Le nouveau statut unifié divise les enseignants et le gouvernement.
Résultat : Pas de reprise des cours, absence de communication et poursuite de la grève.
Entretien avec Abdelkhalek Hassini, enseignant-formateur en France, expert en développement et président de l’Association «CADOriental Europe».
Propos recueillis par Ibtissam Z.
Finances News Hebdo : Les enseignants poursuivent toujours leur grève à cause du statut unifié. En tant qu’acteur dans le domaine de l’enseignement, quelle est votre évaluation de la situation actuelle ?
Abdelkhalek Hassini : La situation actuelle au Maroc, où les enseignants se sentent lésés et pris au piège en raison du statut unifié, soulève des préoccupations légitimes quant à la résolution constructive des grèves dans les écoles publiques. Il est impératif de reconnaître le rôle capital des enseignants dans la société et leur contribution essentielle à l'éducation des générations futures. Leur demande d'améliorations salariales, motivée par des facteurs tels que le coût de la vie croissant, les charges familiales, ainsi que les conditions de travail, met en lumière des préoccupations fondamentales. Ce besoin d'une hausse salariale révèle un sentiment de négligence de la part du ministère de l'Éducation nationale, créant une dynamique complexe qui nécessite une analyse approfondie. Une évaluation minutieuse de la situation actuelle souligne l'urgence d'une résolution rapide et constructive pour garantir une reprise efficace des cours dans les écoles publiques. Cependant, il est primordial de considérer les contraintes budgétaires et les politiques éducatives en vigueur.
Les choix liés aux salaires et aux avantages des enseignants doivent être pris en considération, tout en tenant compte de l'équilibre financier du système éducatif ainsi que des ressources disponibles. Le statut unifié, initialement conçu pour instaurer l'équité, semble être à l'origine de tensions et de frustrations parmi les enseignants. Il est vital de comprendre les mécanismes spécifiques de ce statut et d'identifier les lacunes qui ont conduit à ces revendications légitimes, afin d'élaborer des solutions adaptées. La question de la communication entre le ministère de l'Éducation nationale et les enseignants doit également être abordée, car une communication transparente et efficace est la clé pour résoudre les différends. D’où la nécessité d'une approche équilibrée et concertée afin de résoudre les problèmes liés au statut unifié. Une résolution rapide et efficiente demeure impérative pour garantir une reprise sans heurts des cours dans les écoles publiques au Maroc.
F.N.H. : Le gouvernement a annoncé qu’il est disposé au dialogue dès que les syndicats et les acteurs concernés le souhaitent. Quel rôle pourrait jouer la commission ministérielle nommée par le Chef du gouvernement pour résoudre ce différend ?
A. H. : La récente déclaration du gouvernement marocain, exprimant sa volonté de dialoguer dès que les syndicats et les parties prenantes le souhaitent, offre une perspective encourageante pour la résolution des grèves dans les écoles publiques. La commission ministérielle, nommée par le chef du gouvernement, pourrait jouer un rôle central dans la recherche de solutions efficaces à ce différend complexe. Son influence pourrait s'étendre à divers aspects cruciaux. Tout d'abord, elle pourrait agir en tant que plateforme de médiation neutre, facilitant le dialogue entre les enseignants et le ministère de l'Éducation nationale. Une médiation efficace aurait le pouvoir de débloquer les négociations et de trouver des solutions mutuellement bénéfiques, favorisant ainsi la création d'un climat de confiance propice à des discussions franches. En outre, la commission pourrait être chargée d'examiner en profondeur les revendications spécifiques des enseignants, y compris la question centrale de la hausse salariale. En travaillant de concert à des réformes, elle pourrait répondre aux besoins tant des enseignants que du système éducatif dans son ensemble.
Une analyse approfondie des aspects budgétaires et des contraintes financières pourrait permettre de formuler des propositions concrètes et réalistes, favorisant ainsi un terrain d'entente entre les parties. Enfin, la transparence dans le processus de résolution est primordiale. La commission pourrait jouer un rôle de communication en assurant une diffusion claire et compréhensible des étapes entreprises pour résoudre le conflit. Cela contribuerait à instaurer la confiance entre les enseignants et les autorités, un élément essentiel pour une résolution constructive. En conclusion, la commission ministérielle a le potentiel de jouer un rôle significatif dans la recherche d'une solution aux grèves dans les écoles publiques au Maroc. En agissant en tant que médiateur, examinateur des revendications, et communicateur transparent, elle pourrait favoriser un dialogue constructif et ouvrir la voie à une reprise rapide des cours.
F.N.H. : Avec la multiplication des grèves, le sort des élèves du public demeure incertain. Quelle lecture en faites-vous ?
A. H. : La feuille de route 2022- 2026, qui ambitionne d'assurer une école publique de qualité pour tous au Maroc, se trouve actuellement mise à l'épreuve en raison de la multiplication des grèves, suscitant des inquiétudes quant à la réalisation de ses objectifs et jetant une incertitude sur le sort des élèves des écoles concernées. L'aspiration à garantir une éducation de qualité pour tous est compromise lorsque les grèves perturbent le fonctionnement régulier des écoles publiques. L'enjeu crucial réside dans la nécessité de concilier les revendications légitimes des enseignants avec l'engagement envers une éducation de qualité. Ces grèves risquent de perturber de manière significative la scolarité des élèves, mettant en péril l'efficacité de la mise en œuvre de la feuille de route. Cette situation souligne l'importance d'une résolution rapide et constructive des conflits en cours. Il est essentiel de trouver un équilibre entre la satisfaction des demandes des enseignants et la préservation de l'environnement éducatif pour les élèves. La feuille de route, en tant que guide directeur, nécessite une adaptation stratégique afin de surmonter les défis immédiats posés par les grèves. Ainsi, un dialogue constructif entre toutes les parties prenantes, incluant le ministère de l'Éducation nationale et les syndicats des enseignants, est recommandé pour trouver des solutions répondant aux besoins des enseignants tout en minimisant l'impact négatif sur les élèves. La feuille de route 2022-2026 doit être ajustée de manière stratégique pour surmonter ces défis immédiats tout en maintenant le cap vers une éducation publique de qualité pour tous.
F.N.H. : Comment peut-on parvenir à des solutions aux différentes problématiques soulevées afin de garantir une reprise rapide des cours ?
A. H. : Dans cette situation complexe où enseignants et gouvernement s'engagent dans un bras de fer prolongé, ce sont les élèves et leurs parents qui subissent les perturbations causées par des semaines de grève. Il devient donc primordial de trouver des solutions rapides aux problèmes soulevés par la grève afin de garantir une reprise des cours et d'atténuer les conséquences néfastes sur l'éducation des élèves. Le premier pas vers une résolution constructive réside dans l'établissement d'un dialogue ouvert et transparent entre toutes les parties prenantes. Une communication efficace et honnête constitue le pilier fondamental pour comprendre les préoccupations spécifiques des enseignants et du gouvernement, tout en tenant compte des inquiétudes des élèves et de leurs parents. L'instauration de tables-rondes et de discussions structurées serait un moyen optimal pour identifier les problématiques spécifiques et favoriser un travail collectif vers des solutions adaptées. Cela ouvrirait la voie à une résolution rapide des problèmes, permettant ainsi une reprise harmonieuse des cours. Il est également important d'impliquer activement les représentants des parents dans ces discussions pour garantir que leurs préoccupations et perspectives soient dûment prises en compte. Simultanément, des solutions temporaires telles que des sessions de récupération ou des programmes éducatifs spéciaux peuvent être envisagées pour minimiser l'impact sur l'apprentissage des élèves pendant la période de grève. Cependant, l'accent doit rester sur la recherche de solutions durables répondant aux préoccupations des enseignants tout en préservant la continuité de l'éducation.
Dans cette optique, la médiation neutre pourrait jouer un rôle crucial. En engageant des médiateurs qualifiés et impartiaux, on crée un espace propice à la résolution des différends. Ces professionnels peuvent faciliter les négociations, identifier les points communs et élaborer des compromis bénéfiques pour toutes les parties. Une approche médiatrice favorise également la compréhension mutuelle et renforce la confiance, des éléments cruciaux pour une résolution durable. Parallèlement, la mise en place de mécanismes de suivi et d'évaluation réguliers permet de garantir la mise en œuvre des accords conclus. Cela assure une responsabilisation continue et offre la possibilité d'ajuster les solutions en fonction de l'évolution des circonstances. L'établissement d'indicateurs de performance clairs contribue à mesurer les progrès réalisés et à maintenir l'élan vers une reprise rapide des cours.
En outre, investir dans l'amélioration des conditions de travail des enseignants et dans les infrastructures éducatives peut contribuer à résoudre certaines des problématiques sous-jacentes. En créant un environnement propice à l'enseignement et à l'apprentissage, on favorise non seulement la résolution des conflits actuels, mais on renforce également le système éducatif dans son ensemble. En somme, la crise éducative actuelle au Maroc exige une action immédiate pour préserver l'avenir éducatif des élèves. Pour parvenir à une résolution constructive des grèves dans les écoles publiques, une approche multidimensionnelle s'avère cruciale. Cela inclut la promotion d'un dialogue ouvert entre les parties prenantes, l'exploration de solutions alternatives, l'utilisation de mécanismes de médiation efficaces et la mise en place réfléchie de solutions temporaires. En priorisant l'éducation, nous pouvons envisager une reprise rapide des cours, tout en traitant cette crise de manière constructive. Il est impératif de considérer les besoins des élèves et des parents, tout en répondant aux revendications justes des enseignants. Cela nécessite une action concertée, une vision prospective et des initiatives innovantes pour garantir un système éducatif solide et résilient.