En vue de perpétuer le devoir de mémoire à propos de l’esclavage et de raconter cette histoire aux enfants, le secteur des sciences sociales et humaines de l’UNESCO a lancé, en partenariat avec la maison d’édition et de production, Langages du Sud, une série de livres pour enfants éloquemment intitulée : Bintou & Issa.
Par R. K. H.
D e l’antiquité gréco-romaine à la Sierra Leone du XXème siècle, des mamelouks à la traite atlantique, les voix de plusieurs personnes furent réduites à une vie de servitude. De fait, ce passé de servitudes a laissé des traces bien au-delà du corps des esclaves.
Esope, Zhang Rhu, Abina Mansah, Nicey Pugh. Le premier, l’inventeur de la fable, a été esclave dans la Grèce du VIème siècle. Le deuxième appartenait à un Chinois lettré du XVIIème siècle. En 1876, au Ghana, Abina Mansah a engagé un procès en liberté contre son ancien maître lorsque les Britanniques ont aboli l’esclavage dans l’ancien empire ashanti. Nicey Pugh, enfin, est l’une des dernières femmes née esclave sur le sol américain.
Animalisé, exploité, disponible par principe et par définition, que reste-t-il du corps de l’esclave ?
Une (re)définition
L'histoire de l'esclavage est une histoire sans archives. Pas de traces écrites, ou si peu. Soit. Parmi les outils nécessaires à la mémoire : le livre. La littérature a parfois directement influencé la cause des abolitionnistes. Aux ÉtatsUnis, il existe même des rayons «Slave Story», tant le besoin de mémoire est important.
De fait, dans le dessein de développer le sens des valeurs chez les enfants âgés de 5 à 9 ans (comme le vivre ensemble, le respect des différences culturelles ou encore le combat contre toute forme de discrimination), le secteur des sciences sociales et humaines de l’UNESCO et Langages du Sud ont lancé une série de livres retraçant l’histoire de l’esclavage et soulignant l’impact de cette tragédie sur le monde moderne – leur monde.
L’histoire de l’esclavage y est racontée moyennant mots simples et compréhensibles. Aussi, bien que ces livres illustrés permettent d’aborder des questions brûlantes comme le racisme et les discriminations, ils mettent en lumière les résistances, les grandes figures historiques, les lieux de mémoire ainsi que le rôle joué par les femmes et l’héritage culturel et technologique lié à cette tragédie.
«Afin de déconstruire le poison du racisme, la question de la transmission aux jeunes générations est essentielle. La jeunesse doit comprendre que le racisme a commencé avec l’esclavage et que les esclaves, malgré des conditions incroyablement difficiles, ont su résister culturellement et physiquement en vue d’affirmer leur dignité en tant qu’êtres humains. Avec cette série de publications, nous voulons créer un nouveau récit pour que la nouvelle génération se libère des constructions préjudiciables du passé», martèle la sous-Directrice générale du secteur des sciences sociales et humaines de l’UNESCO, Gabriela Ramos.