La fin du Millenium Challenge Account Morocco (MCAMorocco) et de son programme Compact II a été célébrée en grande pompe, récemment à Rabat, sous la présidence conjointe du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, et de la présidente-Directrice générale de la Millenium Challenge Corporation (MCC), Alice Albright, en présence de plusieurs ministres et de personnalités des secteurs public et privé.

C’était l’occasion pour le chef du gouvernement de témoigner de la singularité de ce programme de coopération qu’il a qualifié de «l’un des meilleurs que le Maroc a conclus en matière de renforcement de son capital humain et d’impact direct sur sa population». Abondant dans le même sens, la PDG de MCC a déclaré que «depuis le début de notre partenariat avec le Maroc, la MCC a investi plus d'un milliard de dollars américains, l'investissement le plus important de l'agence. Et cet investissement a amélioré la vie de plus de deux millions de Marocains, et c'est tout l'intérêt de cette coopération». Le Compact II, second et dernier programme de MCC, a été doté d'une enveloppe de 460 millions de dollars par MCC et d’une contribution du gouvernement marocain de plus de 120 millions de dollars.

Le Compact II réalisé à hauteur de 95%

Selon la Directrice générale du MCA-Morocco, Malika Lasri, le volet «éducation et formation pour l’employabilité» du Compact II a été doté  d’un budget de 226,3 millions de dollars. Ainsi, 90 établissements scolaires regroupant 623.050 élèves ont bénéficié d’une réhabilitation et/ou d’un équipement. Dans le volet «productivité du foncier», où 171,2 millions de dollars ont été mobilisés, 204.576 bénéficiaires ont été recensés. Grâce à toutes ces interventions, «le Compact II a été réalisé à hauteur de 95%». Rappelons que les deux volets du Compact II étaient chacun composés de trois activités. Celui sur l’«éducation et formation pour l’employabilité» comportait «l’éducation secondaire», «la formation professionnelle» et l’emploi».

Tandis que l’autre sur la «productivité du foncier» portait sur la «gouvernance du foncier», le «foncier industriel» et le «foncier rural». Sur l’activité «emploi», par exemple, sept actions ont été réalisées, dont la mise en place d’une plateforme digitale d’information sur le marché du travail, basée sur les big data et l’intelligence artificielle. Plusieurs études, analyses et enquêtes ont été réalisées pour mieux appréhender et éclairer les problématiques complexes de l’offre et de la demande de travail.

Un programme d’emploi pilote a été déployé via un financement basé sur les résultats (FBR), qui a permis la formation de 5.095 jeunes et femmes, dont 1.964 ont été insérés dans des entreprises du secteur privé et 891 maintenus en emploi pendant plus de six mois. De même, l’INDH et l’Anapec ont été accompagnées en matière d’adoption d’outils et de mécanismes FBR pour améliorer la performance des programmes d’emploi en vigueur. Des formations ont été organisées et des travaux de recherche en évaluation d’impact des programmes sociaux par J-PAL du MIT au profit de plus de 150 hauts responsables ont été également réalisés. Un programme de formation de la Harvard Kennedy School sur l’utilisation des preuves au profit des doctorants et étudiants du master de 4 universités marocaines a été aussi déployé. Ceci sans oublier l’appui apporté au ministère en charge de l’Emploi pour l'organisation de la 6ème édition du Trophée de l’égalité professionnelle.

Fonzid II : déjà 60 projets reçus

L’activité «gouvernance du foncier» a permis l’accompagnement du gouvernement dans l’élaboration de la stratégie foncière nationale et la mise en œuvre de cinq de ses actions prioritaires. Il y a eu notamment la conception du dispositif de portage de la stratégie et de renforcement de la coordination stratégique en matière de gouvernance foncière, et la préparation de la mise en place du projet de texte juridique.

A cela s’ajoutent la formulation de recommandations pour la réforme du régime de l’indivision immobilière, la préparation du projet de texte juridique de réforme du régime de la superficie minimum d’exploitation (SME), la conception du système d’information intégré du cadastre économique multi-usages (SI-CAD-ECO), et la préparation du déploiement du master plan et du projet de texte régissant le cadastre économique multi-usages. Parallèlement à ces diverses avancées, l’amélioration de l’accès des femmes au foncier a été marquée par la mise en place d’un Centre d’inclusion des femmes au foncier et par le déploiement d’un programme de formation et de sensibilisation autour du nouveau cadre juridique des collectivités ethniques, en s’appuyant notamment sur la plateforme de formation électronique et l’application mobile développées.

Bref, le MCA-Morocco ferme définitivement le 31 mars courant. Et si rien n’est fait, toutes ces activités du Compact II, qui doivent être pérennisées, risquent tout bonnement et simplement de s’arrêter. Or, comme l’a rappelé Carrie Monahan, Directrice résidente de MCC au Maroc, lors de la cérémonie de clôture, «le gouvernement marocain devra mettre tout en œuvre pour assurer la pérennité du programme qui a des effets bénéfiques réels sur l’économie marocaine». La patronne de MCC au Maroc semble entendue, au moins par le ministère de l’Industrie et du Commerce. L’équipe de Ryad Mezzour a en effet lancé depuis le 1er février dernier un appel à projets pour le démarrage du Fonzid II (Fonds des zones industrielles durables) qui a reçu 60 projets au 16 mars, alors que la date limite de soumission court jusqu’au 31 mai prochain.

Pour sa première année, le Fonzid II est doté d’un budget de 150 millions de DH. Il appuiera les projets de création et d’extension de zones industrielles à hauteur d’une subvention individuelle de 25 millions de DH, tandis que les zones industrielles en réhabilitation auront droit à 15 millions de DH. Soulignons que le Fonzid I a apporté son appui à neuf projets totalisant un investissement de 80 millions de dollars, dont une contribution des porteurs de projets de l’ordre de 46 millions de dollars. L’investissement réalisé a permis de mettre en place une offre foncière de 100 ha viabilisés et équipés, 71 bâtiments industriels d’une superficie totale de 47.000 m2 et des bâtiments s’étendant sur une superficie totale de 20.000 m2 dédiés aux services offerts aux entreprises et aux employés (guichets uniques, business centers, restauration, service de santé, transports, espaces de formation et de recherche d’emploi, crèches). Il devra générer à terme 57.000 opportunités d’emploi.