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Un jour, une œuvre : Marx, le capital

Un jour, une œuvre : Marx, le capital

Déclaré définitivement mort, enterré sans gloire et avec fracas, Karl Marx secoue son linceul pour se réincarner en déchiffreur d’une modernité ballotée par des vents contraires.

Les sanctificateurs le comparaient à Moïse donnant à son peuple les tables de la Loi. En dépit de son apparence pileuse. Karl Max n’avait pas la fibre prophétique. Il s’énivrait de poésie jusqu’à plus soif, bichonnait sa fille, qui l’appelait Old Nick, courait la gueuse, se faisait tancer par son père Heinrich pour ses frasques.

Epicurien il était

Mais aussi homme de conviction. Quand il jouait en famille au «jeu des confessions», il avouait que le travers qu’il abhorrait était la «servilité», qu’il liait le malheur à la «soumission» et le bonheur à «lutter».

Comme la vraie gloire est forcément posthume, ce n’est qu’après sa mort, le 14 mars 1883 à Londres, que Marx atteint une renommée fulgurante.

Le Manifeste du parti communiste, longtemps tenu sous le boisseau, s’impose dès sa première édition allemande (1906) comme le bréviaire des laissés-pour-compte. Et tous les opprimés, tous les humiliés, tous les serfs, les prolétaires du monde entier adhèrent avec feu et flammes à la pensée marxienne.

Laquelle pensée imprègne la plupart des sphères du savoir, devient science des sciences, se dévoie, en chemin, jusqu’à revêtir les habits honnis par Marx d’idéologie, de dogmatisme, de culte.

La pensée marxienne : force des faibles

Sous sa bannière, des peuples secouent leurs fers, des barricades se lèvent, des rêves se tissent, des lendemains radieux se dessinent, des âmes sont fanatisées, des esprits embrigadés, des libertés mises sous clé, des rebelles embastillés, torturés, assassinés.

Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. A Marx, on a fait un enfant dans le dos prénommé marxisme, ensuite le batard s’est allié à un parti - Etat total, d’où le marxisme-léninisme qui a berné des peuples pendant des décennies avant que le vernis des apparences doucereuses ne craque et qu’il n’apparaisse sous son vrai visage : une barbarie.

Les procès de Moscou, Budapest, Prague, la place Tian’anmen, les goulags furent autant de banderilles plantées dans le dos du marxisme-léninisme. La bête agonisait mais refusait de mourir. Jusqu’en 1989, où la chute du mur de Berlin lui infligea le coup de grâce tout en confortant le triomphe du capital et du marché.

Le marxisme passait aussi à la trappe, parce qu’il était le symptôme d’un archaïsme que la sphère intellectuelle et la classe ouvrière rejetaient comme une peau neuve. Il rejoignit la décharge des idéologies obsolètes. Dès lors, il n’y eut plus de luttes de classes, plus de débats idéologiques, plus de prolétariat.

Nous sommes tous unis dans le douillet libéralisme et la fraternelle globalisation. Reste que depuis le reflux du marxisme, le monde ne s’est pas amélioré. Pis : à mesure que le capitalisme prospère et que les richesses s’accroissent, la pauvreté et la misère «s’épanouissent», engendrant des légions de «damnés de la terre».

Aussi, la pensée de Marx devient-elle de nouveau actuelle afin d’aider à déchiffrer le monde d’aujourd’hui. L’auteur du Capital ne fut-il pas le premier à percer le secret de la grande pyramide moderne, celle du capital, et à décrypter ses hiéroglyphes ? Old Nick, éclaire notre lanterne !

 

Atour de la pensée de Marx :

«Passion Marx. Les hiéroglyphes de la modernité» de Daniel Bensaïd.

«Marx démocrate. Le Manuscrit de 1843» sous la direction d’Etienne Balibar et Gérard Raulet.

«Marx. Aux origines de la pensée critique» de Dick Howard.

«Un autre Marx, après les marxismes» de Jean-Marie Vincent.

«La reproduction du capital» d’Alain Bihr.

«Dictionnaire Marx contemporain», de Jacques Bidet.

 

Par R.K.H

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