Noureddine Ayouch, président de la Fondation des arts vivants
Casablanca abritera du 22 mars au 1er avril le Festival international théâtre et culture.
Noureddine Ayouch nous en dit plus sur la riche programmation de cette 14ème édition.
Propos recueillis par Lilia Habboul
Finances News Hebdo : Quelle est la particularité de cette édition ?
Noureddine Ayouch : Chaque édition est différente des autres, puisque ce sont de nouvelles pièces qui sont tout à fait distinctes. Cette année, nous avons choisi des auteurs très connus et des thématiques importantes, notamment une nouvelle sur le racisme représentée à travers une pièce qui s’appelle «Sur la route». Celle-ci traite de l’assassinat d’une Subsaharienne aux Etats-Unis par un policier. Un thème qui avait d’ailleurs fait beaucoup de bruits il y a quelques années et qui avait soulevé des manifestations populaires. Cette pièce est jouée par trois actrices subsahariennes, chacune raconte une partie de la vie et de ce qui est arrivé à cette femme. La deuxième pièce qui s’intitule «J’entrerais dans ton silence», traite de l’autisme. Cette «maladie» qui touche certains jeunes, a la particularité de les enfermer sur eux-mêmes et sont donc condamnés dans leurs vies. C’est d’ailleurs une thématique qui est traitée avec beaucoup de profondeur par des comédiens excellents. Un autre sujet traitera de l’histoire d’amour entre les philosophes Martin Heidegger et Hannah Arendt. D’autres pièces drôles notamment «Vive la vie» qui fera l’ouverture au Studio des arts vivants, regroupant musique, chant et danse.
Nous n’avons pas oublié les enfants, en leur consacrant deux pièces de théâtre sympathiques : «A tes souhaits» et «Tout Molière ou presque» notamment à l’institut français.
La scène marocaine a été favorisée cette année, puisque trois pièces seront jouées, dont une de Sidi Abderrahmane El Mejdoub, qui reste le grand chef-d’œuvre de Tayeb Saddiki.
F.N.H. : Comment voyez-vous l’émergence du théâtre au Maroc ?
N. A. : Nous y travaillons depuis 15 ans, date de création en 2004 du Festival, d’abord par la formation, puisque nous formons tous les mois et tous les ans, des centaines d’enfants afin de les initier au théâtre dès leur plus jeune âge et également des adultes pour qu’ils aiment le théâtre. Nous lançons aussi des formations à travers les associations, dont un partenariat avec l’Union européenne intitulé «Tous au théâtre». Cela nous a permis de former des troupes dans les quartiers populaires notamment pour les théâtres populaires. Après chaque représentation, un débat s’instaure avec le public pour qu’il s’intéresse et pose des questions sur le théâtre et sur les thématiques proposées avec les comédiens, le metteur en scène et parfois l’auteur.
Ce que nous faisons ne suffit pas, il faut que le gouvernement et l’Etat s’occupent eux aussi du théâtre marocain car il a été ignoré. Tayeb Seddiki n’est plus là, Ahmed Taïeb El Alj non plus, Aid Mouhoub, un comédien très connu non plus, que Dieu ait leurs âmes.
Certains artistes sont dans le besoin, nous essayons de leur rendre hommage, en leur venant en aide financièrement. Chaque année, deux comédiens ignorés, qui ne jouent plus ou qui sont vieux ou fatigués reçoivent notre aide. Cette année, nous rendons hommage à Abdelkader Motaâ et Malika El Omari. ◆