Culture & Société

Tous les articles

Festival: Visa for Music prend du volume !

Festival: Visa for Music prend du volume !

Du 22 au 25 novembre prochain, Rabat vibrera aux rythmes savants d’artistes émergents du paysage musical d’Afrique et du Moyen-Orient, ainsi que d’artistes de renom, grâce à Visa for Music, dont nous avons rencontré la cheville ouvrière : Brahim El Mazned.

Finances News Hebdo : A quelle fin destinez-vous Visa for Music ?

Brahim El Mazned : Je crois qu’aujourd’hui Visa for Music n’est plus un projet qui m’appartient, mais un projet qui est porté par toute une équipe et beaucoup d’artistes et d’acteurs culturels à l’échelle du continent africain. Évidemment, mon équipe et moi-même mettons toute notre énergie pour la réussite de chaque édition et pour proposer chaque année de nouvelles idées. Au regard du nombre de professionnels et d’artistes présents, cela nous nourrit et nous pousse à être plus créatifs et plus innovants.

F. N. H. : Comment l’idée de lancer un festival et marché de musique en Afrique et au Moyen-Orient vous était-elle venue ?

B. E. M. : Comme vous le savez, l’Afrique est une source extraordinaire d’esthétiques musicales, le bassin des musiques du monde. Elle a inspiré des musiques à l’autre bout du monde, notamment dans les Caraïbes, l’Amérique du Nord et du Sud, etc. C’est un continent jeune, inspirant et en perpétuelle innovation. Le succès des expressions actuelles, comme l’afro pop, le rap etc. à l’échelle des continents en est un exemple. Malheureusement, les plateformes ou les marchés existants sont principalement dans les pays du nord et les pays occidentaux. Je parcours depuis longtemps des marchés tels que le Womex, Babelmed, APAP NYC ou encore des marchés en Europe, en Amérique latine et en Amérique du Nord, en Asie. Plusieurs pays comme l’Espagne, le Canada disposent d’au moins cinq marchés de la musique. Néanmoins, ce type d’événements est encore très rare en Afrique Cette carence nous a inspiré l’idée de créer, à Rabat, un marché qui fédère les artistes d’Afrique du Nord, d’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient, mais également des Amériques et des Caraïbes. L’Afrique et la culture africaine ne peuvent en effet être réduites à leur espace géographique. Visa for Music est un événement très jeune dont la 1ère édition a eu lieu en 2014. Il a connu d’emblée un grand succès grâce à un concept inédit au Maroc. Il est devenu un marché de l’industrie musicale d’Afrique et du Moyen-Orient. Visa for Music se veut un projet fédérateur qui accueille les artistes et les professionnels de toute l’Afrique, mais également du reste du monde afin de faire rayonner les musiques du continent et contribuer au développement de la chaine de valeur des métiers de la musique.

F. N. H. : Ce ne fut pas justement une galère, vu que les artistes et les professionnels de la filière musicale se sont montrés si accommodants. De fait, vous avez réussi votre baptême de feu. Quel sentiment aviez-vous éprouvé alors ?

B. E. M. : Effectivement, dès la première édition, ce festival et marché a connu un grand succès. La fidélité qu’ont les professionnels et artistes à l’égard de cet événement nous réjouit et confirme l’importance d’un marché de cette nature en Afrique.

F. N. H. : L’adhésion est encore plus forte cette année. L’appel à candidatures pour y participer en tant qu’artiste a recueilli un nombre record de candidatures : 1.505 (71 artistes des continents américains, 244 d’Europe, 158 d’Asie, 1 artiste d’Australie et 1.031 du continent Africain) ! Cela vous a-t-il surpris ?

B. E. M. : Je suis moi-même très surpris par le nombre de candidatures reçues : 99 pays ainsi que le Maroc, soit 100 pays, de la Corée du sud aux Caraïbes, de l’Amérique latine à l’Europe du Nord, sans oublier que les deux tiers sont issus du continent africain. On compte 1.031 artistes du continent africain. On constate une diversité de styles musicaux : musiques du monde, électro, jazz, rap mais aussi en termes de territoire et d’artistes où se réunissent artistes confirmés/ émergents.

F. N. H. : Quels sont les critères clés sur lesquels le jury se base pour sélectionner les artistes ?

B. E. M. : Le jury de Visa for Music est composé d’opérateurs culturels qui connaissent très bien le secteur de la musique et ses différents territoires, et sont respectés dans le milieu de la musique. Ils sont issus de l’Afrique anglophone, francophone, de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient et ont fait en sorte qu’il y ait un équilibre entre les territoires et esthétiques musicales et le respect du genre. Ils nous garantissent une programmation qui reflète une Afrique moderne pleine de richesses. Je suis étonné de constater que sur les marchés occidentaux, les artistes africains les plus mis en avant sont souvent associés à des références stéréotypées liées à une certaine image du continent africain (Conflits, guerre, misère etc.). Pour Visa for Music, nous cherchons surtout des artistes modernes, qui renouvellent la scène africaine. Des artistes de la diaspora, mais aussi des artistes qui ont choisi de vivre sur le continent. Tous ces artistes ont un grand rôle à jouer et nous nous battons pour leur mobilité et pour leur offrir de nouvelles opportunités.

F. N. H. : Comment Visa for Music soutient-il ces artistes au-delà du festival lui-même ? Y a-t-il des opportunités de développement de carrière ou de collaboration offertes aux participants ?

B. E. M. : L’équipe permanente veille à accompagner les artistes, à les conseiller, à organiser des ateliers, stages, formations, worskshops, bootcamps, conférences, des meetings avec des professionnels, etc. Malgré une équipe réduite, nous faisons en sorte de proposer une variété de projets visant à dynamiser la carrière des artistes pendant le festival; mais également pendant le reste de l’année nous essayons de développer des opportunités pour nos lauréats.

F. N. H. : Pouvez-vous nous parler de l’évolution de Visa for Music au cours de ces dix dernières années et des moments forts de cette décennie ?

B. E. M. : Visa for Music s’est imposé comme un rendez-vous majeur dans la belle ville de Rabat, un des rares festivals d’hiver au Maroc, qui a lieu en novembre chaque année et qui accueille des artistes et professionnels de plus de 80 pays à travers le monde. Nous célébrons ses 10 ans cette année. Comme vous savez, chaque édition connait de belles découvertes pour les professionnels et pour les publics de Visa for Music.

F. N. H. : Maintenant que le festival a atteint la maturité, changera-t-il de cap ou maintiendra-t-il celui qu’il a fixé ?

B. E. M. : Je pense que l’esprit du festival ne changera pas. Nous avons la volonté de faire grandir ce projet. Nous sommes à la recherche de partenaires pour l’imposer comme le rendez-vous majeur des industriels de la musique ici en Afrique. L’adhésion des professionnels et des partenaires nous conforte dans cette volonté.

F. N. H. : Pouvez-vous nous donner un aperçu de la programmation de cette édition 2023 ?

B. E. M. : Les premiers noms de la programmation seront annoncés à partir de mi-juillet. Mais une chose est sûre, cette édition connaitra la présence d’une quarantaine d’artistes du monde entier, et notamment du continent africain avec de très belles découvertes de musiciens, mais aussi des artistes confirmés. Le programme de Visa for Music sera composé d’une quarantaine de concerts, de formations, de panels de conférences, d’ateliers et d’expositions. Plusieurs directeurs de festivals à travers le monde sont également attendus à cette édition.

 

 

Articles qui pourraient vous intéresser

Jeudi 25 Avril 2024

La 27ème édition du Festival des Musiques Sacrées du Monde à Fès du 24 mai au 1er juin 2024

Jeudi 18 Avril 2024

Art africain: la Fondation BMCI lance l'exposition «Vogue »

Vendredi 05 Avril 2024

«Abdelhak Najib : un homme, une œuvre» aux Éditions Orion. La quête du Grand Œuvre

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux