Le dynamisme commercial et le carnet de commandes plein de Airbus sont une aubaine pour le secteur aéronautique au Maroc. La filiale marocaine de l'avionneur français, Stelia Maroc, connaît une montée en cadence de sa production pour fournir sa maison-mère en pièces et composants d'avions. Le réseau de sous-traitants s'étoffe, d'autant que le nouveau site de production de Stelia à Midparc va bientôt démarrer ses activités.
Les performances opérationnelles de Stelia Maroc, la filiale à 100% du géant de l'aéronautique français, sont aux meilleurs standards internationaux.
Lorsque vous voyagez à bord d'un Airbus, confortablement installé sur un siège en business ou première classe, sachez qu'il y a de très fortes probabilités pour que la structure métallique de ce siège, son dossier, proviennent du Maroc. Plus précisément des usines de Stelia Maroc, la filiale à 100% d'Airbus, le géant français de l'aéronautique. Idem pour les coffres à bagages des ATR72, le plancher du A320, la cabine du pilote, son vestiaire, sa tablette, les cloisons du cockpit, ou encore les strapontins des hôtesses : toutes ces pièces qui équipent les Airbus sont fabriquées chez Stelia Maroc sur le site de Nouacer, qui jouxte l'aéroport Mohammed V de Casablanca. «En fait, à chaque fois que vous voyez un Airbus passer dans le ciel, dîtes-vous qu'une partie des pièces qui le composent sont fabriquées au Maroc», souligne, non sans fierté, Fouad Attar, président d’Airbus Afrique-Moyen-Orient, en visite dans le Royaume à l'occasion d'un séminaire aviation-média.
Mieux encore, cette société qui pèse en 2015 près de 300 millions de chiffre d'affaires et emploie quelque 420 personnes, est l'unique fournisseur d'Airbus dans bon nombre de ses composants, à l'image des cloisons de cokpits. «C'est une fierté d'être monosource pour Airbus sur ces composants», affirme Jamal Edhoubani, Directeur général de Stelia Aerospace Maroc, lors de la visite de l'usine de Nouacer. C'est aussi une énorme responsabilité : en cas de retard de livraison, c'est toute la chaîne qui est impactée et Airbus ne pourra pas livrer à temps son client. Autant dire que les enjeux sont très importants.
Les points forts de Stelia Maroc
Le moins que l'on puisse dire est que Stelia Maroc parvient à respecter ses délais. Avec un OTD (On Time-Delivery) de 100%, les équipes de la filiale marocaine d'Airbus, composées quasi exclusivement de Marocains, sont irréprochables à ce niveau-là. Des performances opérationnelles qui feraient pâlir d'envie les autres fournisseurs d'Airbus, disséminés un peu partout dans le monde. La qualité de fabrication n'est pas en reste, avec un OQD (On-Quality-Delivery) de 99,9%. Quant aux «manquants FAL» (pièces manquantes sur la ligne finale d'assemblage), autre indicateur critique de performances, il est de 0 depuis les deux dernières années. «La culture du respect des objectifs fait partie de nos points forts», affirme à ce propos le DG de Stelia Maroc. Aujourd'hui, Stelia Maroc a les reins solides pour passer à la vitesse supérieure et accompagner la croissance soutenue d'Airbus (5% de croissance annuelle). «Airbus a un carnet de commandes de 7.000 avions. Cela correspond à dix ans de production déjà vendue», précise F. Attar. Cette insolente réussite commerciale est tout bénéfique pour Stelia Maroc qui va devoir monter en cadence. Airbus passera dans quelques années de 40 avions produits par jour à 60. C'est ce qui explique que l’avionneur français investit 450 millions de dirhams au Maroc pour accompagner son développement. D'autant que le trafic aérien continue de croître de manière vertigineuse, puisqu'il double tous les quinze ans.
Pour être en phase avec ses évolutions, Airbus a lancé en décembre dernier un deuxième site de production dans la zone industrielle de Midparc, nommé ACAM, et situé à quelques encablures du site de Nouacer. Sur une superficie de 15.000 m2, juste devant le site Bombardier, la nouvelle usine emploiera de 400 à 500 personnes, et récupèrera les activités d'assemblage métallique de l'usine Stelia de Nouacer, qui elle, se spécialisera exclusivement dans la fabrication de composites. Les travaux vont bon train et devront se terminer fin juin début juillet. «Nous réceptionnerons les machines courant juin», précise J. Edhoubani. En attendant la fin des travaux, la production a déjà commencé dans des ateliers provisoires loués pour l'occasion afin d’avoir un noyau dur d'activité. Plus de 180 salariés ont d'ailleurs déjà été embauchés.
De son côté, l'usine de Nouacer, dans le cadre de sa spécialisation sur les composites, va développer de nouveaux produits. C'est le cas notamment de la fabrication de trappes pour les A320 dès 2017, des hublots pour les ATR ou encore de coques pour les fauteuils business et first class, et ce pour la première fois au Maroc.
Toute cette effervescence est profitable à l'économie marocaine et au secteur de l'aéronautique, comme le rappelle Fouad Attar, le président d'Airbus pour la région MENA. «Dès qu'Airbus s'installe quelque part avec une filiale, un écosystème se crée automatiquement», déclare-t-il. «Aujourd'hui, l'industrie aéronautique emploie au Maroc plus de 10.000 personnes, dont une grande partie est directement liée à Airbus», ajoute-t-il. Le réseau de sous-traitants du secteur est, lui, passé en quelques années d'une dizaine d'entreprises à plus d'une centaine. «Elles arrivent tous les jours», assure-t-on chez Airbus.
Ressources humaines : un point nodal de la stratégie
La formation, enjeu crucial pour la pérennité du secteur, suit également une cadence effrénée. L’Institut des métiers de l'aéronautique (IMA), situé lui aussi à Nouacer, va passer de la formation de 1.000 techniciens par an à plus de 2.000. «Il s'agit d'un atout majeur pour un investisseur», fait savoir Fouad Attar. D'ailleurs, chez Airbus, on mise beaucoup sur les ressources humaines, et pas uniquement en termes de formation professionnelle, mais aussi en s'adressant aux plus jeunes, dès 12-15 ans, pour attirer plus de talents vers les sciences, le robot, l'aviation, etc... et susciter des vocations.
Amine El Kadiri