Hausse entre 20 et 30% constatée dans les souks.
Effets limités des mesures prises pour maîtriser la spéculation.
Par C.Jaidani
A en croire les chiffres publiés par le ministère de l’Agriculture, l’offre de bêtes destinées à Aïd Al-Adha est suffisante pour couvrir la demande. La tutelle a annoncé dernièrement que les disponibilités sont estimées à 7,8 millions de têtes, dont un million de caprins, pour des besoins évalués à 6 millions. Elle a également rassuré sur l’état sanitaire du cheptel, précisant que tous les services concernés et les agents de l’ONSSA sont mobilisés pour réussir cet événement.
Mais au niveau des marchés, on constate une hausse des prix exceptionnelle par rapport à la normale, avec une augmentation comprise entre 20 et 30% confirmée tant par des citoyens que des professionnels du secteur. «En période normale, la fourchette des prix comprise entre 2.500 et 3.500 DH est la plus recherchée par les consommateurs. Actuellement, il est difficile de trouver des moutons dans cette tranche, car avec ces prix-là, il faut se contenter de bêtes de petits gabarits ou de races peu cotées sur le marché. Pour acheter un bon mouton de type sardi, il faut compter pas moins de 4.000 DH», souligne Mohamed Maskini, marchand de bétail.
«La sécheresse explique en grande partie cette hausse. Le coût de production n’a cessé de progresser pour atteindre des records. Pratiquement, tous les intrants ont connu une augmentation, à commencer par le carburant. Les prix de l’alimentation de bétail se sont, eux aussi, inscrits depuis des années dans un trend haussier», précise-t-il.
Des voix s’élèvent pour dénoncer cette flambée des prix, invitant les autorités compétentes à prendre les mesures nécessaires. Dans une question orale à la Chambre des représentants adressée au ministre de l’Agriculture, le député Moulay Mahdi El Fatimi, de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), a relevé que «la hausse des prix des moutons est fortement redoutée par les Marocains, particulièrement les couches défavorisées qui subissent déjà l’impact d’une inflation dont les effets semblent toujours persistants».
Il a évoqué les mesures prises par le gouvernement qui ont une portée limitée, notamment pour ce qui est de la lutte contre la spéculation, l’organisation des souks dans le monde rural et la distribution. Pour El Fatimi, «les importations de moutons n’ont pas donné l’effet escompté, sachant qu’elles ont englouti une somme colossale sous forme de subventions et aussi en devises vers l’étranger. J’ai beaucoup de réserves sur les chiffres avancés par le ministère de l’Agriculture quant aux disponibilités des bêtes destinées à l’immolation. Car comment expliquer qu’il existe un excédent de l’offre alors que les prix sont en forte hausse. Ces dernières années, nous avons vécu le même scénario. Les citoyens à revenu contenu arrivent difficilement à observer le rituel de l’Aid. Certes, la sécheresse a tiré les prix vers le haut, mais il est possible de les maîtriser à travers l’application de certaines dispositions».
Rappelons que le gouvernement a décidé d’encourager les importations en accordant une prime de 500 DH/tête. 300.000 têtes ont déjà été importées et il est prévu d’en rajouter 300.000 autres dans les jours à venir. Mais cette quantité sera-t-elle suffisante pour faire baisser les prix, sachant qu’elle ne représente que 10% seulement des besoins ?
Outre l’approvisionnement des marchés en quantités suffisantes, il est primordial de revoir les circuits de distribution et de renforcer le contrôle afin de barrer la route aux spéculateurs, qui faussent sérieusement la loi de l’offre et de la demande.