant dans l’informel. Entre ces deux catégories, les PME restent faibles. Pourtant, ce sont elles qui créent des emplois», rappelle Ghanem. Les experts de l’institution comptent s’appuyer notamment sur les nouveaux métiers du Maroc, comme le secteur automobile, pour favoriser le développement du tissu de PME autour, se félicitant au passage du choix stratégique du Maroc de s’insérer dans la chaîne de valeur internationale. «Dans le secteur de l’automobile, beaucoup de jeunes se sentent bien dans les formations professionnelles. Ils ne trouvent, par ailleurs, aucun problème pour être embauchés. 93% d’entre eux trouvent du travail immédiatement après la formation», précise H. Ghanem, qui au cours de son séjour marocain, a rendu visite aux étudiants de l’IFMIA à Casablanca (Institut de formation aux métiers de l'industrie automobile).
D’autres programmes favorisant l’emploi des jeunes sont développés par la Banque mondiale, comme le programme capital-risque pour les start-up. L’institution se dit aussi favorable aux transferts directs ou conditionnés à destination des populations vulnérables, au lieu du mécanisme de subvention qui a montré son iniquité. Pour arriver à cibler les populations, la Banque mondiale et le gouvernement planchent sur la mise en place de l’identifiant social. Un chantier qui pourrait faire l’objet d’annonces prochainement.

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