La baisse des récoltes devrait impacter davantage le revenu des exploitants.
Le coût des moissons s’inscrit dans un trend haussier.
Par C. Jaidani
L es récoltes ont démarré pour les céréales dans plusieurs régions du Royaume, notamment celles situées dans le sud, à l’image de Souss, Massa Draa, Chiadma, Chichaoua et Al Haouz. Les propriétaires des moissonneuses-batteuses, les balloteuses et autres équipements dédiés à l’opération ont commencé la saison par ces régions, avant de continuer progressivement vers le nord du Royaume pour atteindre d’autres régions, et principalement la Chaouia connue comme le grenier du Maroc.
Si l’on en croit les informations relayées dernièrement par Bank Al-Maghrib, la campagne agricole 2022/2023 serait très moyenne, avec des récoltes limitées à seulement 55 millions de quintaux, soit moins que les prévisions fixées par le gouvernement dans la Loi de Finances 2023, qui tablait sur 75 millions de quintaux.
«Les exploitants misaient beaucoup sur cette saison pour combler le manque à gagner enregistré lors de la campagne précédente. Mais les récoltes ne devraient pas être assez abondantes cette année. Les fellahs devront faire face à un renchérissement sans précédent des intrants et d’autres charges d’exploitation. Le coût de production n’a cessé de progresser pour des recettes qui restent quasi stables. Du coup, les marges bénéficiaires seront fortement impactées», explique Mohamed Bentaki, président d’une coopérative dans la région de Benslimane. Pour leur part, les propriétaires d’engins agricoles ont manifesté leurs inquiétudes quant aux conditions difficiles que traverse le secteur.
«Lors des saisons pluvieuses, nous étions très sollicités pour les moissons. Nous pouvions augmenter les prix et obtenir des avantages en nature. Nous travaillions jusqu’à 5 mois, ce qui n’est pas le cas pour l’actuelle saison où la durée de notre travail est limitée à trois mois seulement. Nous sommes obligés de contenir les tarifs de nos prestations. Pourtant, nos charges ont nettement augmenté, particulièrement le carburant et l’entretien de nos machines. Nous rencontrons également beaucoup de difficultés pour trouver de la main-d’œuvre, car nombreux sont les ouvriers qui optent pour des emplois moins pénibles et plus rémunérateurs dans les villes», témoigne Abdellah Rahmani, propriétaire d’une moissonneuse-batteuse.
Il faut rappeler que le parc des engins agricoles au Maroc est impacté par un vieillissement remarqué des machines, dont la plupart sont importées d’occasion. Le secteur subit aussi les conséquences de la sécheresse qui a réduit sensiblement les ventes. La dernière disposition de la Loi de Finances 2023 introduisant la TVA sur ces machines a compliqué davantage la situation, provoquant l’ire des professionnels. Outre les céréales, les autres filières agricoles ont été fortement perturbées par le manque de pluies, particulièrement les cultures printanières.