L'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture (ISESCO) a ouvert, mardi à Rabat, son forum culturel dont les débats s'intéressent aux défis culturels futurs dans le monde islamique, en présence du penseur et homme de lettres Abbès Jirari.
Au cours de cet évènement marqué par la participation d’une pléiade de personnalités du monde de la culture, M. Jirari a mis en lumière les défis auxquels fait face le monde islamique sur le front du développement, qui ne peut se réaliser sans pleine conscience de soi et sans modernisme, que les musulmans œuvrent à intégrer tout en traînant un passé glorieux qui a contribué à l’édification de la civilisation occidentale.
Dans ce sens, il a qualifié d’"équation impossible" l’attachement à un tel passé et la réappropriation du flambeau de la civilisation pour se mettre au diapason des exigences de l’époque, estimant que "la solution réside dans la conciliation entre authenticité en tant que source de fierté, et culture de modernisme que nous cherchons à embrasser".
Il a également relevé que "les penseurs et les intellectuels musulmans se prévalent de leur patrimoine ancestral sans aller jusqu'à l’analyser et le débarrasser des impuretés pour discerner le bon du mauvais", ajoutant que la même démarche devrait être suivie lorsqu'on a affaire à la modernité occidentale qui est née dans un environnement différent.
En outre, les universités du monde islamique, aussi nombreuses soient-elles, ne parviennent pas à impulser le progrès scientifique escompté qui fait la force de l’Occident, a-t-il regretté, en s’interrogeant sur le rôle de ces établissements dans le traitement des problématiques auxquelles fait face la société islamique.
Il a dans le même contexte appelé le monde islamique à cesser d’être impressionné par la civilisation occidentale et à s’ouvrir sur d’autres univers qui ne cessent de s’imposer, à l'instar de la civilisation asiatique qui, selon lui, a beaucoup à offrir aux pays musulmans.
A l’ouverture de cette rencontre, le directeur général de l’ISESCO Salim Ben Mohammed Al-Malik a affirmé que l’élite influente représente aujourd’hui un soft power en matière de culture, de pensée, de sport et d’arts, appelé à être valorisé au service des intérêts supérieurs du monde islamique et de son développement durable.
L’ISESCO est animée de la volonté de s’ouvrir sur cette époque riche en variantes, a-t-il estimé, notant les multiples défis auxquels fait face la Oumma islamique en termes d’identité, de vivre-ensemble, de lutte contre la haine, l'accès à la technologie et d'ancrage d’une culture numérique qui puise dans son histoire et sa civilisation.
Nouveau rendez-vous mensuel de l'organisation abordant des questions du monde contemporain, le forum culturel vise à offrir une plateforme et un cadre dédié aux élites intellectuelles pour échanger sur les sujets culturels intéressant le monde islamique.