Le chiffre d’affaires de l’industrie automobile devrait atteindre 60 Mds de DH en 2016, avec un taux d’intégration locale supérieur à 40%.
Le Maroc s’est fixé comme principal objectif d’intégrer à terme le club très sélect des pays émergents. Au regard de cette ambition, l’industrialisation du Royaume constitue un pilier majeur dans les stratégies de développement. Le retentissant succès de l’industrie automobile marocaine, dont les médias occidentaux font l’écho, est en fait la résultante d’un travail de longue haleine impliquant, entre autres, l’amélioration du climat des affaires, la collaboration des acteurs publics et privés et la mise en place de politiques publiques dictées par le long terme. Interrogé par nos soins sur l’avenir et les principaux facteurs de succès de la branche automobile, désormais premier poste des exportations nationales, Tajeddine Bennis, vice-président de l'Association marocaine pour l’industrie et le commerce automobile (Amica) souligne 3 éléments clefs à l’origine du vent favorable qui souffle sur ce secteur. «La réussite de l’usine Renault-Tanger, l’implantation d’équipementiers, le Plan d’accélération industrielle (PAI) et l’annonce de l'ouverture du site de PSA à Kénitra en 2019, sont à l’origine du dynamisme de la filière», précise-t-il. Et d’ajouter : «Le travail de l’Amica dans le cadre du PAI a été déterminant, puisqu’une série de commissions visant à améliorer la compétitivité du secteur a été constituée».
Une progression significative
Le dynamisme du secteur automobile est amplement corroboré par les derniers chiffres rendus publics par la Direction des études et des prévisions financières (DEPF). A fin novembre 2016, les exportations ont progressé de 8,5% pour s’établir à 49,6 Mds de DH. Cette performance est à relier à la bonne tenue de l’activité de construction qui pèse 26,6 Mds de DH. Cela dit, les équipementiers initialement attirés par l’usine de Renault Tanger sont particulièrement dynamiques à l’export, notamment en Europe. En 2016, Renault devrait produire près de 340.000 véhicules au Maroc, sachant que cette production atteindra près de 420.000 unités en 2017. Outre ces chiffres reluisants, l’ouverture du site de PSA à Kénitra suscite d’ores et déjà un réel engouement auprès des industriels. «Ce nouveau projet portant sur la réalisation de carrosseries et de moteurs permettra d’attirer des métiers encore inexistants au Maroc», assure Tajeddine Bennis. Notons tout de même que l’usine de PSA portera à terme la capacité de production de véhicules du pays à 600.000 unités par an. L’attractivité de l’industrie automobile est par ailleurs confirmée par l’établissement au Maroc de centrales d’achat des constructeurs américain et allemand, en l’occurrence Ford et Volkswagen. «La crédibilité de notre secteur tient au fait que les constructeurs ayant pour projet d’ouvrir des usines d’assemblage étudient désormais l’option de s’implanter au Maroc», s’enorgueillit le patron de l'équipementier français Snop, spécialisé dans l'emboutissage.
Une industrie peu génératrice de valeur ajoutée ?
La sempiternelle critique formulée à l’égard de l’industrie automobile qui a bénéficié de plusieurs avantages (exonérations fiscales, subventions, foncier à faible coût), est sa propension à générer peu de valeur ajoutée. Mais, bon nombre de professionnels estiment que cette critique est loin d’être fondée, voire exagérée. D’ailleurs, les chiffres pourraient leur donner quelque part raison, puisqu’en 2010 le taux d’intégration locale était inférieur à 20%, avec un chiffre d’affaires de 12 Mds de DH. Il est passé à 33% en 2014, avec un chiffre d’affaires de 40 Mds de DH.
Ce qui veut dire que près de 13,2 Mds de DH sont restés dans l’économie nationale. Par ailleurs, l’autre atout de la filière pour l’économie nationale est sa capacité à générer des postes de travail (au nombre de 45.000 pour l’heure). La bonne nouvelle est que ce chiffre est appelé à doubler d’ici 2020.
Par M. Diao
Une filière qui sort de l’adolescence
A la question de savoir si l’industrie automobile a atteint la maturité, le patron de l'équipementier français Snop adopte une attitude pondérée. «Pour schématiser, notre filière vient juste de sortir de l’adolescence. Tout l’enjeu est de préserver sa bonne réputation à l’échelle internationale», confie-t-il. Par ailleurs, plusieurs métiers se sont développés progressivement (câblage, connectique, etc.). A titre illustratif, le taux d’intégration locale de l’emboutissage atteindra sur un horizon temporel court 70%, sachant que cette branche utilise désormais l’acier produit par Maghreb Steel. De plus, une usine spécialisée dans la production d’outillage d’emboutissage sera prochainement ouverte dans le cadre du PAI.