Par C. Jaidani
L’apiculture figure parmi les activités agricoles les plus ancestrales du Royaume. Bien que ce soit une niche, elle occupe une place particulière chez les agriculteurs marocains. Et pour cause, elle permet de récolter un produit noble, qui est le miel, très apprécié pour ses qualités nutritives, thérapeutiques et cosmétiques. Présente pratiquement dans toutes les régions du Royaume, la filière offre une large gamme de produits qui sont le fruit de la diversité climatique et géographique du pays.
A l’instar de plusieurs activités agricoles, l’apiculture a bénéficié d’un soutien de la part de l’État dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV). Son intérêt social est plus important que l’intérêt économique du fait qu’elle est préconisée pour les petits exploitants qui ne disposent pas du foncier nécessaire pour pratiquer les cultures conventionnelles. Elle peut être pratiquée même dans un terrain accidenté ou peu fertile. Pour s’alimenter, les abeilles parcourent des dizaines de kilomètres. Certains exploitants la pratiquent comme activité secondaire pour s’assurer une source de revenu complémentaire surtout que l’investissement lancé n’est pas conséquent.
«C’est une filière fortement recommandée pour le développement local notamment dans les régions défavorisées. Une ruche peut donner entre 10 et 20 kilos par an à un prix moyen dépassant les 250 DH/kilo. Avec une dizaine de ruches, l’exploitant peut gagner pas moins de 25.000 DH par an, soit un revenu supérieur à ce que gagne un fellah possédant 4 hectares dans le bour qui produit des céréales. En plus, avec moins de charges de travail. Les frais mobilisés ne sont pas aussi significatifs comme dans les autres activités agricoles. Toutefois, il faut souligner que l'apiculture est vulnérable aux aléas climatiques et aux maladies. Elle nécessite également un savoir-faire et une certaine technicité. Pour y réussir, l’éleveur est tenu de suivre quelques précautions pour réussir sa production», souligne Abderrahim Ait Moussa, ingénieur en génie rural.
Au Maroc, c’est la forme traditionnelle et l’apiculture extensive qui dominent. La première consiste essentiellement dans la mise en œuvre de techniques simples, rapides, efficaces ne nécessitant qu'un minimum de main-d’œuvre sur chaque colonie. Pour sa part, l'apiculture intensive vise des rendements unitaires plus importants mais exige des interventions fréquentes et relativement compliquées.
«L’apiculture dispose de plusieurs atouts qui ne sont pas encore mis en valeur pour assurer son essor. Les consommateurs recherchent de produits bio et du terroir. De par sa diversité et sa qualité, le miel marocain répond parfaitement à ces exigences notamment pour les marchés à l'international», explique Aït Moussa.
En dépit de ces atouts, la filière attire peu les agrégateurs d’une dimension soutenue pour conditionner, transformer et valoriser le produit et même le vendre à l’international. L’élevage industriel, pour sa part, fait lui aussi défaut. C’est une activité très pertinente, qui peut jouer un rôle important en matière de lutte contre la précarité. Le département de tutelle doit intensifier ses efforts pour vulgariser les nouvelles techniques d’élevage et assurer un encadrement adéquat de la filière.