Aïd Al-Adha : le spectre de la flambée des prix

Aïd Al-Adha : le spectre de la flambée des prix

Les éleveurs vont répercuter le surcoût dû au renchérissement record des prix de l’aliment de bétail.

La relance de l’événementiel, le tourisme et le retour des MRE vont alimenter les tensions sur les prix des moutons.

 

Par C. Jaidani

Un mois nous sépare de Aïd Al-Adha. Les préparatifs vont bon train du côté des éleveurs et des services concernés du département de tutelle pour réussir cet événement. Selon les chiffres du ministère de l’Agriculture recueillis à travers l’ONSSA, «environ 7,2 millions d’ovins et de caprins sont identifiés. Présentant un état sanitaire favorable, cet effectif est assez nombreux pour couvrir la demande estimée à environ 5,4 millions de têtes».

Plusieurs éléments devraient peser sur ce rituel cette année, notamment au niveau des prix. Tout d’abord, la sécheresse a bouleversé le programme d’investissement des éleveurs. L’aliment de bétail a connu une flambée record. «Les prix des aliments de bétail ont été multipliés par 2, voire 4 pour certains produits. Le coût de production a connu à son tour une hausse exceptionnelle comparativement aux autres années. Certes, les exploitants ont montré une certaine résilience face à cette conjoncture difficile, mais pour s’en sortir, ils n’ont d’autre choix que de répercuter cette hausse sur les prix à la consommation, sinon ils vont vendre à perte. Il faut donc s’attendre à une hausse entre 20 et 30%», souligne Abderrahmane Mejdoubi, président de l’Association nationale ovine et caprine (ANOC).

Le risque de la hausse des prix pourrait être aggravé, à en croire les informations recueillies du côté des groupes d’éleveurs sur les réseaux sociaux. Une partie des exploitants n’a pas jugé opportun d’investir pour Aïd Al-Adha à cause de cette flambée. D’autres ont réduit l’effectif de leur cheptel. Il faut rappeler que la phase d’engraissement dure entre trois et six mois selon les régions, l’âge des bêtes, la période séparant l’agnelage et l’aïd. A cause de la faiblesse des parcours naturels, cette année les éleveurs étaient contraints de procéder aux opérations d’engraissement plus vite que prévu. Du coup, les charges ont augmenté sensiblement. D’autres frais devraient renchérir les prix des bêtes, notamment le transport.

En outre, il faut noter que la demande de viande ovine s’est s’inscrite dans un trend haussier à cause notamment de la levée des restrictions sanitaires qui ont permis de relancer le secteur de l’évènementiel et du tourisme. Après deux années d’absence, l’arrivée des MRE, dont le nombre est estimé à 3 millions de personnes, devrait accentuer cette demande. «Généralement, j’achète un mouton juste après le Ramadan à un prix oscillant entre 2.500 et 3.000 DH chez un fermier auquel je suis resté fidèle ces dix dernières années. Cette année, pour le même gabarit et la même race, il faut compter pas moins de 3.500 DH. Il y a un renchérissement évident par rapport aux autres saisons. J’ai constaté le même niveau de prix dans les autres exploitations», témoigne Larbi Ziani, un père de famille de Casablanca. 

 

Haro sur les intermédiaires !
Les intermédiaires faussent le jeu de l’offre et de la demande. Pour Aïd Al-Adha, ils ont un impact défavorable sur le marché et devraient influencer davantage les prix. Ils achètent au prix de gros auprès des éleveurs et vendent avec une marge importante dans des sites dédiés à l’occasion. Les autorités doivent intervenir à ce niveau pour lutter contre ce phénomène. La distribution et la commercialisation des bêtes destinées à l’immolation sont des points les plus critiqués par les citoyens. L’Intérieur devrait limiter l’accès aux points de vente (milieu urbain) uniquement aux animaux dûment identifiés et appartenant aux élevages enregistrés. Les garages, sites de prédilection pour les intermédiaires, ne doivent pas obtenir l’autorisation nécessaire pour exercer ce genre de commerce.

 

 

 

 

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