Le point avec Anas Doukkali, Directeur général de l’Anapec, sur le rôle joué par ses agences dans le processus d’émergence industrielle de la région du Nord.
Finances News Hebdo : Tout d’abord, que pensez-vous du sujet choisi pour cette 2ème édition du Colloque international des ressources humaines ?
Anas Doukkali : Le sujet choisi par les organisateurs est fort intéressant puisqu’il traite d’une question cruciale, celle de l’évolution des métiers. Une question importante, qui nous interpelle en tant qu’opérateur chargé de l’amélioration de l’employabilité des jeunes pour répondre à l’adéquation entre l’emploi et les compétences. Une question s’impose : cette évolution est-elle maîtrisée ? Il faut savoir qu’elle dépend de plusieurs facteurs. D’abord, la politique industrielle du Maroc, qui s’oriente vers certains secteurs émergents, notamment l’automobile et l’aéronautique, avec comme objectif d’aller vers un taux d’intégration important. Ce qui implique forcément l’apparition de nouveaux métiers ainsi que la mise en oeuvre de nouvelles compétences, notamment au niveau de l’ingénieur et de la conception. Cette industrie a donc besoin de profils spécifiques et de compétences pointues. D’où la question de la formation.
F.N.H. : Comment l’Anapec accompagne-t-elle l’émergence de la région du Nord ?
A. D. : Pour ce qui est de l’Anapec au niveau de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, nous avons un focus sur la ville de Tanger parce qu’elle représente plus de 70% en termes d’insertion.
L’Anapec est donc bien implantée dans la région à travers 2 agences, qui représentent les fleurons des agences Anapec au niveau national. Nous comptons avec des compétences et des conseillers en emplois spécialisés dans l’accompagnement des entreprises, qui ont développé un savoir-faire en matière de sourcing, de sélection, d’accompagnement de chercheurs d’emploi, d’orientation, d’appui aux entreprises dans la définition de leurs besoins…
L’Anapec dispose également de compétences inégalées en matière de recrutement massif. Beaucoup de grandes entreprises arrivent avec un planning de démarrage, qui nécessite dès le lancement un nombre très important de ressources. Des ressources qu’il va falloir préparer auparavant. A noter que pour un recrutement de 200 personnes, il faut entre 1 à 2 ans d’accompagnement.
Et comme nous sommes l'opérateur chargé de la mise en oeuvre des programmes actifs de l’emploi, le passage par l’Anapec est incontournable. Une bonne partie de ces entreprises privilégient le contrat Anapec, même si le contrat formation stage ou contrat insertion ne représente que 40% des recrues dans la région de Tanger. Les 60% réstants sont recrutés en CDD ou en CDI.
F.N.H. : Qu’en est-il du volet formation ?
A. D. : Le dispositif de formation destiné au secteur émergent dans la région de Tanger est le produit-phare. La grande partie des entreprises, opérant dans le secteur automobile, font appel à ce produit. A noter que 38% des jeunes qui passent par l’Anapec sont placés dans le secteur automobile.
Un produit flexible et souple qui permet aux entreprises, dès le recrutement, de bénéficier d’une prime à l’embauche pour une formation d’intégration. Ensuite, pour la 2ème et la 3ème année, elles bénéficient d’une prime pour la formation continue, qui peut aller jusqu’à 65.000 DH pour un ingénieur (Bac+5) et de 24.000 DH pour un technicien.
F.N.H. : Quels sont les secteurs qui font le plus appel à ce service de formation dans la région ?
A. D. : Le recours à ce produit est presque automatique pour les entreprises opérant dans le secteur automobile. Sa particularité, sa souplesse qui réside dans le fait que c’est l’entreprise qui choisit les profils ainsi que l’opérateur de formation. Certaines entreprises mettent en place des établissements de formation, comme c’est le cas de l’Institut de formation aux métiers de l’industrie de l'automobile (IFMIA), qui permet d’adapter de matière continue la formation à l’évolution de ce secteur qui progresse assez rapidement.
Propos recueillis par L. Boumahrou