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Un jour, une œuvre : Corps féminin, un fantasme de peintre

Un jour, une œuvre : Corps féminin, un fantasme de peintre

Hurlements de douleur ou vociférations de colère ? Il y a sans doute un peu des deux chez Amal Benyoussef qui ne triche jamais, et n’hésite pas à produire quelques gribouillis souples façon confessions.

Nul doute que l’onirisme empreint de merveilleux devait trouver un écho dans les dessins prônant un rapport au monde inédit, brisant la frontière entre le rêve et la réalité.

A l’aide du gribouillage, l’artiste dresse une certaine galerie de formes qui revisite les corps dont on a souvent oublié les détails. Derrière, ils se cachent, peut-être, des femmes qui ont vécu un véritable enfer pour un quelconque amour.

Il semblerait que l’artiste s’est évertuée à gribouiller sans une recherche obsessionnelle du paroxysme, sans une sorte d’hystérie laudative emportant tout sur son passage, et d’abord toute mesure.

On voit tout, on veut voir tout, Amal Benyoussef nous mène par le bout du cœur, et c’est un bonheur.

Dépouillé de ses vêtements, le corps féminin semble dissimuler, encore mieux qu’habillé, une intimité cachée qu’on voudrait atteindre. Atteindre ou plutôt toucher. 

Il y a toujours dans l’érotisme un désir de toucher, c’est-à-dire d’atteindre par le contact la fusion amoureuse avec l’autre désiré. 

Mais le toucher, le caresser ne sont que les formes euphémisées de pulsions plus sauvages de pénétration, d’éventration, de destruction.

L’art lui-même n’est peut-être rien d’autre que l’expression euphémisée de ce désir censuré qu’il transforme en beauté.

Aimant ce corps, Amal ne se sert pas de lui pour le peindre : elle peint pour le faire advenir, l’attirer, l’aimanter. 

Être peintre, c’est vivre dans cette attraction : peindre pour que les corps viennent; peindre pour attirer à soi les corps aimés, les corps aimants.

C’est vivre un amour absolu, se l’instiller, un peu de son plein gré, comme une drogue douce.

Son art a toujours été la seule voie possible pour guérir ses troubles et maux. Peindre est sa seule façon de se garder en vie, ou à l’inverse est une fièvre qui l’accule.

Fusain sur papier, huile sur toile, technique mixte, blancs et noirs… ces «bébés» font de la monotonie un élixir de jouissance et hésitent entre l’expressionnisme abstrait finissant et un minimalisme naissant, sans choisir leur camp. 

Tout peintre poursuit un fantôme qui perpétuellement lui échappe. L’artiste bouillonne, tant il semble pouvoir y matérialiser ses rêves les plus délirants.

 

Par R.K.H

 

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