Hakima El Alami, directeur adjoint en charge de la Surveillance des systèmes et moyens de paiement et inclusion financière de Bank Al-Maghrib, répond à nos questions en marge du Digital Payment Africa Forum.
Propos recueillis par A. Hlimi
Finances News Hebdo : Quelle place occupe le paiement mobile dans la stratégie de la Banque centrale ?
Hakima El Alami : La Banque centrale a mis le développement des paiements électroniques comme une orientation stratégique de premier plan depuis 2003. Et pour cela, il nous fallait mettre en place des systèmes de paiement qui puissent soutenir le développement des paiements électroniques. Ces systèmes sont modernes et résilients. Ils ont été développés avec GSIMT. Il s’agit notamment des systèmes HPSS pour les cartes, HPSS pour le paiement mobile.
F.N.H. : On remarque que le paiement mobile peine à atteindre les objectifs escomptés. A votre avis pourquoi ?
H. E. A. : Effectivement, ces modes de paiement ne sont pas adoptés à l’ampleur souhaitée. Pour pallier cela, nous avons mis un ensemble de mesures avec notre écosystème. En termes de coût, nous avons revu à la baisse la commission appliquée, que les commerçants jugeaient élevée, et nous avons fait un grand travail de vulgarisation.
F.N.H. : Selon vous, qu'est-ce qui reste encore à faire ?
H. E. A. : La mobilisation doit se poursuivre sur plusieurs volets. D'abord, il faut s’attaquer aux commerçants dans le périurbain et dans le rural pour les inciter à s’équiper, en leur expliquant les avantages des paiements électroniques. Les efforts d'éducation financière sont importants. Bank Al-Maghrib a fait beaucoup dans ce sens. Nous avons mis en place une fondation pour l'éducation financière qui œuvre depuis 2013. Sur le paiement mobile, nous avons développé beaucoup de programmes et des guides pour que nous puissions expliquer en détail le fonctionnement de ce modèle sur terrain. Les acteurs privés, qui ont également des capacités à la fois techniques, humaines et organisationnelles pour aller enrôler ces gens-là, doivent poursuivre le travail.
F.N.H. : Pensez-vous que les méthodes coercitives soient nécessaires ?
H. E. A. : Ce n'est pas une solution à notre avis. II faut plutôt continuer à s’appuyer sur des manières plus incitatrices pour les commerciaux, pour que ces derniers puissent être enrôlés rapidement.